L'action de cycloter consiste à se déplacer à un rythme qui donne du sens au voyage et du plaisir à nos sens.
Novembre 2018
90 jours
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KM
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Hola amigos!

Voici le dernier carnet de voyage de notre périple qui nous amènera dans deux à trois mois jusqu'à "La fin del mundo", si tout va bien. Ce dernier tronçon en Patagonie et Terre de Feu promet de belles découvertes mais il semble aussi qu'il sera d'une grande exigence sur le plan physique et climatique. J'espère que vous serez nombreux à nous soutenir jusqu'au bout.

A Chos Malal nous avons la surprise de faire la connaissance de Andres et Jimena, une référence en matière de voyage à vélo. Leur blog « La Vida de Viaje » nous a souvent inspiré et c'est un grand plaisir de les rencontrer. Un jeune couple argentin qui a fait de leur passion un métier, ils arrivent à vivre du voyage et étrennent leur tout nouvel équipement de bike packing.


Hostel la Quimera rencontre avec Andres et Jimena  "La Vida de Viaje"

A Las Lajas nous prenons la route à 7h00 direction Pino Hachado vers la frontière Chilienne, toujours dans l'idée d'éviter le vent qui nous obsède. La matinée nous propose des couleurs magnifiques et nous nous régalons de ces nouveaux paysages tellement différents de ceux que nous avons vécu sur la route 40.

En route vers le Chili dans un décor grandiose 

Pour passer au Chili nous faisons l'impasse sur la Paso Pino Hachado où ça circule beaucoup et qui nous oblige à une traversée de tunnel, et optons pour le Paso Icalma beaucoup plus tranquille avec 50km de piste en pleine montagne au milieu des forets d'Araucarias. Nous sommes tellement sous le charme en pleine montagne que nous improvisons un bivouac alors que nous avions le temps de rejoindre la ville étape. Comme pour nous punir de ne pas respecter le programme la pluie s'invite à peine le camp installé et tombera sans discontinuer toute la nuit et la journée du lendemain. Nous arrivons sous une pluie battante à Villa Pehuenia où nous déclarons forfait bien accueillis par les pompiers.

Sur la piste en direction de Villa Pehuenia nous retrouvons la neige au milieu des forets d'Araucarias
Bien installés dans la forêt à l'abri du vent, mais pas de la pluie qui est tombée en abondance jusqu'au lendemain
Après une nuit au milieu des camions de la caserne le soleil est de retour en direction de la frontière Chilienne 

L'influence océanique est visible dès notre entrée au Chili. Nous traversons des paysages très verts avec de grands pâturages et des forêts de sapins, avec de l'eau qui ruisselle de partout en ce printemps austral au milieu d'un dédale de lacs. Les cannes a pêche que nous trimbalons depuis Cusco sont prêtes au service et nous sommes impatients de taquiner les truites que l'on nous promet nombreuses.

Contents de trouver la verdure Chilienne qui se donne un petit air de Pyrénées 

Nous avons retrouvé William et Evelyne et décidons de continuer la route ensemble. C'est bien sympa de partager les étapes du soir dans "Les Cabanas" qui sont nombreuses et nous offrent un abri sûr, face à une météo Chilienne très changeante. C'est la surprise de l'étape! On peut tomber sur le super chalet dans un beau parc avec piscine et étang privé pour taquiner la truite et à un prix trèèèès négocié, comme dans un boui-boui rafistolé cuisinière en bois et au prix fort lorsqu'on se fait surprendre par la pluie.

Rustiques ou tout confort dans un superbe domaine, les Cabanas se suivent et ne se ressemblent pas
Et superbe partie de pêche dans le lac de la propriété 

Cette petite incursion en terre Chilienne nous donne un avant goût de la Patagonie et nous approchons de la région des 7 lacs en direction de Villarrica et Pucon qui est la capitale des sports de plein air. La ville est très soignée et le bois domine partout, des panneaux de signalisation jusqu'aux nombreux chalets dans toute la ville. Les compagnies de rafts et de sports outdoor se suivent et proposent toutes sortes d'activités. En ce qui nous concerne, nous flashons immédiatement avec William, en arrivant sur Pucon, sur le volcan Villarrica qui est encore bien enneigé. Très vite l'idée de se faire une petite rando à skis sur un volcan nous trotte dans la tête et nous mettons tout en oeuvre dans la journée pour profiter de la seule fenêtre météo favorable annoncée pour le lendemain. L'équipement est vite trouvé, mais la montée sans guide s'annonce plus délicate, soi disant que le parc national ne l'autorise pas. Renseignements pris, il faut simplement présenter un document attestant de nos capacités. Ce sera la carte CAF pour William et la copie de ma carte professionnelle pour moi. Nous ressortons avec les autorisations en poche et négocions dans la foulée le transport au pied du volcan avec une compagnie de guides. Le lendemain nous attaquons en mode excités les 1400m de dénivelé qui nous séparent du cratère, au milieu des cordées de touristes dont les trois quart n'arriveront pas au sommet. Nous attaquons sur une méchante glace qui nous oblige à faire les deux derniers tiers de la montée en crampons et nous met les pieds en bouillie. En haut, nous arrivons les premiers au cratère fumant et nous nous accordons une bonne pause pour profiter du panorama et de l'ambiance magique. La descente est juste sublime avec une belle couche de gros sel qui tient sous les skis. C'est le bonheur total et nous sommes particulièrement contents d'avoir réussi ce coup.

Pucon au pied du volcan Villarrica avec son cratère fumant  
Une fois les files des compagnies dépassées la voie est libre vers le cratère 
Pour profiter du sommet et de la descente 

Comme la fête devait être complète nous retrouvons Vincent et Jérémy, nos enfants adoptifs de voyage que nous avions laissé à Salta. De bonnes soirées et des parties de rigolade tous ensemble, que du bon temps.

