L'action de cycloter consiste à se déplacer à un rythme qui donne du sens au voyage et du plaisir à nos sens.
Mai 2018
90 jours
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3980

Bon d'accord, c'est un peu simpliste comme titre d'article mais.... c'est vous qui l'avez proposé, rappelez vous les petits papiers que vous avez écrit, alors moi je le place et tac!

Je vous avais quitté à Zumba où il restait une petite étape pour sortir de l'Equateur, mais pas piqué des vers la petite étape, avec 100% de piste et des pentes à faire pâlir les montagnes russes. Ajoutez à ça un bon soleil bien chaud et ça donne un cocktail avec des litres de transpiration.

Ça démarre tranquille sur une jolie piste avec pas mal d'ombre, alors on fait le malin en faisant péter le tee-shirt 
En plus je suis rassuré les cantonniers font du bon boulot 
Et d'un coup ça devient moins rigolo. C'est bien la route qui mène à la frontière?
Rappelez vous après une rivière il y a toujours une montée, celle ci me punira sur 2km. C'est pas toujours les vacances.
Et enfin la frontière, tu passes sous la barrière et hop c'est réglé. 

D'accord j'exagère tu fais tamponner ton passeport et tu as droit à un visa de 150 jours. Ce ne sera pas de trop pour traverser ce pays dont tous les cyclos ont peur. Effectivement je prends la mesure tout de suite en enchainant plusieurs étapes à gros dénivelé; 1440D+,1500D+,1106D+,1635D+. En réalité je fixe les étapes dans les villes où je suis sur d'avoir une connexion internet afin de suivre les sélections de Canoë Kayak pour les championnats du monde qui coïncident avec mon entrée au Pérou et parfois ça fait beaucoup de km et pas mal de dénivelé.

Ravitaillement au marché en partant de San Ignacio puis deuxième petit déjeuner en route

De San Ignacio à Jaen c'est une étape de 115km qui démarre par une descente de 700 mètres pour nous mener (Paulette et moi), dans la vallée du rio Chinchipe que l'on suivra jusqu'a Jaen à seulement 500 mètres d'altitude. Autant dire que la végétation change avec une prépondérance pour les rizières tout le long de la vallée.

Beaucoup de rizières dans la bas de la vallée du rio Chinchipe et parfois quelques passages encaissés dans des gorges

J'ai prévu de rester quelques jours à Jaen pour refaire une jeunesse à Paulette chez Miguel warmshower et mécanicien vélo, et comme c'est mon jour de chance je trouve chez Miguel, Vincent et Sophie un couple de voyageurs partis d'Ushuaia avec leurs VTT, destination le Canada. Jeunes, rouleurs émérites, sympas, deux jours de grand plaisir à échanger de mille choses avec eux, se préparer de petits plats (primordial chez le voyageur), ou de bons restos. Après des journées de solitude, que ça fait du bien!!

Chez Mabel la soeur de Miguel pour une pasta bolognaise party mémorable
Un coup de moto taxi pour aller goûter la spécialité du coin; Le cuy asado, une sorte de cochon d'Inde grillé. 

Ensuite il est temps de s'occuper de Paulette. Les dernières étapes de piste ont laissé des traces sur la monture et chez le cavalier. Pour la monture une vis de porte bagage cassée dans le cadre, des tonnes de poussière dans le dérailleur et des patins HS. Le cavalier, après le test des pentes à plus de 12% va passer carrément sur du 22/36 avec un changement de cassette à 9 pignons et une nouvelle chaîne.

Avec Mabel devant la boutique El Ciclista et Miguel qui refait Paulette à neuf

En cherchant un mécano pour sortir la vis du cadre je tombe sur un journaliste de Radio Jaen qui m'invite illico pour l'émission sportive du lendemain.

C'est pas France Inter mais intéressant tout de même 

Après Jaen arrive le temps de l'indécision sur l'itinéraire à suivre. J'ai le choix entre la montagne ou la côte. Le premier a pour lui de beaux paysages et la fraîcheur, mais je sais qu'il y aura du dénivelé et surtout on m'a prédit des pentes très fortes sur de la piste pas terrible. Sur la côte je vais trouver la chaleur et peut être du vent, les étapes seront bien monotones, mais je vais avancer pour le rendez vous avec Janine mi juin. J'hésiterais jusqu'au dernier croisement pour finalement opter raisonnablement, mais un peu à regret pour la côte. Mais il faut croire que ma bonne étoile ne me lâche pas durant ce voyage parce que 5 jours après j'apprendrais aux infos que le secteur où j'avais prévu de passer est ravagé par des pluies diluviennes et des inondations catastrophiques, avec routes coupées et maisons emportées.

Pour atteindre la côte il me faudra quatre étapes en passant par Pucara, Hualapampa, Motupe et enfin Chiclayo, en remontant la vallée du rio Chamaya avant de traverser de nouveau une cordillère pour plonger vers Chiclayo et la côte. En gros que de bonnes étapes avec du dénivelé et de la chaleur avant de trouver le plat.

En remontant le rio Chamaya on retrouve les rizières dans l'ancien lit
Plus haut dans la vallée les paysages deviennent de plus en plus arides et il fait de plus en plus chaud 
 Petite pause casse croûte à l'ombre indispensable
Finalement à 42 degrés sur le vélo je trouve enfin le coin idéal pour un petit bain 

Finalement je suis bien content d'arriver à Hualapampa où j'ai prévu de passer la nuit, au pied du col qui doit me mener à 2200 mètres le lendemain. Mais ce joli nom qui m'inspirait tant me propose un village fantôme avec un accueil des plus froids malgré la température ambiante. Pas de panique, je me charge de 6 litres d'eau pour assurer le bivouac et j'attaque la montée. Deux heures plus tard je trouve à 4 km du col le bon spot pour s’arrêter.

Une jolie montée avec de moins en moins de végétation 
Et un spot de bivouac parfait 
Avec mon fan club s'il vous plaît 
Le lendemain arrivé au col c'est le grand plongeon avec 30km de descente 

Une fois à 200 mètres la route jusqu'à Chiclayo n'a vraiment aucun intérêt si ce n'est d'observer le peu de de soin que le Péruvien prend pour son pays avec des kilomètres d'ordures le long de la route. Heureusement j'ai prévu des étapes chez deux supers warmshowers avec les quels je passerais de très bons moments. A Chiclayo John ne rêve que de partir en voyage et à récupéré un maximum d'informations pour sa préparation. De son côté il a travaillé jusqu’à tard dans la nuit pour booster mon ordinateur.

Avec John et Sonia, voyage, informatique et cuisine à gogo. Muchas gracias amigos. 

A Guadalupe, Roberto de la Posada Azul est un acharnée des réseaux sociaux et un suiveur de voyageurs presque à plein temps, mais c'est aussi un hôte exceptionnel toujours attentif à nos besoins.

Vous ne pouvez pas louper la Posada Azul si vous passez au Pérou. Gracias Roberto. 

La remontée sur la Cordillère aura lieu dans quelques étapes mais nous en reparlerons plus tard.

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4439

On s'était quittés à Guadalupe où j'avais un peu éludé les moments passés avec John et Roberto, alors je repose quelques photos.

Balades dans la ville et restos avec John et Sonia 
Une bonne pasta party avec Roberto 
Et un gros coup de coeur pour ce magnifique Ford Pick Up de 1956 

En partant de chez Roberto en la Casa Azul de Guadalupe je fais la tronche. Non rien de grave, je ne ressens pas de lassitude et j'ai toujours le moral gonflé à bloc. Mais je suis parti tard parce que cet incorrigible bavard a encore voulu faire une vidéo, il fait déjà chaud, je sais que la route jusqu'à Paijan n'aura aucun intérêt et en plus j'ai le vent dans le nez. Bref ! 95km à faire dans le seul but d'avancer et avec des mauvaises conditions, le pire qu'il puisse y avoir. Après 10km je me suis bien rapproché de la côte et le soleil chauffe plus fort. Des conditions parfaites pour qu’Éole s'en donne à cœur joie. Ça décoiffe sévère et je vous assure ce n'est pas la vitesse, je suis debout sur les pédales et je n'avance pas un cachou. A 5km de Pacasmayo, village de bord de mer réputé pour son spot de surf, je sais déjà que je n'irais pas plus loin. Aujourd'hui ce sera juste 23km mais on n'est pas des forçats.

Je ne verrai pas le spot de surf trop loin du village, mais sympa de découvrir le pacifique 

Du coup le lendemain je décide de récupérer l'étape perdue et pousser jusqu'à Trujillo. 115km et 400D+, si le vent se tient tranquille ça le fait.

Comme prévu il n'y a rien à voir que de longues lignes droites dans un désert de sable 

A 15km de Trujillo, à la pause déjeuner je jette un œil sur la carte et repère une petite route qui mène à Huanchaco, un village en bord de mer. Ça fait un détour mais comme ça ne me dit rien de me poser dans une très grande ville je tente le coup. Surprise, je découvre encore un super spot de surf et une agréable ville balnéaire.