Ambiance garantie chez les Frenchies cyclistes 

En partant de Pucon nous avons tracé plusieurs routes. Pour l'instant nous nous dirigeons de nouveau vers l'argentine par la route des lacs Chiliens en passant par le lago Calfaquen, puis nous longerons le lago Panguipulli pour aller prendre un bateau à Puerto Fuy (puisqu'il n'y a pas de route) , et traverserons le lago Pirihueico, direction San Martin de los Andes après avoir longé les lagos Nonthué et Lacar. Nous nous trouvons bien en Patagonie et les étapes nous enchantent, même si on les préférerait un peu moins raides par moments, avec une météo moins imprévisible, qui nous fait passer de la doudoune, gants et bonnet aux baignades dans les lacs deux heures après. Quand aux bivouacs au bord des lacs, on les trouve plus reposants que les nuits à l'hotel.

En arrivant sur le lac Calfaquen, superbe point de vue pour un arrêt casse croûte 
Un bivouac à Puerto Calfaquen comme on les aime, baignade, pêche et repos dans un décor de rêve avec le Villarrica bien en vue
Traversée du lac Pirihueico 
Avant de se coltiner 53km de ripio et 1000D+ avec des pentes tueuses pour rejoindre San Martin de los Andes en Argentine

Notre prochain objectif est la Carretera Austral au Chili que nous suivrons sur plus de mille kilomètres et qui promet des merveilles. Il s'agit de la route la plus célèbre qui existe en Amérique du Sud chez les cyclo voyageurs. Pour la rejoindre depuis San Martin où nous nous trouvons actuellement, nous avons deux options. La côte Chilienne en passant par les pittoresques îles Chiloe avec un climat très....humide, ou la région des 7 lacs argentins et le parc de Los Alerces en Argentine avec un climat plus sec, des truites et des asados. Pas encore totalement décidés mais avec une petite idée.

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Je dois vous faire une confidence, j'ai un problème avec Janine. Quelques mois en arrière, au début de son voyage, elle suivait docilement, s'adaptait à tout et découvrait ce continent avec une discrétion déconcertante. Aujourd'hui tout a changé. Elle décide, tempête, ordonne et s'impose avec une confiance tout aussi déconcertante. Imaginez qu'à l'hostel, s'il manque une serviette, si les lits ne sont pas faits ou pas assez de confiture au petit déjeuner, fini la crainte de ne pas se faire comprendre. Elle va immédiatement harponner le tenancier et lui demander des comptes dans son Francagnol élaboré. Sur la route, elle lève le poing aux nombreux chauffeurs irrespectueux en les traitant, bien en français cette fois, de tous les noms d'oiseaux. Et avec moi c'est encore pire. Terminé le temps où arrivé en haut des cotes je descendais à pied remonter son vélo. Elle n'accepte plus que d'être devant. C'est simple, je ne peux plus lui faire de photos que de dos, et lorsque à grand renforts de mal aux cuisses ma roue avant se porte à sa hauteur, elle se fait un malin plaisir à accélérer. Parfois, par ruse, j'arrive à prendre la tête. Je l'entends alors bailler collée à ma roue, puis très vite me dépasser en sifflotant.

Je crois qu'elle veut devenir chef !

Le voyage forge le caractère ! 

Notre journée de repos à San Martin de los Andes était la bienvenue. Non seulement nous avons échappé à des pluies torrentielles et un vent de folie, mais nous avons pu refaire le vélo de Janine. Son porte bagages réparé au scotch depuis la Bolivie à rendu l'âme et les deux vis étaient cassées dans le cadre. Grand soleil et vélo nickel, en route vers Villa Angostura, une autre station hivernale Argentine, en compagnie de William et Evelyne. La Patagonie sur la route 40 que nous suivons de nouveau, c'est un peu les montagnes russes le long de lacs et de forêts de pins avec un ciel parfaitement limpide, et il parait que nous avons beaucoup de chance. Cette belle nature et les températures agréables, avec des journées de plus en plus longues nous incitent à en profiter au maximum en multipliant les bivouacs et surtout en pratiquant notre nouveau dada, la pêche à la truite. Nous en sommes devenus dingues, au point que nous programmons nos étapes en fonction des spots, et guettons sur la route le moindre lac ou rivière pour sortir notre attirail.

Départ de San Martin de los Andes le long du Lago Lacar 
Notre étape bivouac à Lago Villarino spot de pêche et emplacement au plus près de la scène 
Avec un petit -2°et une bonne couche de givre le matin, mais dans un décor de rêve

En approchant de Villa Angostura nous traversons une rivière et comme nous sommes bien atteints par la fièvre pêcheuse, nous jetons un œil depuis le pont. Bingo! plusieurs monstres sont tapis au fond du lit, que l'on voit parfaitement dans une eau absolument transparente. On organise rapidement une stratégie d'équipe, Janine depuis le pont m'indique l'endroit où je dois lancer le leurre et de mon côté j'essaie d'être le plus adroit possible. Au bout de quelques lancers, nous arrivons enfin à décider une feignasse qui n'avait pas bougé à plusieurs reprises, de s'attaquer à notre cuillère et hop, une belle pièce pour le soir.

J'ai demandé à mes enfants quel était ce spécimen, il paraît qu'il s'agît d'un "Papatrèsfier" 

Nous nous trouvons alors en plein milieu de la région des 7 lacs et nous en prenons plein les mirettes. D'abord le Lago Correntoso, puis le Lago Espejo et enfin l'immense Nahuel Huapi que nous suivrons jusqu'à San Carlos de Bariloche. La route est exigeante mais le plaisir des yeux compense le mal aux cuisses.

Des montées, des descentes, du vert, du bleu dans le ciel, du bleu dans l'eau, c'est toujours pareil mais on ne s'en lasse pas 

La Patagonie nous plait, on veut profiter et prendre notre temps, alors c'est pas grave si après Villa Angostura nous faisons une toute petite étape pour trouver un spot de bivouac planqué dans les pins, au bord du lac, et avec plage privée de gravier granitique s'il vous plait. Nous avons repéré l'emplacement sur l'une des applications que l'on utilise pour le voyage, mais on y croit à peine tant les bords du lac sont inaccessibles dans cette végétation impénétrable. Je fais tout de même confiance à mon GPS et là, nickel chrome, il nous mène droit dessus et nous sommes conquis. A deux pas de la route, caché par la végétation, il faut descendre les vélos et tout notre barda par un petit chemin mais ça vaut vraiment le coup. Tout y est comme décrit dans l'appli participative. Du bois à profusion, un espace plat pour la tente, la petite plage, il ne manque plus qu'à s'assurer que les truites sont au rendez vous.