Joli bord de mer avec profusion d'embarcations traditionnelles "Los caballitos de totora" 

Et comme une surprise ne vient jamais seule je tombe, à peine arrivé, sur un groupe de kayakistes en pleine compétition de wave ski. Bien tenté d'aller taquiner la vague mais bien crevé aussi de l'étape, je repousse au lendemain l'invitation qui m'est proposé. Occasion manqué parce que je ne trouverai personne le lendemain sur le site. Quant aux Caballitos de totora ça ne me disait vraiment rien de surfer avec un 35 tonnes.

Sur America open de wave ski, dommage le lendemain les vagues étaient beaucoup, mais beaucoup plus grosses 
Hostal Mandala face à la mer, le rêve 
 Ça équilibre avec les nuits dans ce type d'hospedaje

Après Huanchaco il ne me reste plus que deux étapes pour changer ma trajectoire direction la Sierra.

Deuxième crevaison du voyage au bord de la Panam 
Côté paysages c'est un peu mieux avec de jolis massifs couleur ocre 
Mais toujours des lignes droites interminables 

A partir de Santa je remonte la rivière du même nom et je respire enfin. Plus de panaméricaine, plus de camions, plus de lignes droites, plus de klaxons (enfin moins, faut pas pousser quand même). Je roule dans une large vallée qui se resserre au fur et à mesure que je remonte. En bas une grosse rivière roule ses eaux grisâtres, avec des passages à faire baver tous les écumeurs de rivière de France et de Bigorre. En arrivant vers Chuquicara je me sens tout petit au pied de ces géants de roche et de terre, pelés, où pour seule végétation je trouve les premiers cactus.

Enfin ce que j'aime aride et sauvage, le top! 

Après 67km j'arrive à Chuquicara à midi, frais dispo, mais après ce village fantôme il faut remonter 50km pour trouver un semblant d'hébergement, et comme les mosquitos sont plus que voraces je décline le bivouac. Chuquicara c'est....comment dire, une route et quatre bicoques de chaque côté au milieu de rien. Il manque juste le saloon pour se croire en plein western.

Chuquicara et mon palace pour la nuit 

Le lendemain commence la vraie Sierra dès la sortie de Chuquicara. Je suis tout intimidé au petit matin de rouler au pied de ces géants aux couleurs tantôt chaudes et fascinantes, tantôt sombres et inquiétantes, qui me surplombent de leurs 3500m et qui tombent à pic dans la rivière. Cinq heures de vélo à prendre des claques de dame nature, avec de nombreuses pauses photos ou simplement pour admirer et profiter du moment présent. Ça fait maintenant trois semaines que je suis dans le pays et je prends conscience en résumant un peu, que le Pérou c'est la nature à l'état brut, la rusticité dans les villages, et la froideur de ses habitants. Le Péruvien est moins ouvert que l’Équatorien et beaucoup moins que le Colombien. On sent qu'il veut garder une distance avec El Gringo. Est ce de l'indifférence, de la timidité ou de la fierté?

A notre passage les Hola Gringo fusent régulièrement. Un jour j'ai demandé à une personne la raison de son interpellation en lui expliquant que nous la recevions comme une exclamation un peu péjorative et moqueuse. Il m'a assuré que ce n'est pas du tout ça, mais tout simplement pour dire bonjour à une personne de peau claire. Alors je lui ai demandé ce qu'il penserait en se promenant en Europe si on lui lançait des Hola Indigeno. Ses yeux se sont arrondis, d'abord parce que l'idée d'aller en Europe ne l'a jamais effleuré, ensuite il me l'a avoué, parce que la remarque lui faisait voir les choses différemment. Plus tard on m'expliquera qu'il s’agirait plus de cacher un complexe envers l'occidental.


Impressionné par tant de nature brute   

Le lendemain après avoir fait étape au hameau Nueva Esperanza dans un hospedaje du même type que la veille en pire, je suis prêt à enchaîner sur le fameux Canyon del Pato et ses multiples tunnels dont tout le monde parle.

Prêt pour le Canyon del Pato 

C'est parti pour un enchaînement de tunnels, de gorges et de cascades sur 20km.

Faut pas s'endormir ici il n'y a pas de filet 
Le début de la traversée manquait un peu de lumière à cause de l'heure matinale 
Pour une fois qu'on me voit pédaler 

Bon j'irai pas jusqu’à dire que ça casse pas trois pattes à un canard mais franchement j'ai préféré les majestueux paysages de la veille. Ensuite direction Caraz, où j'ai hâte de me poser pour profiter un peu d'une vraie ville.

Et oui le Pérou c'est encore autre chose que ce que j'avais vu jusqu'à présent 

Quand on est à Caraz on ne peut pas louper la lagune de Paron, c'est le joyau de la ville et affiché partout. Elle est perchée à 4200 mètres dans le parc national de Huascaran à une vingtaine de kilomètres à faire, moitié en collectivo, moitié en randonnée. Donc je décide de laisser Paulette au repos à l'hostal pour aller passer une petite nuit en refuge au bord de la lagune, entourée des Nevados de la Cordillera Blanca. En suivant je fais la rencontre de Luis et Anisa, un couple de cyclo voyageurs qui font exactement la même route que moi en prenant leur temps. Ils sont partis de Santa Marta comme moi, et ça fait 10 mois qu'ils voyagent. Luis est dessinateur peintre et son carnet de voyage est un vrai chef d'œuvre. Anisa de son côté s’occupe de la photo et des vidéos. Ils s’arrêtent de temps en temps dans les villes pour faire des expos, vendent quelques aquarelles et repartent. Et comme la connexion entre voyageurs se fait immédiatement nous décidons de monter ensemble à Paron.

Luis et Anisa encore une belle rencontre avec des cyclos voyageurs 
Superbe verrou glaciaire en montant vers la lagune
Belle émotion en découvrant la lagune avec le Nevado La Pyramide dans son axe  
Le Huandoy 6160 mètres au soleil couchant

Après une dizaine de jours au niveau de la mer, je subis durant toute la nuit le manque d'acclimatation avec une belle migraine. Nous décollons malgré tout le lendemain à 6h, et montons sur la moraine du glacier 150 mètres plus haut pour assister au lever du soleil. Durant deux heures nous profiterons du spectacle pendant que Luis taquine le crayon et le pinceau.

Un grand moment de sérénité 
Pendant que d'autres travaillent 
Ensuite un petit café en bonne compagnie avec des Toulousains qui voyagent en camping car 
Puis une petite marche au fond de la lagune pour aller voir de plus près un autre glacier 
Il faut en prendre plein les yeux une dernière fois avant de redescendre à Caraz 

Dans trois jours mission Cordillère Blanche à vélo en mode commando, avec la Punta Olimpica 4890 m au programme.

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4689

La Cordillera Blanca c'est un massif de nevados parallèle à la N3 qui s'étire de Caraz à Catac en passant par Yungay, Carhuaz et Huaraz. Chez les cyclo voyageurs il est convenu de "s'offrir" une boucle dans ce massif, pour le fun et la beauté des paysages, parce que coté avancement on fait carrément du sur place. Celle que j'avais prévu était plutôt raisonnable et contournait le massif tout en passant par La Punta Olimpica 4890m, qui est l'un des principaux passages en altitude. En sortant de Caraz où nous avons passé quelques jours, Luis et Anisa avec lesquels j'ai prévu de faire un bout de route, m'annoncent que la leur passe au cœur du parc national de Huascaran. Elle est beaucoup plus exigeante sur le plan des dénivelés, mais aussi beaucoup plus prometteuse en termes de paysages et d'engagement, avec plusieurs bivouacs au dessus de 4000m. Leur choix ambitieux me laisse un peu perplexe parce que Anisa n'est pas une grande sportive et du coup je me demande si je ne me la joue pas un peu petit bras. Bon, j'ai 30km pour me décider avant que nos routes se séparent, il m'en faudra 15 pour changer mon plan. J'ai appris qu'en voyage on n'est jamais sur de rien.

Sur la route entre Caraz et Carhuaz nous découvrons les Névados de la Cordillère Blanche 
Toujours un peu surpris les pompistes lors de nos arrêts pour le plein du réchaud 

A Carhuaz il faut faire le plein de nourriture pour assurer quelques bivouacs, et le vide dans les sacoches pour éviter de faire souffrir Paulette dans les gros dénivelés à venir. C'est parti pour une boucle de 215 km, dont 125 km de piste et deux passages à plus de 4700m. Le premier tronçon doit nous amener à Chacas avec au programme la Punta Olimpica de front, 46km, 2100m D+ et 53m D-, autant dire tout à gauche. Mais dès la sortie de Carhuaz c'est le gros panard. Il fait beau, le revêtement est parfait et je crois voler avec une Paulette allégée de pas loin de 10kg. Les pentes ne posent aucun problème et même sur les tronçons de piste c'est du plaisir. Cette expérience me fera pas mal réfléchir sur le poids embarqué. Faut il privilégier le confort à l'étape ou sur la route ? J'ai déjà commencé à faire la liste de ce que je vais larguer.

Début de montée et traversée de hameaux sur fond de Huascaran 
Imposant le glacier 

Finalement nous ferons la montée en 2 jours en nous adaptant au rythme d'Anisa qui ne se sent pas au mieux. Au pied des lacets de l’ascension finale, à 4000m, nous trouvons un spot de bivouac parfait avec eau, bois et terrain plat bien cachés de la route.