Un super coin de bivouac pour repos, pêche et  dégustation
 Et aussi pour changer de tête

Bariloche on nous en a tellement parlé comme une étape incontournable que l'on s'attendait à mieux. Trop grand, trop touristique, pas assez authentique. L'environnement est admirable mais la ville station hivernale Argentine qui se donne un air de Suisse jusqu'à imiter leur chocolat, mais avec de l’arôme artificiel de vanille et de la lécithine de soja, très peu pour nous. On garde leur viande et on leur laisse leur chocolat. Nous n'y resterons que 2 jours et uniquement pour tenter de récupérer mon cable d'ordinateur oublié à San Martin de los Andes.

Bariloche entre cordillère et Lago Nahuel Huapi 
Entre fondues, chocolats et chalets en bois nous sommes perdus 

Après Bariloche, une petite pause à El Bolson, l'ancienne cité hippie, puis direction le parc national de los Alerces. Il parait que c'est beau, avec de magnifiques arbres millénaires, de bonnes places à bivouacs au bord des lacs, des rivières et donc....des truites. Un programme bien émoustillant pour nos sens et notamment nos papilles.

Bien que la route des 7 lacs s'arrête officiellement à Villa Angostura, ils sont encore nombreux sur notre route 
Pour le plus grand plaisir de Janine 

El Bolson est une jolie ville, bien plus petite et moins touristique que Bariloche, et ça on aime. Alors, on décide de faire une pause, d'autant plus que les dénivelés ne nous épargnent pas ces derniers temps et nous sommes bien fatigués. Deux lieux incontournables en marge des guides touristiques, la ferme humus, qui produit tout en bio et vend sur place. Fruits rouges, fromage, yaourt, morilles et glaces à tomber par terre. Vous nous connaissez, nous avons pris de tout, et le soir le poulet aux morilles préparé par votre serviteur à fait saliver tout l'hostel. Puis le Cajon du Rio Azul, un estrecho absolument à visiter. Bon, je vous avoue que nous on était plus attirés par les truites du Rio Azul que par son Cajon. Alors on a pris une bonne suée avec nos vélos pour aller le voir mais le soir on avait une belle truite à mettre sur le barbecue, avec quelques autres amuse gueule.

Le rio azul, jardin de notre activité préférée et un bon barbeuc le soir 

Sur la route vers les Alerces, ça faisait longtemps que ça ne nous était pas arrivé mais en passant, l'endroit nous paraît bien accueillant, alors on décide de se faire une pause café, et vous savez quoi ? On tombe en plein chez Butch Cassidy ! Enfin, là où il est venu se planquer 4 ans lors de sa cavale après une longue série d'attaques de banques et de trains. Un petit musée a été créé, le café est excellent et le gâteau au citron hummm!

Nous avons attaché nos montures devant le saloon et quand la pistolera a commandé ça n'a pas traîné

La route 40 et sa circulation est derrière nous et ce n'est pas pour nous déplaire. Nous soufflons et profitons bien sur la route provinciale 71 en direction du Parc National de los Alerces. D'accord, on a troqué le goudron pour de la piste et des pentes bien raides qui font souffrir nos vieilles gambettes, mais quel bonheur de pouvoir rouler à deux de front en toute quiétude. Le vélo devient vraiment autre chose dans ces conditions.

En route vers los Alerces 

Manque de bol notre tranquillité n'a pas duré longtemps. Le lendemain, nous sommes à peine rentrés dans le parc que commence le défilé de voitures. On n'y croit pas trop au début mais à 10h00 ça s'intensifie, et à force de se poser des questions on comprend. Nous sommes en we, le ciel est bleu et ce sont les premières journées de chaleur dans ce printemps austral, alors tous les argentins se sont donné rendez vous pour des sorties nature au parc national. Rajoutez à cela un sale ripio avec une couche de gros gravier qui nous fait faire des embardées tous les 200m, des pentes meurtrières et des tonnes de poussière au passage des voitures et la fête que l'on se faisait du parc se transforme en cauchemar.

Le parc de los Alerces et son méchant ripio qui fait souffrir montures et cavaliers, mais tellement beau...

Alors comme on ne veut pas se gâcher la fête, on laisse les pistes aux Argentins le temps du we et on se rabat sur les bivouacs et la pêche. Et là les amis, bonne pioche! Un régal de se trouver des petits coins sous les pins au bord des lacs, de se baigner heuuuu.... dans l'eau glacée, de sortir des maousses truites comme des pro et les cuisiner sur les braises, à la poêle, ou en carpaccio. Un bonheur de se reposer en pleine nature et prendre son temps. Amis cyclo voyageurs, surtout n'hésitez pas à amener votre canne à pêche si vous passez par la Patagonie, c'est un complément bien agréable et nous en avons déjà converti plus d'un.

Bivouac au bord des lacs et pêche pour oublier un peu le vélo 

Nous venons de repasser au Chili et nous nous reposons à Futaleufu . Il nous reste une étape pour rejoindre la Carretera Austral et ce sera la grande descente vers le sud le long de la côte chilienne. Nous évitons d'y penser mais ça sonne la fin de notre voyage alors qu'il nous reste encore du très dur et du très exigeant. On essaie de se concentrer en se disant qu'il nous faudra toute notre énergie et motivation pour passer sereinement les deux mois et demi qu'il nous reste, mais c'est tellement tentant de penser au bonheur des retrouvailles avec la famille et les amis.

A très bientôt.

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Je viens enfin de découvrir un bug à notre carnet de voyage. Depuis 2 ans il fait docilement tout ce qu'on lui demande mais aujourd'hui il ne veut pas passer la barre des 10000km, alors que Paulette affiche 10098km en Amérique du Sud. Serait ce nous qui en faisons trop, ou la page web qui n'imaginait pas que deux petits vieux pourraient dépasser ce chiffre symbolique?

Pour fêter ce cap voici deux vidéos de nos dernières étapes concoctées par Janine.

Entre Chili et Argentine, la route des sept lacs 
Encore des lacs, des truites, de beaux bivouacs et du soleil 
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Puerto Rio Tranquilo : 10350 km

Avant de rejoindre la carretera austral il nous reste un bout de piste le long du beau rio Futaleufu gonflé par ses eaux de printemps, qui est aussi un haut lieu du raft et du kayak. En ce qui nous concerne, nous repérons une petite plage qui nous tente bien pour casser la croûte à midi et bien sûr tester le rio côté truites. A peine la ligne dans l'eau, nous attrapons coup sur coup, deux belles pièces de perches truites et voilà le repas du soir assuré.

Rio Futaleufu, Kayak, Rafting et Pêche garantis 

Nous arrivons enfin à la jonction avec la Carretera Austral à hauteur de Santa Lucia, avec un ciel couvert, un temps humide et un léger vent, tout y est pour la bienvenue et donner le ton de ce qui nous attend.

Un accueil de la carretera austral pas des meilleurs. Grisaille, humidité et gros cailloux sur la piste 

La carretera austral c'est la route patagonne chilienne qui court sur 1240 km entre les villes de Puerto Montt et Villa O'Higgins. Inaugurée en 1986, cette voie réalisée sous le régime de Pinochet, avait pour objectif de relier les communes isolées de cette région reculée de Patagonie, sans être obligés de passer par l'Argentine ou par voie maritime. La piste d'origine a commencé à être goudronnée depuis le nord et il ne reste plus, au grand dam des puristes, que la moitié de la route en vrai ripio sur l'ensemble de sa longueur. Aujourd'hui, son caractère sauvage a conquis les voyageurs des quatre coins de la planète, qui viennent par centaines découvrir ce bout du monde fait de forêts, rivières, lacs et sommets enneigés, en camping car, à vélo ou à pied.

Du soleil de la pluie, du gravier ou du goudron, mais toujours du vert sur la carretera austral 
A cheval sur le chemin de l'école, à vélo ou à pied jusqu'en Alaska, tout le monde parcourt cette voie mythique. 

Perchés sur nos montures, notre perception de la carretera austral est très contrastée. Nous passons au cours de la même journée, du banal à l'unique, du dégoût à la félicité, du ras le bol à la facilité, du froid au chaud.

Au chapitre des difficultés chaque matin, quelque soit le temps au départ de l'étape nous entassons les tenues de pluie et de froid au dessus des sacoches prêtes à être utilisées. Nous changeons de vêtements au rythme des grains de pluie et de vent, alternant avec du grand soleil plusieurs fois dans la journée. Chaque passage de véhicule est vécu comme une agression, parce que la route est très étroite, que nous sommes inondés de poussière, qu'ils passent trop vite et trop près, que nous sommes obligés de nous déporter sur le coté là ou la couche de gravier est la plus épaisse et nos vélos impossibles à piloter. A chaque virage c'est un nouveau défi contre le vent toujours présent. Dans le dos nous filons tout sourire, de côté attention à l'équilibre avec la prise au vent de nos sacoches et le poids de nos vélos, de face c'est serre les dents et lutte. Après chaque descente nous nous demandons si la côte suivante sera encore à plus de 10% ou non, si la surface sera faite de gros graviers qui roulent sous tes pneus ou bien de tôle ondulée qui te meurtrit le corps, use le matériel et te met les nerfs a vif, et si les virages seront inclinés au point de devoir descendre de vélo si ta trajectoire initiale n'est pas parfaite. Chaque portion de route doit être étudiée pour savoir combien de bivouacs et de provisions seront nécessaires entre des villages bien éloignés les uns des autres (entre 100 et 150km), avec au milieu de la forêt, encore de la forêt, des rivières et des lacs.

Le ripio qui détruit autant les corps que le matériel
Explication de texte avec un des routiers qui nous frôlent inconsciemment. Celui ci à fait l'erreur de s'arrêter un peu plus loin 

Mais la Carretera Austral c'est aussi des bivouacs magiques au bord de rivières ou de lacs complètement isolés rien que pour nous, des feux de camps avec des truites qui grillent, la surprise de trouver une cabane abandonnée au bord de la rivière pour passer la nuit à l'abri du vent et de la pluie, les sourires qui reviennent dès que le soleil apparaît et que les paysages deviennent d'un coup somptueux ou les eaux absolument transparentes du lago General Carrera. Nous enchaînons souvent les bivouacs parce que les distances sont trop longues entre les villages, les hébergements de plus en plus chers, mais aussi parce que les beaux coins pour planter la tente au bord des rivières sont très nombreux.

Des bivouacs, de nouvelles recettes, des cabanes abandonnées, des feux de camp et des truites, le charme de la carretera austral. 

A Puyuhuapi nous arrivons au bord du Pacifique et nous offrons un bon gueuleton avec des produits de la mer au restaurant "Mi Sur", absolument recommendable. Ensuite nous continuons en direction du Parc Queulat le long des fjords. Nous avions projeté de faire une petite randonnée pour aller observer le glacier suspendu El Ventisquero Colgante, mais des nuages restent accrochés au sommets nous font craindre de ne pas avoir la visibilité, alors nous passons la route. Nous prenons aussi conscience de notre latitude sud en observant autour de nous des sommets enneigés tout proches et des champs de glace alors que nous sommes pratiquement au niveau de la mer.

La côte de Queulat nous emmène au plus près de la neige et de petits glaciers qui nous paraissent tout proches  
Au bord de la côte pacifique truffée de fjords, Puyuhuapi et le restaurant "Mi Sur" à ne pas louper. 