Arrêt casse croûte à l'entrée du parc national puis remontée du plateau pour arriver au pied de l'ascension finale 
Bivouac bien tranquille entouré par les Névados qui veillent sur nous toute la nuit

Le lendemain au fur et à mesure de la montée nous en prenons plein la vue et arrivons à l'entrée du tunnel de la punta olimpica, 4734m, à une heure qui nous permet de pousser jusqu'à Chacas pour passer la nuit, mais la vraie Punta Olimpica nous chatouille. Elle est située 150 mètres plus haut et accessible par une piste abandonnée depuis la construction du tunnel. C'est décidé, nous remontons 2 lacets, plantons les tentes au milieu de la piste certains que personne ne l'empruntera, et nous sommes prêts pour nous attaquer le lendemain à une partie de bourricots, entre éboulis, coulées de neige et autres réjouissances afin d'atteindre le col.

La montée vers la punta olimpica avec vue sur le plateau où nous avons passé la nuit 
Il est temps de se décider, descente sur Chacas où nuit en altitude pour se tenter la punta olimpica par le col 
Finalement ce sera bivouac au plus près des sommets 

Au petit matin la température est plus que fraîche et je propose à Luis et Anisa une petite marche jusqu'au sommet afin de reconnaître le terrain et se réchauffer un peu. Ce que nous découvrons correspond pas mal à ce que j'imaginais. Il n'y a que 1,5km jusqu'au col mais c'est du portage quasiment tout le temps avec des éboulis et une piste totalement recouverte par la neige sur la dernière partie. Nous restons motivés malgré tout et descendons rapidement, mais juste au moment où nous finissons de démonter le camp le temps tourne brusquement et la neige fait son apparition. Nous décidons alors de jouer la prudence et nous rabattons, un peu frustrés, sur le tunnel.

J'ai eu beau prier au petit matin le terrain n'est pas vraiment favorable au vélo 
C'est pas grave, c'était un super moment en bonne compagnie 

A partir de Chacas c'est une remontée progressive jusqu'au Portachuelo de Llanganuco en passant par les villages de Sapcha et de Yanama. Ce n'est plus que de la piste au programme mais nous prenons le temps pour profiter des paysages et d'une météo qui nous est vraiment très favorable.

Bien tranquilles sur la piste et sous un beau soleil 

A Sapcha nous sommes hébergés dans la paroisse gérée par l'équipe de l'opération Mato Grosso, une ONG initié par Padre Ugo qui développe des actions contre la pauvreté dans plusieurs pays de l'Amérique du Sud et particulièrement dans cette région du Pérou. Un très bon moment au contact des habitants de ce tout petit village au milieu de la Cordillère.

Village et habitants paisibles 
Et beaucoup de curiosité de la part des enfants 
Direction Yanama sur des pistes de qualité variable et rencontre des organisateurs du Tour du Huascaran VTT en reconnaissance 

A Yanama nous faisons la connaissance de John, un cycliste américain qui terminera la boucle avec nous et qui vient de Californie uniquement pour faire le tour du Huascaran, c'est dire si ce secteur est réputé.

L'équipe au départ puis bien accueillie sur la route avec dégustation de fèves grillées
Ascension tranquille sous un soleil radieux 

Pile au moment du repas, nous passons à hauteur d'une petite gargote en bord de piste perdue au milieu de rien, c'est tout ce qu'il nous faut pour remplir nos estomacs toujours en demande. Moment émouvant avec Luisa la propriétaire des lieux, qui nous raconte les larmes aux yeux les 2h de marche que ses enfants de 3 et 5 ans doivent faire tous les jours pour se rendre à l'école.

Pause avec Luisa, pas évidente la vie dans ces contrées loin de tout 

Après le repas, nous jugeons que le Portachuelo de Llanganuco, à 4767 mètres, est un peu loin pour notre rythme, et décidons un bivouac au bord de la lagune de Suricocha pour une dernière nuit au cœur de cette envoûtante nature.

Ici pas de chiens qui aboient, de coqs qui chantent le matin ou des voisins qui font la fête 
Une soirée avec tout ce qu'il faut et un réveil bien frisquet mais sous un ciel limpide 

A nous le Portachuelo et les vues de rêve que l'on nous a promises, nous ne serons pas déçus.

Une jolie grimpette dans un décor grandiose
Et enfin le Portachuelo de Llanganuco 
Avec vue sur la vallée et les 40 km de descente qui nous attendent 
Mais avec prudence vu l'état de la piste 
Un dernier moment de plaisir au dessus des lagunes de Llanganuco 

Arrivés au pied des lagunes nous reprenons nos programmes respectifs. Pour John ce sera 25 km de descente dans la nuit pour arriver à Yungay, puis bus jusqu'à Lima et vol le lendemain afin d'être opérationnel au boulot 😦 en début de semaine. Pour nous une nuit bien au chaud dans les locaux du parc national où nous avons réussi à attendrir le gardien, puis décollage au petit matin afin de gruger le péage du parc qui nous à hébergés 😀.

Une petite dernière au bord de la lagune avant de se séparer 

Si vous ne voulez pas être victime du racket du parc national (30 soles par jour), vérifiez la position du péage et passez avant 7h le matin ou après 17h le soir.

Çà pique fort à 6h30 du matin pour les 25km de descente qu'il nous reste jusqu'à Yungay, alors on rajoute des couches très vite. Tout l'équipement y passe, caleçon mérinos, pantalon, grosses chaussettes, veste duvet, coupe vent, bonnet et gants de ski. Après le péage, bye bye et rendez vous à Yungay pour un bon petit déjeuner, je veux retrouver le soleil et la chaleur au plus vite. Une heure et demie plus tard, bien installé devant un café et ce qui va avec j'attends Luis et Anisa lorsque je reçois un message. "Nous avons eu un accident et sommes à l’hôpital". Plein de remords de les avoir laissés et d'angoisse concernant la gravité de l'accident, je fonce les retrouver aux urgences. Verdict: le porte bagage avant de Luis n'a pas supporté les 120km de piste. Il s'est décroché en pleine descente, bloquant la roue avant et provoquant une belle figure d'acrobatie, pas vraiment contrôlée, de la part de son cavalier.

A l'hopital de Yungay le seul médecin présent est parti pour un accouchement dans un village, et de toute façon il n'y a pas de quoi faire de radio, alors nous passons à l'action. Je pars chercher un véhicule pour nous amener à Huaraz, pendant qu'Anisa cherche sur le web une clinique privée. Au final bien moins grave que la luxation que l'on craignait, juste quelques contusions et un ligament touché qui nécessiteront un arrêt de 7 jours.

Pas de problème pour transporter dans un break trois vélos avec personnes et bagages 
Avant-Après, bien soulagés 

Au bilan, cette Cordillère Blanche que je craignais tant après avoir lu les pires récits d'exigence et de combat physique dans ce secteur, m'aura apportée, avec Luis et Anisa, plein d'enseignements. J'ai appris à prendre le temps, et découvert que tout est possible pour tous les niveaux à cette condition. C'est une autre manière de voyager qui a ses qualités.

Après ces péripéties je suis obligé de laisser pour un moment Luis et Anisa afin de rejoindre ma chérie à Cusco, mais nous avons prévu de nous retrouver là-bas. Au programme de ces prochains jours en solo, "Puya Raimondi" avec un nouveau passage à 4800m, cette fois ci avec le plein de bagages 😡, puis "Bosque de piedras", et enfin 15h de bus au minimum jusqu'à Cusco.

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5003

Pour profiter encore un peu de cette magnifique boucle dans la Cordillera Blanca je vous propose une vidéo réalisée par Luis avec des moyens de pro et qui reflète pas mal l'ambiance. J'espère qu'elle vous plaira autant qu'à moi.

Je dois avouer qu'une fois les péripéties de l'accident passées et sachant que Luis doit rester au moins une semaine au repos, je me morfonds un peu à Huaraz. Au bout de trois jours j'ai des fourmis dans les jambes, l'arrivée de Janine à Cuzco que je ne dois pas rater et un super programme qui m'attend, donc il est temps d'enfourcher Paulette. De toutes manières nous avons prévu de nous retrouver à Cuzco avec Anisa et Luis. Le super programme c'est qu'il reste encore un bout de Cordillera Blanca à découvrir et pas n'importe lequel, le parc du Pastoruri avec parait il des paysages à couper le souffle. Ce qui est moins rigolo c'est que cette fois ci la mule, (heu...pardon Paulette), est chargée à bloc avec deux cols à passer; le Huarapasca (4820m) et le Yanashallah (4890m) et tout ça sur de la piste s'il vous plaît. Je sais que je vais en baver mais faut c'qui faut comme dirait l'autre on y va quand même.

10km après Catac c'est le début de la piste avec les Nevados en point de mire 


L'inévitable arrêt avec les cantonniers qui sont contents de poser un peu leurs pelles et pioches et tailler une bavette
Puis un autre inévitable passage à l'enregistrement du parc national. Les gardiens font la gueule mais ils ont été sympas 

Nouvelle stratégie pour ne pas payer l'entrée du parc. Prendre une mine fatiguée et demander si on peut manger à l'abri du vent. Discuter le bout de gras avec les gardiens qui passent 22 jours d'affilé dans leur cahute et qui s'emm...comme pas possible. Leur offrir un café et une clope et le tour est joué. Allez, buen camino gringo, on ne te fait pas payer parce que t'es un amigo.

La piste reprend avec une vallée assez ouverte qui permet une vision très étendue sur les paysages 
 Et d'un coup le spectacle commence avec la Reine des Andes, le Puya Raimondi

Je vous assure qu'on à beau s'y attendre ça vous met une belle claque cette nature étonnante.

Euphorique le Richou !  

Après avoir passé pas mal de temps à contempler, prendre des photos, faire des vidéos, je m'aperçois qu'il est 16h et je suis encore loin du lieu prévu pour le bivouac. Il est temps de trouver de l'eau et un coin sympa pour planter la tente, la journée de demain sera plus longue que prévue.

Vue imprenable en compagnie des moutons, mais le matin à 4400m il faut dégeler l'eau pour préparer le café 

Le lendemain la journée sera longue et dure pour franchir les 500m de dénivelé qu'il me reste jusqu'au col de Yanashallah, avec un vent de face glacial et une piste défoncée, mais à chaque virage, à chaque bosse franchie, c'est un nouveau décor qui m'en met plein la vue.

La vie des bergers à 4500m ne doit pas être simple tous les jours 
Dur mais beau 
Premier col franchi 
Je tombe sur mes premiers Alpagas 
Et sur la neige 
Encore quelques virages..... 
Et enfin le col de Yanashallah à 4890m 

On amorce alors la descente dans un paysage lunaire avec la Cordillera Blanca Orientale d'un côté et les Cordilleras Huallanca et Huayhuash de l'autre.

Au fond la Cordillera Blanca Orientale 
Et les Cordilleras Huallanca et Huayhuash 
Un dernier panorama pour la route 

J'arrive à Huallanca à 17h complètement frigorifié par une descente glaciale et coup de bol, je tombe sur un des rares hostals au Pérou avec une vraie douche chaude. Un grand moment de bonheur que j'ai dégusté pendant une bonne demie heure.

A La Union je prends un taxi colectivo pour rejoindre Huanuco, puis bus jusqu'à Cerro de Pasco. Il s'agît de la ville de plus de 50000 habitants la plus haute du monde. C'est aussi un important centre minier où l'on a extrait de l'argent puis du cuivre, zinc et plomb. C'est un cratère à ciel ouvert de 2km de long et 400m de profondeur avec la ville bâtie autour. C'est moche, glacial et pollué autant dire que je n'y passe pas mes vacances. J'enfourche Paulette et me dirige directement vers le Bosque de Piedras de Huayllay à une cinquantaine de kilomètres.

Il s'agît d'un plateau de 15km de long et 5km de large entre 4100m et 4700m d'altitude, transformé par l'érosion en des paysages d'un autre monde.

Une petite randonnée de 3h au milieu de blocs calcaires aux formes étonnantes que le tourisme local a baptisé de différents noms 
Le mexicain, la couronne, le petit chien, le lézard. Le dernier ils ne lui ont pas donné de nom, je ne sais pas pourquoi.
Jolie balade en compagnie des Alpagas et pas dérangé par les touristes 
L'armée de géants 

Ensuite ce sera près de 200km dans la pampa toujours au dessus de 4000m, pour rejoindre Huancayo et prendre un bus jusqu'à Cuzco pour d'autres découvertes....

La pampa Péruvienne 
Avec mes premières Vigognes 

Si vous croisez ma moitié dites lui que je l'attends!

KM
5141


Je viens de terminer mon itinéraire vélo à Huancayo d'où je dois rejoindre Cusco direction Ayacucho pour récupérer ma chérie à temps. Les derniers 200km vélo dans la Pampa Péruvienne, sur un gros axe routier, sont un défi permanent pour rester en vie. Lorsque tu vois arriver sur toi deux énormes camions qui se doublent et que tu roules déjà quasiment dans le fossé, tu te dis que tu ne comptes pas beaucoup dans la tête des chauffeurs Péruviens. Dans les agglomérations même combat, Huancayo c'est l'archétype de ville Péruvienne à 'éviter. Ça klaxonne en permanence et dès que tu mets un pied hors du trottoir tu risques ta vie. Mais comme mon bus part à 7h du matin je n'ai pas le choix. Au petit matin c'est un nouveau combat pour éviter de payer le supplément pour embarquer Paulette dans le bus. Ça n'a rien d'officiel mais les chargeurs et le chauffeur (le même qui t'agresse sur la route), font le forcing pour racketter les gringos. Ce coup ci je sortirai vainqueur de justesse. Huit heures de route et 250km plus loin je suis à Ayacucho et tant qu'à faire j'enchaîne avec un bus de nuit jusqu'à Cusco. Même tarif, 16h de bus pour 500km dans des conditions que je préfère ne pas commenter. Désolé, pas de photos de cet intermède à oublier.

Clap de fin, j'enlève la casquette de voyageur et je me mets en mode touriste pour une douzaine de jours à Cusco hébergé à hospedaje Estrellita.

Hospedaje Estrellita à Cusco le bon plan. Hébergement sans prétention mais très fonctionnel, à deux pas du centre historique, boulangerie française à côté et magasin de vélos en face. C'est le repère de la communauté de voyageurs à vélo, moto et autres backpackers pour un prix des plus modiques à Cusco.

Je passe les trois jours avant l'arrivée de Janine en compagnie de Jeremy et Vincent, deux frangins partis du Canada qui voyagent à vélo depuis 1 an et deux mois. Ça accroche fort entre nous et nous passons ensemble des moments délicieux entre visites de la ville, matchs du mondial, grosses, TRÈS GROSSES SOIRÉES, et conversations animées.

Hospedaje Estrellita, rustique mais avec tout ce qu'il nous faut pour passer de bons moments 
Almuerzo au marché avec deux terroristes  
Très grosse soirée arrosée au Pisco Sour et autres spécialités dont j'ai oublié le nom. 
Petite sortie de ski dans les bars de Cusco, j'espère que mes copains randonneurs apprécieront la technique 

Après trois jours avec Vincent et Jérémy à faire le jeune il est temps de revenir à des choses plus sérieuses, même si j'avais les tempes qui tapaient très fort sur le chemin de l'aéroport.

Une Janine toute pimpante après 20h de voyage 

Evidemment je suis très impatient de retrouver Janine, mais aussi tout ce dont je suis privé depuis des mois. Non, ne vous méprenez pas, simplement des bonnes soirées en perspective avec foie gras, saucisson, magret séché, jambon, fromage et vin rouge, de quoi ravir nos papilles et les locataires de l'hébergement.

Le fond de l'air est frais mais l'ambiance chaleureuse, merci pour le cadeau Bernard tu ne pouvais pas mieux choisir. 

Le programme d'acclimatation très spécial de Janine est au point. Visites de la ville, matchs du mondial, restos de spécialités Péruviennes et enfin Vallée Sacrée des Incas puis Machu Picchu. Et comme nous avons décidé de jouer les touristes jusqu'au bout et que ce n'était pas plus cher, nous tentons l'expérience de passer par une agence.

Le mois de Juin à Cusco c'est la fête et nous avons droit quotidiennement au défilé des groupes folkloriques sur la plaza de armas
Grosse ambiance dans la ville au moment de France Pérou.... un peu moins après
Ceviche et Pisco Sour deux valeurs sures du Pérou ça change du Menu Economico  

A ne pas manquer si vous passez à Cusco, "Cevicheria La Concha y Sazon" située hors des quartiers touristiques. C'est bon, copieux et le service est excellent.

Après ce début d'acclimatation bien festif il est temps de passer à des visites plus sérieuses. J'avoue qu'au moment de monter dans le bus avec la flopée de touristes pour rejoindre le site archéologique de Moray et les salines de Maras j'ai la boule au ventre. Difficile de jouer les moutons après des mois de liberté. Heureusement les sites sont vraiment magnifiques et malgré le rythme que nous impose le guide nous arrivons à profiter, en jouant les mauvais élèves, de tout ce qu'ils proposent. Moray se présente comme un grand amphithéâtre et deux plus petits, constitués de terrasses disposées en cercles. Il s'agit d'un ancien centre de recherche agricole inca qui servait à expérimenter les différentes cultures et semences. Grace à la disposition particulière des terrasses ils disposaient de microclimats différents avec des variations de température d'une terrasse à l'autre. Ils arrivaient ainsi à cultiver plus de 250 espèces différentes. Si vous voulez en savoir plus faites comme moi, allez sur Wikipedia, parce que je n'ai pas du tout écouté le guide.

Qui a dit qu'on n'était jamais sur les photos? 

Les Salines de Maras constituent un site vraiment spectaculaire. Une source salée au cœur des Andes et 3600 salines accrochés à flanc de montagne. A l'époque des Incas les salines représentaient un revenu économique important pour ceux qui les exploitaient, en approvisionnant toute la région de Cusco et une partie du Pérou. Aujourd'hui leurs descendants sont organisés en coopérative mais les salines ne constituent plus qu'un complément de revenu pour les familles de paysans.