Peu après midi, en longeant le rio Cisnes, je m'aperçois que mon compteur affiche déjà plus de 1000m de dénivelé positif. J'en ai bien marre de pédaler, le rio Cisnes me fait de l'oeil et c'est la 3ème étape de suite à plus de 1000m, alors stop. En fouillant le long de la berge, je débusque une petite plage de rêve au bord de l'eau. D'accord, elle est trop petite pour installer notre tente et trop en pente pour dormir correctement. Qu'à cela ne tienne, j'arrive à convaincre Janine qu'en terrassant un peu le sable nous obtiendrons une surface plane, de la largeur de nos deux matelas et si on tend le tarp au dessus de nos têtes le tour est joué, d'autant plus que le temps est au beau. Notre naïveté d'alors n'avait d'égal que notre manque d'expérience de la carretera austral et de ses caprices météo. Toute la nuit nous avons pris la pluie serrés sous notre tarp, avec de l'eau qui dégoulinait de chaque coté et au petit matin, même si nous avions préservé l'essentiel tout était bien humide. Nous attaquons l'étape bien fatigués mais aussi bien motivés pour s'attaquer au 85km et 1000D+ qui nous séparent de Manihuales, pour se mettre au sec chez Dona Ruth.

Un joli bivouac un peu plus osé que d'habitude au bord du rio Cisnes.... 
Qui se termine sous un déluge en mode survie 

Sur le vélo je viens de passer les 10000 km en Amérique du Sud mais j'ai bien du mal à me motiver et me traîne lamentablement en raccourcissant les étapes, avec une seule idée, arriver à Coyhaiaque pour nous reposer quelques jours et retrouver la tribu des Frenchies cyclistes. De bonnes bouffes, des parties de rigolade et de conversations passionnées en perspective, que du bon. A Coyhaiaque nous profitons d'être ensemble et fixons notre point de chute pour la veillée de Noël. Comme les villes se comptent sur le bout des doigts le long de la carretera, ce sera Puerto Rio Tranquilo au bord du lac Général Carrera et la date importe peu, entre le 23 et le 25, l'essentiel étant de passer une bonne soirée. Ensuite chacun reprend la route à son rythme en fonçant ou faisant des détours pour découvrir des lieux ou sites qui intéressent les uns ou les autres. Les rares fois où nous posons notre barda dans des villes disposant d'une connexion internet, nous évoquons aussi notre retour avec Janine. Pour l'instant, nous n'avons pas encore franchi le pas de la réservation de notre billet d'avion. Indécis sur la date, nous hésitons à nous fixer des limites et être pris par le temps, sans pouvoir profiter des sites où nous allons passer. Alors nous remettons chaque fois à plus tard.

Le passage des 10000km sur la route australe avant de se retrouver en bonne compagnie à Coyhaiaque 

Comme nous sommes bien en avance pour notre rendez vous de Noël, que les paysages sont sublimes et les routes meurtrières, nous continuons notre route tranquillement en mode escargot jusqu'à Puerto Rio Tranquilo. Lorsqu'en haut d'une côte nous découvrons le lac General Carrera, il faut avouer que dame nature nous en met encore une fois plein la vue. Son bleu irréel, son immensité, ses abords, tout nous subjugue et nous oublions un instant le ripio, la fatigue et les maudites pentes chiliennes. Si bien que nous décidons tout de suite de passer une nuit à Bahia Murta, au tout début du lac, histoire de profiter d'une belle journée sur les berges et taquiner la truite.

Le lac General Carrera nous hypnotise à chaque virage 

Puerto Rio Tranquilo est un joli petit village au bord du lac, qui vit essentiellement du tourisme et notamment des visites aux Capillas et Catedral de Marmol. Il s'agît de formations rocheuses de carbonate de calcium érodées par l'eau, sur les berges du lac ou sur des îlots proches du village. Devant la tempête de vent et le temps incertain qui sévissent, la sortie aux capillas que nous avions prévue en kayak se transforme en balade agitée en barque sur un lac démonté. Sincèrement, même en mode touriste c'est une curiosité à ne pas manquer.

Puerto Rio Tranquilo ou le spot parfait pour célébrer Noël 
Impressionnantes formations minérales de carbonate de calcium

Ensuite nous concentrons nos efforts sur la recherche d'une "Cabana" assez grande pour les 6 Frenchies Cyclistes, que nous parvenons à dégoter au Camping Bellavista. De la place, une cuisinière à bois, un four, c'est tout ce qu'il nous faut pour préparer nos festivités de Noël que nous décidons d'avancer au 23 décembre. Au programme, cuisine et encore cuisine, un peu de pêche, la visite des Cathedrales de marbre et bien sur des tonnes de rires et de complicité. Au final nous arrivons à nous procurer in extremis un demi agneau directement livré de l'île où ils paissent tranquillement, et ceci malgré la tempête qui sévit sur le lac. Foi de Bigourdan hyper chauvin, même les vrais Pyrénéens ne valent pas l'agneau Patagon. Un sacré délice arrosé de Casillero del Diablo, et la fête est belle.

En cuisine ça s'active sévère et le résultat est plus que satisfaisant 
La bande de Frenchies au départ le matin d'après réveillon 
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El Chalten: 10 794 km

Dur dur l'après réveillon de Noël en sortant de Rio Tranquilo. Même avec un départ tardif la piste semble plus dure que d'habitude et mon corps n'accepte plus d'être secoué dans tous les sens. Au 40ème kilomètre la propriété agricole que nous longeons au bord du lac Général Carrera nous fait de l'oeil et nous semble parfaite pour passer la nuit. Comme d'habitude tout est clôturé, et au moment où nous ouvrons le portail à bestiaux le propriétaire nous interpelle gentiment. Il part à la ville pour passer le réveillon et nous propose de nous installer à coté de sa maison devant le lac. Nous voilà chez nous avec deux énormes cerisiers bien chargés qui nous tendent les bras. Bonne surprise après une étape plus que pénible.

Janine a le sourire le long du General Carrera 
Comme à la maison avec cueillette de cerises en prime 

Le temps est au beau fixe et nous prenons un grand plaisir à rouler le long des lacs malgré l’exigence de la piste. Nous enchaînons le Général Carrera, le lago Bertrand, le lago Negro en prenant notre temps pour profiter de ces excellentes conditions météo que nous savons éphémères. Les étapes sont volontairement courtes pour passer du temps dans les bons sites à bivouac qui foisonnent au bord des lacs ou des rivières. Pêche, feu de camp, grillades, repos, c'est toujours le même programme mais on ne s'en lasse pas.