Étonnant spectacle que ces 3600 salines accrochées à la montagne  

Le Machu Picchu c'est une usine à touristes, ça prend du temps, ça coûte cher mais c'est immanquable parce que c'est "The Site". Plusieurs possibilités pour s'y rendre, train, minibus ou trek de plusieurs jours. Nous avons choisi minibus "colectivo", 6h à 7h de route puis marche de 2h30 pour arriver à Aguas Calientes ou Machu Picchu pueblo, et éviter ainsi de payer le train le plus cher du monde. Aguas Calientes c'est la Venise du Pérou. Un village accroché à la montagne au milieu de la jungle où on n'accède qu'en train ou à pied, et des hôtels tous plus beaux les uns que les autres. C'est propre net et soigné, et ça ne ressemble pas au Pérou. C'est du tourisme puissance 10 où juste pour respirer tu commences à payer et nous au milieu de tout ça!

Le lendemain l'agence nous donne rendez vous à 7h30 sur la place du village. Ça nous contrarie parce que le site ouvre à 6h et nous avions prévu d'y arriver le plus tôt possible pour éviter le flot de visiteurs, mais on ne dit rien et on assume.

Nous sacrifions à la pose traditionnelle sur la place de Aguas Calientes 

Nous faisons partie du groupe Washington nous dit notre guide et dès les premières explications (ou plutôt recommandations), nous constatons que Juan Miguel sent le looser à plein nez. Il gagne du temps pour lui et en perd pour nous, ne nous parle que de consignes et fait le beau en permanence sans nous apporter quoi que ce soit d'intéressant. Nous le supporterons jusqu'au site mais comme au deuxième arrêt photo on n'avait encore rien appris sur le Machu Picchu, bye bye Juan Miguel on se débrouillera seuls.

Çà en impose quand même 
Superbe lumière avec l'apparition du soleil 

Après la visite du site nous avons décidé de prendre de la hauteur en montant au sommet de la montagne Machu Picchu pour profiter de la vue d'ensemble. Simplement 600m de dénivelé mais tout en marches et en seulement 1,8km autant dire que les 1900 marches sont bien raides.

Bien raide mais de toute beauté la montée 
Quelques pauses photos pour récupérer 
Machu Picchu fait 
Vue imprenable sur le site archéologique et le canyon d'Urubamba 500m plus bas

Demain nous reprenons enfin les vélos direction le lac Titi Caca et nous ne manquerons pas de vous tenir informés. Restez à l'ombre il parait qu'il fait très chaud en Bigorre.

KM
5494

Nous voilà à Juliaca aux portes du lac Titicaca, qui fait partie d'un des points forts de notre voyage. Nous le contournerons par la route nord, moins touristique et plus sauvage que le coté sud. Les 7 étapes que nous venons de faire depuis Cusco ne présentaient pas de difficulté particulière si ce n'est l'altitude, et ce tronçon proposait ainsi une parfaite mise en train pour Janine.

La sortie de Cusco c'est 10km dans la circulation. Une bonne épreuve pour apprendre à décoder ce qui se passe dans la tête des chauffeurs Péruviens. Au bout de quelques coups de pédales, Janine à déjà pris la mesure et s'en sort plutôt très bien.

Janine, casaque jaune qui affichait une forte cote pour sa première sortie a su déjouer tous les pronostics en s'imposant à Cusco

Ensuite c'est une montée très progressive jusqu'au col de Abra la Raya à 4338m où démarre l'altiplano que nous ne quitterons plus d'un moment. En quelques centaines de mètres de dénivelé le contraste est saisissant au niveau de la végétation. Nous passons des montagnes verdoyantes aux paysages arides et pelés.

Montée paisible vers l'altiplano. Vous remarquerez que Paulette à pris du poids avec l'arrivée de Janine 

Les étapes sont évidemment ponctuées de dégustations locales. La Cuzquena et le Cuy sont à l'honneur et mon rythme de bière qui avait bien baissé depuis l'entrée au Pérou est remonté en flèche.

Cuzquena et Cuy, deux valeurs sures du sud Pérou 

Notre troisième étape nous mène à Aguas Calientes, et comme son nom l'indique, ce village bénéficie de sources d'eaux chaudes aménagées dans un site très nature. Un excellent moment de détente dans des bains à 38° en regardant les étoiles au milieu des névados.

Au petit matin température négative et bains fumants mais on n'a pas osé s'y remettre. Par contre le soir grand bonheur. 

En sortant d'Aguas Calientes nous avons droit à une matinée très frisquette heureusement tempérée par la montée de 10km pour atteindre Abra la Raya, le point culminant de notre ascension. Coté météo, nous n'avons pas à nous plaindre. Nous profitons d'un temps froid mais sec depuis le départ de Cusco. La journée avec le soleil il nous arrive de pédaler en cuissard court et Tshirt. Par contre le soir et surtout le matin pour nos départs, ça pique fort avec des températures négatives. Autant dire que l'équipement est complet pour rouler, trois couches plus coupe vent en haut, bonnet, gants, collant long en bas et grosses chaussettes jusqu'à 10h30 11h que la température se réchauffe. Mais globalement je suis plutôt très verni par le temps puisque le dernier épisode de pluie que j'ai eu remonte à deux mois à Jaén tout début mai.

Petite pause dans la montée pour faire causette avec les alpagas 
A l'approche du col la neige n'est plus très loin 
Bien tranquilles sur la route vers l'Altiplano 
Pour las descente il vaut mieux bien s'équiper contre le froid malgré le soleil 

Pour l'instant, vu le froid la nuit nous privilégions les étapes en dur plutôt que la tente. Nous aurons bien le temps de jouer les jeunes plus en avant lorsque nous serons dans des coins dépourvus d'hébergement.

Notre petite cuisine du matin pour améliorer l'ordinaire, omelette ou crêpes 

Une fois sur l'Altiplano le spectacle est vraiment au rendez vous et nous prenons un réel plaisir à pédaler au milieu de ces immenses étendues malgré les longues lignes droites bien monotones. Plus un seul arbuste mais des cultures de céréales à perte de vue, complètement cramées par le soleil et la sécheresse hivernale, offrent des paysages splendides.

La route est aussi belle que les lignes droites sont longues 

A Ayaviri, nous profitons d'une étape où nous sommes arrivés suffisamment tôt, pour faire une petite randonnée au dessus du village et avoir une vue d'ensemble sur l'Altiplano au soleil couchant.

Nous passons un long moment à contempler les couleurs envoûtantes de l'Altiplano jusqu'au coucher du soleil  
Contents d'arriver enfin à Juliaca  après toutes ces lignes droites

Demain après la victoire des bleus en demie finale nous reprendrons la route pour une huitaine de jours jusqu'à La Paz le long du lac Titicaca avec un arrêt de 2 jours chez l'habitant sur la presqu'île de Capachica.

Il parait que c'est la canicule en Bigorre, ici on a pas fini de se les geler.

KM
5922

Hola Amigos, avant de vous raconter notre traversée du lac Titicaca (pas à la nage rassurez vous), deux nouvelles importantes.

Premièrement il n'y aura pas de carnet spécifique à la Bolivie, nous inclurons les récits dans le carnet du Pérou et nous changeons le titre comme vous l'aurez remarqué. Et là bien sur vous vous demandez pourquoi ? Et bien parce que les connexions internet en Bolivie sont une denrée plus que rare, d'autant plus que nous allons attaquer un secteur de 700km semi désertique où il est certain que nous ne pourrons pas publier d'articles. Compte tenu de notre itinéraire Bolivien ça ferait un ou deux articles maximum ce qui ne justifie pas un carnet.

Deuxièmement nous avons crée une carte sur My Maps où nous enregistrerons quotidiennement notre position avec un petit résumé de l'étape. Il sera possible ainsi de suivre notre avancée en direct pour ceux et celles qui le souhaitent. Voici le lien pour y accéder:

Nous vous avions quittés à Juliaca. Nos vélos sont chargés et prêts à prendre la route vers Capachica, mais pour rien au monde nous ne raterions le quart de finale contre l'Uruguay. Nous avons rendez vous avec Jérémy et Vincent ainsi que d'autres cyclistes pour une bonne gueulante dans un bar, au grand dam des Péruviens insensibles à notre euphorie.

 Bien chauds les frangins quand les bleus jouent

A peine la victoire fêtée, direction la péninsule de Capachica au nord du Titicaca. C'est le point d'accès aux îles flottantes Uros, exactement la même chose qu'au départ de Puno mais en dix fois moins touristique et ça, ça nous plait bien. Nous avons rendez vous à Llachon, minuscule hameau au bout de la péninsule pour une nuit chez l'habitant.

A nous Capachica et Llachon qui sont au bout  du monde

Chez Rufino et Lucrecia l'hébergement est sommaire mais l'accueil chaleureux. Rufino en fait des tonnes pour nous séduire et nous faire oublier qu'il nous loue un hébergement sans eau et plein de courants d'air mais heureusement avec un très beau point de vue sur le lac. Lucrecia est une excellente cuisinière et nous mitonne de bons petits plats avec un équipement sorti du moyen âge. Nous partageons une soirée et une journée avec eux et ça nous change de l'hostal.

Épluchage de patates au couteau de cuisine; Lucrecia 1 Janine 0 

Le lendemain après une bonne négociation avec le batelier qui en bon Péruvien nous avait pris pour un porte monnaie, direction les îles flottantes. Au passage on ramasse Jeremy, Vincent et deux nouveaux cyclistes qui campaient non loin de chez nous. Nouvelle négociation pour un prix de groupe et c'est parti pour de bon. Les îles flottantes sont aujourd'hui dédiées au tourisme mais les familles vivent dessus à l'année. Celle que nous visitons ne fait que quelques centaines de mètres carrés. Elle est habitée par trois familles qui vivent de la pêche, de la chasse et de l'artisanat qu'ils vendent aux touristes. A l'origine les îles flottantes ont été construites pour fuir l'envahisseur Espagnol. Elles sont constituées de blocs de Totora (un roseau local), découpés sur la berge et traînés au large où ils sont assemblés et ancrés au fond du lac à l'aide de pieux. Le processus d'assemblage complet est long avant que les racines des différents blocs se lient entre elles et permettent l'installation des familles trois ans après l'assemblage initial. Ensuite il faut un entretien constant par l'ajout de nouvelles couches de Totora en surface pour qu'elle reste habitable. Les descendants des Uros peuvent ainsi faire durer leur île jusqu'à 70 ans au maximum. Les familles sont totalement autonomes sur leur île et ne vont à terre que pour s'approvisionner en produits qu'il ne trouvent pas sur le lac, (céréales, riz etc..) qu'ils préfèrent troquer qu'acheter.

La fine équipe à le sourire en direction des îles, juste le batelier fait un  peu la gueule
Assez impressionnant  de découvrir une île flottante et le mode de vie de ses occupants
Une vie bien paisible sur leur île, faite de travaux d'entretien, pêche, chasse, préparation des aliments, artisanat et tourisme

Au retour de notre visite, nous sommes impatients de découvrir le Titicaca et enfourchons de suite nos vélos pour la suite de notre itinéraire lacustre en compagnie de Jérémy et Vincent. Aussitôt après le village de Capachica nous prenons une piste qui nous amène au plus près de l'eau. Zéro circulation, beau temps et paysages superbes, tout le monde à la banane et profite à fond de cette escapade en pleine nature.

En route vers un spot de bivouac idéal avec les frangins 
Un site comme on les aime pour passer la nuit 
Idéalement installés mais au petit matin il vaut mieux attendre le café bien au chaud dans son duvet 

Trois jours à suivre les berges et respirer la liberté en autonomie, avec de jolis bivouacs, des feux de camp, une bonne complicité avec Vincent et Jérémy et des nuits bien fraîches. C'est le bonheur à condition d'accepter de ne pas se laver, l'inconfort de la tente, des repas par terre, d'aimer les pâtes (même si Janine a réussi à nous faire un gâteau aux pommes caramélisées dont on se souviendra longtemps), et de ne pas craindre le froid.

Merci Titicaca pour tous ces moments passés en bonne compagnie
Parfois en empruntant des chemins improbables pour se rapprocher du bord on peut avoir des surprises 

A Tilali, à la frontière coté Peruvien c'est jour de match et évidemment nous avons tout planifié pour ne rien rater de cette demie finale contre la Belgique. L'hébergement est trouvé et nous avons dégoté avec difficulté un boui-boui avec un écran à la dimension de l’événement. C'est ici que les frangins nous quitteront après le match afin d'être au rendez vous avec leurs parents à Uyuni, mais pour l'instant nous sommes chauds comme la braise pour affronter les Belges.

Ça n'a pas été simple mais c'est fait, on est en finale  

Du poste Péruvien au Bolivien nous avons 15km de piste moitié montée, moitié descente tueuse, dont nous profitons pour nous tous seuls avec Janine.

A la frontière les douaniers sont rapides à servir et prêts a mourir. On ne s'en est pas vraiment aperçu! 
Après une belle montée on apprécie le panorama bien assis sur la ligne frontière
Une compil de nos meilleurs moments le long du lac, j'espère que vous apprécierez autant que nous 

Arrivés en Bolivie le charme cesse. Aucun accès au lac, paysages quelconques, routes sans charme, hébergements infects, villages sans connexion, routes coupées par des manifestants, pour l'instant nous ne comprenons pas la Bolivie et encore moins les Boliviens qui sont froids, arnaqueurs et presque désagréables, et nous avons l'impression qu'ils ne voient en nous que des porte-monnaies. Alors nous traçons au plus vite vers un endroit civilisé pour se reposer. Direction La Paz où nous n'avions pas prévu de passer. A proximité de la capitale on embarque tout dans un colectivo pour éviter la circulation des accès aux grandes villes, et à nous un peu de repos bien mérité dans un trois étoiles.

Routes coupées, hébergements sans eau, villes sans laverie, à 20km de La Paz en voiture Simone on veut un peu de civilisation

Finalement nous ne resterons qu'une nuit à El Alto parce qu'une finale nous attend à Patacamaya en compagnie des Brothers qui viennent de nous contacter. Bonne surprise! Nous filons le lendemain avec l'espoir de trouver un hébergement convenable et prendre un peu de repos avant le prochain secteur d'itinéraire qui promet d'être bien costaud sur le plan des conditions de confort. Ouf! c'est gagné, après une bonne heure de recherche nous nous installons dans l'un des deux seuls hébergement avec wifi dans la ville et pouvons enfin communiquer avec nos enfants.

Nous étions présents et on s'est donné à fond. Bravo les bleus 

Dès demain nous partons vers l'un des lieux mythiques de notre voyage, la réserve de Sajama et les salars de Coïpasa et Uyuni. Nous aurions pu les contourner, mais Janine ne veut pas se la jouer petit bras, nous avons prévu de foncer en plein dedans et on verra bien. Au programme 700km de routes et pistes ensablées semi désertiques, mais des paysages à couper le souffle et la liberté absolue jusqu'à Uyuni. Le bilan dans une bonne quinzaine durant laquelle nous n'aurons pas beaucoup de moyens de communiquer.

KM
6097

Patacamaya-Sajama c'est le premier des quatre tronçons qui nous mèneront à Uyuni. Jusqu'au village de Sajama nous avons 170km dont 50 de piste dans le Parc national. D'après ce que nous voyons sur la carte et les informations glanées, mieux vaut prévoir nourriture et eau en abondance pour les trois étapes au programme. Nous partons sous un ciel brumeux chargés comme des mulets et très vite nous constatons que nos prévisions étaient correctes. Autour de nous sur des kilomètres, des étendues désertiques. Lorsque nous traversons les quelques hameaux fantômes, pas un commerce et peu de signes de vie si ce n'est les habitants qui nous regardent comme des martiens ou nous tournent le dos.

Sur la route ce n'est que de la ligne droite au milieu de grandes étendues de toute beauté
Avec le Sajama 6542m en point de mire.

A l'heure du bivouac nous trouvons un bon spot à l'abri du vent, qui se lève systématiquement à la mi journée, bien cachés au milieu des buissons. A peine la tente installée, un berger sorti de nulle part, à la bouche plus abîmée que la vue vient nous rendre visite. Pas très commode au début, nous l'apaisons avec 3 dolipranes, pour soulager les quatre dents qu'il lui reste. Du coup il nous indique même un point d'eau à proximité, que nous n'aurions jamais imaginé ici.

Bien planqués au milieu des buissons mais pas assez. pour l'œil avisé du berger

L'étape suivante doit nous mener jusqu'à l'entrée du parc de Sajama. Peu après la mi journée nous quittons la route pour la piste qui marque l'entrée du parc. Le vent est déjà bien fort et il est temps de se trouver un coin a l'abri pour passer la nuit. Devant nous un paysage superbe, fait de gros blocs couleur ocre qui offrent de belles possibilités de bivouac. Nous prenons un peu de temps et trouvons le site parfait et bien à plat. Nous commençons à peine à nous installer lorsque le vent tourne soudainement, nous rendant complètement exposés et nous prenons, par dessus le marché, une averse de neige. Si l'on n'avait pas encore compris ce qu'est la Bolivie à 4000m, ceci est une bonne leçon.

Un petit coup de neige sur le nez une soupe et au lit à 18h 30.

La pluie est tombée une partie de la nuit, mais en sortant de la tente le matin le ciel est complètement dégagé et les couleurs sont juste magiques. Nous sommes tellement sous le charme que nous passons un bon moment avant le petit déjeuner et malgré le froid intense, à profiter du paysage et observer le Sajama, en espérant que le sommet se dégage.


Le Sajama la tête dans les nuages à gauche et notre maison dans le soleil a droite
Tout heureux de re-découvrir notre abri avec les couleurs chaudes du matin
Et la gelée très froide de la nuit

Le temps de déjeuner et de plier le camp, nous reprenons la piste avec les premiers nuages qui viennent tacher le bleu du ciel. Le vent ne tarde pas à se lever et mon humeur alterne entre le charme des paysages traversés au milieu des lamas et l'inquiétude de cette météo changeante. Je bouscule un peu Janine, qui fait tout ce qu'elle peut, pour que nous ne perdions pas de temps.