"El desaguadero ", c'est ici que le General  Carrera se jette dans le lago Bertrand, spectacle et point de vue grandioses

Pour atteindre Cochrane où nous avons prévu un jour de repos, nous passons par Puerto Bertrand puis nous suivons le majestueux Rio Backer au débit impressionnant et à la couleur envoûtante.

Puerto Bertrand avec un super bivouac à la naissance du rio Baker et deux truites dans la poêle pour améliorer l'ordinaire  
Petit détour pour découvrir la confluence entre le Rio Baker et le rio Nef 
Route magique le long du rio Baker 

A Chochrane Vincent et Jeremy nous rattrapent, alors qu'ils ont fait la même route que nous et un glacier en prime. Nous décidons pour notre plus grand plaisir de faire un bon bout de route ensemble et si tout va bien, pourquoi pas jusqu'à Ushuaïa. Nous enchaînons les bivouacs à quatre et Janine nous régale de surprises culinaires préparées sur place et cuites au feu de bois. Les petits pains maison fourrés au fromage et cuits sur une pierre font l'unanimité à l'apéro, les papillotes de légumes avec saucisse ou truite et les Pancake de Jérémy nous régalent les papilles.

Heureux de retrouver les frangins à Chochrane et de partager des bivouacs où un rien nous régale, même le huemul nous rend visite

Alors que nous roulons tranquillement Vincent s'arrête au milieu de la piste, fait un signe à Jérémy et voilà les deux frangins qui se mettent à danser et à s'enlacer. D'un coup on se demande s'ils n'ont pas fumé ou trop pris le soleil, mais on réalise que ni l'un ni l'autre sont possibles, alors quoi ? Tout simplement ils viennent de franchir la barre des 30000 km depuis le Canada. Un grand moment d'émotion et un privilège de vivre ces instants avec eux. Bref, la vie était belle avant que la météo nous prenne pour cible et nous punisse à chaque étape.

Un grand moment avec remise des prix et belles émotions 

Il pleut depuis cinq ou 6 jours et ça commence à bien nous porter sur le moral. C'est parfois des averses, parfois une petite pluie fine et pénétrante mais toujours glaciale, et surtout, nous n'espérons plus aucune accalmie. C'est la règle de la Carretera Austral, si tu veux tenir le coup attends toi à toujours plus de pluie, plus de pentes à 10%, plus de pistes avec des cailloux, plus de vent de face et si ça s'améliore prend ça comme du bonus mais surtout jamais comme acquis. Heureusement la compagnie de Vincent et Jeremy nous aide à nous remotiver. Tous les vêtements de pluie sont sur nous. Pantalon et veste de pluie, sur chaussures et gants, nous avons même coiffé nos mains de sacs plastiques pour protéger nos gants qui ne sont pas étanches. Les programmations d'étapes que nous avions faites ne sont plus d'actualité, nous nous adaptons en fonction de notre résistance aux conditions météo. Lorsque ça devient trop dur nous guettons la moindre opportunité pour nous mettre à l'abri. Nous sommes même devenus des spécialistes pour débusquer les cabanes abandonnées ou les "estancias" avec des fermiers bienveillants. Alors, ces moments de répit deviennent un délice. Orfelina et sa fille qui nous accueillent sous des trombes d'eau pour nous réchauffer puis nous préparent un bon repas, la cheminée ou la cuisinière à bois que l'on découvre dans une maison abandonnée, les truites que nous arrivons à pêcher après des journées de soupe au pâtes deviennent des parenthèses qui nous font oublier la rigueur des étapes et nous mettent du baume au cœur.

De la pluie, toujours de la pluie encore de la pluie 
Ponctuée de très bons moments dans la maison d'Orfelina 
Ou dans des abris de fortune 
Sans oublier de se faire du bien parce que la nourriture est  devenue une obsession dans notre quête à un peu plus de confort

Nous fêtons le nouvel an à Caleta Tortel, un joli village en bord de mer exclusivement piéton construit tout en passerelles. Cette originalité nous tente au point de faire le détour nécessaire de 20km sous la pluie. Nous sommes bien accueillis par Nicole et Francis dans une cabana bien douillette, mais malheureusement nous devons nous contenter de poulet surgelé pour le réveillon tellement ces villages du grand sud sont mal desservis.

Caleta Tortel que nous aurions préféré sans pluie et de la bonne humeur au réveillon malgré le poulet congelé 

Après Caleta Tortel, la bonne nouvelle c'est que nous sentons Villa O'Higgins toute proche et par conséquent la fin de la carretera austral qui commence à bien nous peser. Soulagement, le temps s'améliore et les paysages changent pas mal. La végétation s’appauvrit et bien que nous ne soyons qu'à 200 ou 300m d'altitude nous percevons les glaciers juste au dessus de nos têtes. C'est le sud du sud qui approche. Un gros morceau de notre voyage s'achève et nous sommes comblés de l'avoir terminé.

En route vers Villa O'Higgins 
Fin de la Carretera Austral, enfin arrivés et bien soulagés 

Villa O'Higgins est un cul de sac au bout duquel la route s'arrête irrémédiablement. Pour continuer vers le sud ce n'est possible qu'à pied ou à vélo, en embarquant sur un bateau qui traverse le lac O'Higgins en 3h, puis le lac Desierto en 40mn. Entre les deux, un "no man's land" de 20km nous attend, qui sépare le Chili de l'Argentine. Dans cette zone un chemin empierré à remplacé la piste sur 13km, suivi d'un sentier dans les bois de 7km. C'est « The passage », qui hante les nuits de tous les cyclo voyageurs roulant dans ces contrées. Une journée à pousser le vélo, traverser des ruisseaux, franchir des troncs ou monter des talus. Franchement, en ce qui nous concerne nous abordons ce secteur le sourire aux lèvres. Nous sommes quatre et nous avons confiance en nos moyens. Les dix premiers kilomètres passent comme une fleur malgré les côtes infernales où nous devons pousser à deux nos chars d'assaut dans les cailloux. Ça se gatte brusquement lorsque Vincent casse sa roue libre en même temps qu'une pluie glaciale nous rend visite. Après deux essais de réparation infructueux, nous avons perdus une heure, nous sommes trempés jusqu'aux os, le thermomètre affiche 4,5° et il nous reste 7km de sentier dans les bois, c'est à dire la partie la plus costaud. A partir de là plus de chichi. Nous fonçons avec une seule obsession, arriver avant la nuit et nous mettre au sec. Nous traversons les ruisseaux en pataugeant dans l'eau sans nous préoccuper des troncs mis en travers pour passer au sec. Dans les descentes nous n'arrivons plus à retenir les vélos, nos chaussures glissent dans la glaise et les patins ne fonctionnent plus. Chacun notre tour, nous réussissons à trouver le courage pour nous remotiver et faire quelques photos ou vidéos de ces instants mémorables. Arrivés enfin au bord du lac Desierto à 19h, trempés jusqu'à la moelle, frigorifiés, il pleut et vente comme jamais et nous savons que nous passerons la nuit ici puisque le seul bateau de traversée passe à 11h du matin. Au poste de migration Argentin, tremblants, dégoulinants, nous tentons d'attendrir le douanier pour nous offrir un endroit au sec mais c'est sans espoir. Ce sera la tente et sans feu de camp nous dit-il, à cause des risques d'incendie. En d'autres circonstances ça nous aurait fait rire.

Traversée du lac O'Higgins détendus 
Sur le chemin empierré les poussettes s'enchaînent mais nous sommes encore au sec 
Après la deuxième réparation nous sommes définitivement trempés 
Alors nous fonçons sans nous préoccuper des glissades ni de la fatigue 
Pour enfin pouvoir se poser et manger 
Une petite vidéo pour apprécier en images 

Nous venons d'arriver à El Chalten. Sur les 30km entre le lago del desierto et El Chalten nous avons goutté au vrai vent de Patagonie. Des rafales à plus de 80km/h qui nous poussent pour l'instant dans le dos, mais nous tremblons, et commençons à élaborer des plans lorsque nous l'aurons de face. El Chalten c'est le Chamonix Argentin. Le Fitz Roy, le parc national des glaciers, un environnement de pics splendide à portée de main, tout ça attire beaucoup de monde d'autant plus que nous sommes maintenant en haute saison. Nous qui rêvions de confort en arrivant dans cette ville nous nous retrouvons, une fois de plus sous la tente parce que tous les hostels sont pleins. Au programme quelques belles randos......si le temps le veut!

PS: Nous avons enfin pris nos billets de retour, ce sera fin février. Date précise et programme des festivités dans notre prochain article!

KM
9999

Punta Arenas: 11536 km

Nous vous avions quittés à El Chalten où nos rêves de confort sont revus à la baisse. En arrivant dans ce village, après notre dure et humide traversée dans les bois nous sommes bien décidés à nous payer un peu de bon temps, et la boulangerie Hostel "Las cuatro estaciones" qui nous à été recommandée ne répond pas à nos exigences. Lits en dortoirs trop sombres et sans intimité, propreté négligée dans les espaces communs et personnel peu disponible. Nous décidons aussitôt de chercher mieux et une heure trente plus tard nous avons parcouru la ville en long et en large sans succès. En cette période estivale tous les hostels sont complets et les seuls hébergements disponibles pratiquent des prix prohibitifs. Et oui, le temps où tout était à portée de notre porte monnaie comme au Pérou, en Bolivie où même dans le nord de l'Argentine est bien terminé. Ici, dans le grand sud, les prix sont comparables à ceux de l'Europe voire au dessus. Alors nous voici de retour à notre boulangerie hostel, tout penaud, quémander un lit, mais comme il n'y a pas de pitié pour les gens difficiles, l'hostel s'est rempli entre temps. Heureusement "el dueno" nous propose généreusement un carré de pelouse pour planter la tente, en plein vent, dans le jardin. Nous nous consolons avec l'autorisation d'accès à la cuisine et aux sanitaires, où le désordre et le négligé règnent en maître dans un espace où rien n'est géré. Mais comme nous avons appris à nous adapter rapidement, nous passons tout de même du très bon temps en compagnie de Vincent, Jérémy, William et Evelyne.

Un bout de jardin pour notre séjour à El Chalten mais aussi des tablées bien animées 

El Chalten, c'est la capitale nationale de la randonnée. Le village créé seulement en 1985 pour rendre accessibles les nombreuses randonnées depuis le bourg, n'existe que pour le trekking. En 1991 c'était encore un hameau de 41 habitants, et voici 15 ans il n'y avait qu'une piste en terre pour accéder à ce temple de la montagne. Aujourd'hui les hotels 4 étoiles jouxtent les boutiques de marques ou les restos chics, et les terrains se négocient en centaines de milliers de dollars. Les hébergements sont pleins de marcheurs inexpérimentés, venus découvrir des sommets magiques par des chemins savamment aménagés, et nous, pauvres voyageurs devons nous contenter d'un carré de pelouse. Mais il faut avouer que la réputation du lieu n'est pas usurpée. Les deux randonnées que nous avons faites sur les sites majeurs, le Cerro Torre et surtout le Fitz Roy, avec une météo exceptionnelle nous ont comblées. Le spectacle des pics aussi acérés que majestueux, habillés de leurs écharpes glaciaires et coiffés par moments de petits nuages est à couper le souffle. Malgré la flopée de touristes nous sommes sous le charme, et restons de longs moments à les contempler sans un mot.