Un peu inquiets mais tellement heureux d'être là !
En compagnie des lamas et avec le géant en fond d'écran

Peu avant midi nous nous arrêtons à hauteur d'un pâté de maisons perdues au milieu de ce désert, pour tenter de trouver de l'eau et si on a vraiment de la chance, un peu de pain. Coup de bol Marta et sa famille préparent une fournée de petits pains tout chauds et comme il commence à neiger nous bénéficions de leur hospitalité le temps que le grain passe. Apres quelques kilomètres et deux belles côtes au pourcentage indécent Janine est sur les rotules au moment où nous passons devant le seul hôtel à touristes du parc. Si l'idée de passer la nuit ici nous a traversé l'esprit, le tarif demandé, aussi indécent que le pourcentage des côtes, à fait oublier la fatigue à Janine. Les 19km restants pour arriver au village de Sajama seront intenses, avec un vent de face à décorner les lamas, une piste défoncée et plusieurs grains de neige et de grésil.


La cuisine en plein air de Marta et la photo de départ avec le soleil revenu

A Sajama nous avons prévu de faire un break d'une journée pour visiter les alentours et surtout le site des geysers. Pas de grasse matinée, départ 8h, il paraît qu'ils soufflent plus le matin. On reprend les vélos avec un froid mordant, pour 8km de piste jusqu'au site. Nous pédalons en mode dératés, excités comme des gamins, au milieu d'un décor grandiose.

Des pistes de sable et les 6542m du Sajama presque dégagés
On se sent tout petits dans cette immensité

En arrivant sur le site des geysers, les sommets enneigés sont tout près. Des panaches de vapeur sortent des puits bouillonnants et créent une atmosphère irréelle. Tout un maillage de veines d'eau gelées en surface court sur le plateau, à travers des geysers aux couleurs surréalistes. Un troupeau de lamas broute tranquillement les lichens au milieu des fumerolles. Nous n'osons pas réaliser que nous sommes seuls et que tout ça est rien que pour nous. Nous ne savons pas où porter notre regard tellement tout nous parait magique et courons d'un geyser a l'autre comme des gosses dans un magasins de jouets, jamais rassasiés et toujours à la recherche de plus d'émotions.

L'aire de jeu
Et les enfants qui s'amusent

Et comme la folie nous gagne de plus en plus on se dit que toute cette eau bouillante sortant des puits doit bien réchauffer le ruisseau dans lequel elle se jette. Alors nous cherchons le bon endroit pour une petite baignade en pleine nature, entre glaçons et bouillons.

La star de l'Altiplano n'a pas froid aux yeux
Mamie se régale et Papy trouve que la baignade c'est pas de la balle

Après la récréation, le parc Sajama nous montre de nouveau son côté infernal. Le lendemain réveil 6h, comme tous les matins lorsque nous prenons la route. Les sacs sont bouclés et les vélos prêts à décoller après le petit déjeuner, mais lorsque nous ouvrons la porte de notre chambre on se dit que celui qui a tout peint en blanc nous joue un sale tour. Dix centimètres de neige dans la nuit plus dix autres durant la journée, c'est repos forcé mais on nous promet qu'on n'a jamais vu ça et que ça ne peut pas durer.

Nous avons essayé mais sans chaînes ça peut pas faire

Le lendemain c'est de nouveau le paradis. Ciel immaculé, pas un brin de vent et 30cm de neige fraîche. Maintenant il faut attendre que ça fonde parce que c'est sur, le chasse neige ne passera pas ici. En guise d'occupations pour la journée, chasse à la perdrix avec un sac poubelle (dommage j'en avais une dans mon sac mais elle m'a échappé entre les mains), déneigement du toit et surveillance de la fonte sur la piste.

Pas vraiment praticable
Chasse à la perdrix avec Doña Emilia et déneigement avec Carmen

Le prochain secteur de 150km doit nous conduire à Sabaya....si l'état des pistes et le temps le permet.

KM
6474

Hello amigos!

Avant tout on voulait vous présenter nos excuses de ne pas répondre individuellement à vos commentaires sur le Parc de Sajama mais nous manquons de temps. Et oui le voyage ce n'est pas les vacances! Entre les tentations que nous avons de tout découvrir, le manque de connexions wifi et le choix que nous avons fait de faire plus de vidéos parce que nous pensons que ça apporte un vrai plus à notre voyage, nous devons parfois faire des choix. Mais sachez que vos commentaires sont précieux pour nous. Nous les attendons toujours avec beaucoup d'impatience et les lisons avec un grand plaisir. Nous les recevons comme une récompense après les rigueurs de la route et le travail fourni pour réaliser les articles. Merci beaucoup à tous.

Pour nous faire pardonner, avant d'attaquer la lecture de cet article, on vous met une petite vidéo sur le parc de Sajama que nous n'avions pas eu le temps de monter lors de la publication de l'article concerné.

Le parc de Sajama, avec le soleil, le vent ou la neige, exigeant mais toujours beau

Nous partons de Sajama et ça y est, après de nombreuses hésitations Janine a décidé de se lancer sur l'itinéraire le plus beau, mais aussi le plus exigeant et le plus isolé pour rejoindre Uyuni. Il s'agit de 460km uniquement sur pistes et salars, avec seulement quelques hameaux et deux villages où nous trouverons de quoi nous loger et de la nourriture. Nous avons prévu de faire ça en trois secteurs de trois étapes chacun, avec un jour de repos entre chaque secteur. C'est bien gonflé de sa part compte tenu de son manque d'expérience sur ce type de terrain, mais le challenge ne nous promet que du superbe.

Secteur 1 Sajama-Sabaya: C'est plus beau sous la torture.

Le temps n'est pas encore au beau fixe mais nous pouvons enfin quitter Sajama avec encore de la neige aux alentours et une piste dégagée. A 7h30 la température est négative et nous devons traverser pas mal de petits ruisseaux pris par le gel. Lorsque la glace de l'un d'eux cède sous mes roues, j'évite le plongeon de justesse et me retrouve dans l'eau jusqu'aux mollets. On pourrait démarrer mieux mais ça donne le ton pour ce qui nous attend. Nous remontons, sur le bout de route qui mène au Chili, la longue file de camions qui attend que le col soit dégagé, nous tournons à gauche après quelques kilomètres, et à nous la piste et la solitude.

Durant deux jours nous n'avons croisé aucune voiture 

La première étape nous conduit à Macaya, un des hameaux perdus au milieu de cette immensité. Le vent souffle fort et nous sommes bien décidés à trouver un abri plutôt que de monter la tente. Nous tentons le poste militaire sans succès, puis quelques villageois qui nous ignorent. En dernier recours nous nous postons devant l'école pour attendre que la classe se termine. Bonne pioche, Fabiola est séduite par les deux voyageurs à vélo qui viennent découvrir son pays et nous ouvre une pièce pour la nuit. Pour nous, c'est la vie de château. Nous sommes à l'abri, il y a de l'eau, l'électricité, une table et des chaises et même un gros tapis de gym pour dormir. En contrepartie, Fabiola nous demande de "hablar con sus ninos" pour raconter notre voyage. Pas de problème, ça nous fait même plaisir de passer une heure avec les enfants d'un village où il n'y a ni réseau téléphonique ni télévision.

Un bon moment à l'école communale de Macaya avec Fabiola et ses élèves 


Installés comme des princes, merci Fabiola 

Le lendemain nous découvrons au petit matin la lagune de Macaya, avec ses flamands roses et pas mal d'autres oiseaux. Une belle surprise et un grand moment de bonheur avant de se frotter à la dure réalité de ce qui nous attend jusqu'à Sabaya.

Notre itinéraire contourne la lagune pour notre plus grand plaisir 

La neige tombée ces derniers jours a bien fondue sur l'Altiplano et les nevados aux alentours. Du coup nous trouvons plein de petits ruisseaux et parfois carrément des rivières en travers de notre chemin, qui nous obligent à des contournements ou des traversées épiques.

Celle ci pas moyen de la contourner! 

Ensuite la piste nous a meurtris durant deux jours. Pas un moment de répit entre sable, cailloux, boue et surface de la piste en tôle ondulée laissée par le passage répété des 4X4. Pour ceux qui ne connaissent pas, ça vaut le coup de tenter l'expérience, juste pour voir ce qu'il ne faut jamais faire. Imaginez vous à califourchon sur un marteau piqueur et partez vous promener avec ça. Au bout d'un kilomètre vous avez toutes les articulations en bouillie, des idées de meurtre vous passent par la tête et juste envie de trouver un ravin pour jeter le vélo. Janine trouvait même qu'avoir des seins animés c'était pas très rigolo. Au demeurant le porte bagage de Janine n'a pas supporté le régime et les deux vis inférieures se sont sectionnés dans le cadre. Pour corser la chose nous avons droit sur la dernière étape à un interminable ballet de 4X4 avec des chauffeurs imbibés comme ce n'est pas possible, qui vont d'un village à l'autre pour les fêtes de San Isidro. Nous qui cherchions la tranquillité nous sommes servis.

Au régime boue, cailloux, tôle ondulée et sable 

Avec la réparation du porte bagage de Janine au scotch (merci Sam pour le Gorilla tape), nous avons perdu beaucoup de temps et nous sommes épuisés. Aussi, nous réalisons que nous n'arriverons pas au village prévu pour l'étape, alors il faut trouver de l'eau et un coin à l'écart de la route pour bivouaquer.

Après la réparation de fortune installation du bivouac avec feu de camp, aussi agréable au crépuscule qu'à l'aube 

Le lendemain nous avons droit à une étape du même niveau que les précédentes, sauf les 6 derniers kilomètres avant Sabaya où nous retrouvons la route goudronnée avec un vent de dos, le bonheur absolu. Nous ne rêvons que de la journée de repos, et Janine commence à se dire que le goudron pour le reste de l'itinéraire c'est peut être moins joli, mais beaucoup moins fatiguant.

Elle a rêvé de goudron pendant 3 jours et il a droit à un petit bisou en le découvrant 

Secteur 2 Sabaya-Llica: De la terre au sel en passant par l'eau

Comme quoi un petit break ça change tout ! Toute fraîche après une journée de repos, elle est regonflée à bloc ma Janine, et elle a décidé que les salars c'était dommage de s'en passer, alors à nous la piste. Ce secteur doit nous conduire en 3 étapes à Llica, à la porte du Salar d'Uyuni, en passant par le Salar de Coïpasa. Dès la sortie de Sabaya le paysage change de nouveau. La végétation qui était déjà rare est maintenant inexistante et nous roulons dans de grandes étendues striées de traces de 4x4 qu'il vaut mieux bien suivre sous peine de goûter à la boue. Malgré tout nous avançons bien et sommes particulièrement satisfaits d'avoir choisi l'option piste, l'étape sera courte jusqu'au village de Coïpasa.

Janine toute fière de sa navigation bien roulante au contraire de Richard qui a ramassé des kilos de boue sur son vélo 

Avant d'arriver au village de Coïpasa nous devons avoir un avant goût du salar avec la traversée d'un bras de 6km. En approchant, nous sommes tout excités de voir de grands reflets à l'horizon qui ressemblent à des mirages. Est ce que le salar a cet aspect vu de loin? Non, non, c'est bien une pellicule d'eau qui recouvre le salar après le coup de neige. Un peu inquiets au début, nous prenons confiance petit à petit et sommes finalement émerveillés de rouler sur un miroir.

La découverte du salar sous l'eau, un peu inquiétant mais magique 

Nous arrivons à Coïpasa frais comme des gardons et ravis d'avoir changé d'option, d'autant plus que nous avons le contact, pour passer la nuit, de Dona Petronilla, qui est aux cyclistes ce que mère Térésa est aux pauvres. Dans sa petite gargote je trouve Petronilla affairée au repas des ouvriers qui réparent l'église et ça, c'est sacré! Cette petite femme débordante d'énergie est embêtée de ne pas pouvoir répondre à ma demande. Elle cogite en même temps qu'elle sert son petit monde et d'un coup elle a un éclair, il suffit de débarrasser la pièce où elle a stockée sa récolte de quinoa. Pas de problème ça nous convient.

C'est le joyeux foutoir mais c'est la Bolivie et on a l'habitude 
Et on est quand même mieux que sous la tente 

Elle nous a logés, nourris, préparé le pique nique pour l'étape, donné de précieux conseils pour éviter le sable à la sortie du salar, merci mille fois Dona Petronilla et désolés de ne pas t'avoir accompagnés à la messe.

Petronilla aime Dieu, la vie et son prochain. Une belle rencontre 

La découverte du vrai salar de Coïpasa, sans eau cette fois ci, est un moment unique et nous vivons comme un privilège de profiter seuls dans cette étendue salée, de cette nature étonnante. Sur les 40km de traversée nous ne rencontrerons personne et c'est, parce qu'il est beaucoup moins touristique qu'Uyuni, que l'itinéraire des cyclo voyageurs passe par ici.

Du blanc à perdre ses repères 
Il fait grand beau, nous sommes seuls et c'est facile, 40km de bonheur

La sortie du salar est toujours délicate. Sur "las playas", la partie entre la zone de sel dur et la terre ferme est une surface molle avec plus ou moins de boue, où il est quasi impossible de rouler. Nous pousserons un quart d'heure alors que nos copains passés 3 jours avant avaient poussé 2h. En sortant de cette zone je repère aussitôt la piste indiquée par Pétronilla, qui devrait nous faire éviter pas mal de zones ensablées. Du coup nous décidons de continuer jusqu'à Llica et de faire deux étapes en une.

Après une petite poussette à la sortie du salar, un arrêt casse croûte avec le pique nique de Pétronilla 

Nous profiterons ainsi d'une piste de très bonne qualité durant 20km. Ensuite la chance nous abandonnera jusqu'à Llica avec du sable et de la tôle ondulée en veux tu en voilà. Les 10 derniers km ont été un calvaire pour Janine et elle a du puiser au fond de ses ressources morales pour trouver le courage de terminer les 85km de pistes et de salar. Nous arriverons à Llica à la nuit tombante, épuisés et en se disant plus jamais ça, mais riches d'une nouvelle expérience. A nous une journée de repos.

Désespérant ! Que de la tôle ondulée pour rouler et le sable sur les bords pour nous punir quand on veut l'éviter. 
Là ça commence à se gâter 
Et là, la piste à gagné....une bataille 
Les vélos aussi ont souffert  dans le salar 

Secteur 2 Llica-Uyuni : C'est beau, mais la note est salée

Bien retapés, nous abordons ce dernier secteur avec le sourire et assez confiants. Nous allons rouler avec Hilde une jeune belge de 29 ans partie de l'Alaska, qui voyage depuis un an et trois mois et c'est bien d'avoir de la compagnie. Nous avons 10km de piste dès le départ et ensuite ce n'est que du salar. Il n'y a pas d'alternative, de Llica, 82km pour atteindre l'île d'Incahuasi au milieu du salar, puis 75km le lendemain pour sortir du salar jusqu'à Colchani et enfin 20km de route pour rejoindre Uyuni.

L'entrée du Salar est toujours délicate et avec mon vélo chargé à plus de 50kg je n'échappe pas à quelques poussettes et une belle glissade, pendant que les filles se promènent avec leurs montures légères.

Pendant que les filles se régalent 
Richard pousse et fait des glissades 

Uyuni c'est le salar de Coïpasa version XXL. Une fois dedans on a vraiment l'impression d'être tout petit. Nous n'avons que très peu de repères visuels et les distances sont trompeuses. La première île en vue que nous pensions à une dizaine de kilomètres est en fait à 30km. Nous naviguons au GPS pour essayer de faire la route la plus courte, mais nous sommes obligés de faire des écarts parce que ce n'est pas aussi uniforme que l'on pensait. Nous trouvons parfois de grandes étendues inondées que nous essayons de contourner, et la surface même du salar est très changeante et plus ou moins agréable à rouler. Mais nous sommes sous le charme et agréablement surpris de rouler des heures sans voir personne alors qu'on nous l'avait présenté comme très fréquenté.

Quoi que l'on fasse la magie opère et on ne peut pas rester insensible au milieu de cette immensité 
L'émotion des grands espaces 
Ce n'est pas le pique nique à la neige mais il  fait largement aussi froid 

Peu à peu la surface se modifie et nous nous retrouvons sur un sol très dur, formé de sortes de grandes dalles avec une dépression aux niveau des jointures qui nous secoue presque autant que la tôle ondulée. Décidément même dans les moments de bonheur intense, la nature Bolivienne nous rappelle toujours à l'ordre.

La formation des dalles sous ses différents aspects, celui qui a oublié de faire les joints nous a bien secoués 

Il est 16h30 et il nous reste une douzaine de kilomètres pour arriver jusqu'à Incahuasi. Le froid commence à se faire sentir, alors j'ouvre ma sacoche de guidon tout en roulant pour mettre mes gants comme je l'ai déjà fait cent fois. Le droit est en place et le gauche ne va pas tarder. Je pousse certainement un peu fort pour l'ajuster, et mon guidon suit le mouvement tournant brusquement. La roue avant ripe sur le sel mouillé et la chute est inévitable. En arrivant sur la surface dure, j'essaie de faire une roulade mais mon épaule cogne fort et la douleur est intense. Après quelques minutes de récupération, je sais que la jonction acromio-claviculaire est touchée et me dis que je suis le roi des idiots de tomber comme ça. Comme on n'a pas vu une voiture de la journée, les probabilités d'être pris en charge sont très minces. Il n'y a plus qu'à tenir le guidon d'une main et serrer les dents pour les 12 kilomètres restants jusqu'à Incahuasi.

Ça secoue pas mal avec un bras en écharpe sur ce sol mal pavé, alors quelques pauses sont les bienvenues
Coup de bol, Hilde partie devant nous a trouvé un 4X4 à Incahuasi qui nous dépose le soir même à Uyuni

Le lendemain la disjonction acromio-claviculaire de grade 3 est confirmée par le traumato, bilan, minimum 2 semaines d'arrêt. Voilà comment on prend du repos forcé pour le plus grand bonheur de Janine. Du coup on rajoute au programme le tour du désert du Sud Lipez et la réserve nationale Eduardo Avaroa sur 4 jours en 4X4, c'est reparti pour le tourisme mais au moins ça me laisse le temps de récupérer.

Pour terminer on vous laisse une petite vidéo de ces 500km à travers pistes et salars. Soyez indulgents avec nous, nous l'avons faite avec les moyens du bord et on en a bien bavé.

Du bonheur, de l'émotion, des larmes, des ras le bol, de la détermination, de l'émerveillement, c'est ça la magie du voyage.