En route vers le Cerro Torre, comblés par la météo et impressionnés par le spectacle 
Bien excités de partager ce moment mais frustrés de ne pas aller voir de plus près 
La magie du Fitz Roy opère tout le long de l'approche 
 Jusqu'à le découvrir face à la Laguna de los tres

Nous partons de El Chalten à 3, Janine préférant rejoindre El Calafate en bus et ça fait bien les affaires de Vincent qui, après son épisode de galères avec sa roue libre cassée se retrouve avec le vélo de Janine, roues de 29' et super léger, autant dire une partie de promenade pour lui. Nous rejoindrons Janine dans deux ou trois jours, c'est le vent qui décide. A la sortie de El Chalten, le changement est spectaculaire. Plus un seul arbre à l'horizon, nous sommes dans la pampa Argentine faite seulement de broussailles et de vent. Sur les 220km qui nous séparent de El Calafate, non seulement il n'y a aucun village ni hameau, mais il n'existe qu'un seul hôtel où ne nous arrêterons pas. Nos étapes sont programmées avec le souci de nous protéger du vent dans des maisons ou hôtels abandonnés que nous repérons sur notre application voyageurs. Nous savons que le début de la première étape devrait rouler fort avec du vent dans le dos, par contre les 30 derniers kilomètres avec un vent de travers promettent d'être plus costauds. Nous avons prévu une étape de 120km jusqu'à un hôtel abandonné, seul refuge dans cette pampa interminable. Le vent est bien présent en partant de El Chalten et malgré les nombreux arrêts photo et rencontres nous avalons 90km en 3h00, et il nous faudra 2h de plus pour faire les 30 suivants. Nous nous installons dans la maison rose « Luz divina », hôtel abandonné bien connu des cyclo voyageurs. Vu la quantité de graffitis, messages et dessins de toute sorte il est évident que cette bâtisse est un arrêt incontournable pour les cyclos voyageant dans ces contrées.

Bien motivés au départ de El Chalten 
Malgré un temps couvert la vue du Fitz Roy dominant El Chalten est bluffante 

Quand Damien, Sandrine, leurs enfants, plus un autre couple que nous ne connaissions pas nous doublent avec leur camping car et s'arrêtent pour un dernier au revoir et nous souhaiter bonne route, c'est un super moment de convivialité et un ravitaillement surprise bien agréable.

Un petit intermède bien sympa au milieu de l'étape 
Une bonne nuit à l'abri du vent dans la maison rose au milieu des graffitis

Nous passons une excellente nuit dans la maison rose et attaquons à 6h30 le matin pour éviter le vent au maximum et essayer de boucler les 100km qu'il nous reste jusqu'à El Calafate où nous attend Janine. A 8h30 lorsque le vent de travers commence à bien nous ralentir, on craint déjà que les 2h gagnées ne suffisent pas à nous sortir d'affaire. Au kilomètre 65, en traversant le pont qui enjambe le rio Santa Cruz, il ne nous reste que 35km pour boucler notre étape mais nous savons que 5km plus loin la route tourne à 90° et ce sera vent de face jusqu'à El Calafate. Les rafales dépassent déjà les 60km/h à midi et ça ne fait que se renforcer jusqu'au soir, donc c'est une lutte perdue d'avance. Par conséquent direction les ruines juste après le pont pour passer la nuit en se faisant secouer comme des pruniers.

Belles couleurs du matin dans la pampa argentine

Lorsque le vent se calme et nous autorise à lever les yeux notre regard embrasse les immensités de la pampa argentine et nous prenons conscience du privilège que nous avons de rouler dans ces paysages.

Seuls au monde ou presque dans la pampa  
Et quand la turbine se met en route tous les abris sont bons pour souffler un peu 

Dans ces territoires vierges d'habitat humain la faune est bien présente. Nous voyons régulièrement les Guanacos, autruches, lièvres, renards et condors. Nous trouvons aussi très souvent des cadavres sur la route victimes de la circulation. Mais ce qui nous choque le plus ce sont les majestueux guanacos pendus aux clôtures de barbelés qu'ils n’ont pas réussi à franchir. Ces images nous révoltent autant que cette manie de clôturer avec du barbelé des kilomètres de terres uniquement pour délimiter la sacro sainte propriété privée.

Le seigneur des Andes sur fond de Fitz Roy 
Guanacos, autruches, flamants roses et même une carcasse de puma sur notre route

Après les rafales de la veille nous sommes bien décidés à éviter le vent et nous programmons un réveil à 3h30 du matin. Peine perdue, malgré un départ à 5h00 de nos ruines, nous bataillons encore une fois avec Eole sur les 36km jusqu'à El Calafate. Nous arrivons à 8h du matin pour un bon petit déjeuner, chouchoutés par Janine, William et Evelyne et ramenons un beau lièvre récupéré encore chaud sur la route, dont William nous régalera le soir avec un excellent civet concocté par ses soins.

Dans nos ruines à l'abri du vent on se console avec une truite fraîchement pêchée, puis départ au petit matin 
Pour retrouver les nôtres et passer  de bons moments

Qui dit El Calafate dit Perito Moreno, tellement la ville est indissociable de cette merveille de la nature. Il faut l'avouer, le détour de 70km aller et retour à vélo que nous impose le passage par cette ville, plus les 2h de voiture pour accéder au glacier, ainsi que les frais occasionnés, ne pèsent rien dans la balance au retour de la visite. Avec ses 5km de front et 60m de haut, le glacier Perito Moreno est un spectacle grandiose. Les installations mises en place par le parc national permettent de parcourir une grande partie de son front sur des passerelles à différentes hauteurs, puis se retrouver au plus près de la zone de rupture pour voir les blocs se détacher régulièrement et soulever des gerbes d'eau gigantesques en tombant dans le lago Argentina. Et c'est avant tout ce spectacle animé qui fait la magie du Perito Moreno. Bien sûr, ses dimensions imposantes, ses couleurs irréelles, ses craquements sourds, ses masses de glace torturées par la pression nous en mettent déjà plein la vue, mais l'attrait majeur c'est bien qu'il est "vivant". La preuve, les centaines de personnes le doigt sur le déclencheur retenant leur haleine, pour saisir le moment où ce géant nous gratifiera de sa marche en avant. Sept cent mètres par an, soit deux mètres de progression par jour en moyenne, c'est l'un des rares glaciers de la planète à ne pas être en recul. Merci dame nature!

Une belle journée au Perito Moreno 

Après 5 jours délicieux chez Sebastian et Isabel, avec le plein de repos, de visites et de petits repas qui nous changent de notre quotidien fait d'avoine (on n'en peut plus de cette bouillie), soupe de pâtes, sandwich jambon fromage, nous sommes prêts à renouer avec la Pampa. Entre El Calafate et Puerto Natales c'est encore une fois 275km de steppes battues par le vent, avec quelques abris pour la nuit mais aucune possibilité d'acheter des provisions. Autant dire que Paulette est chargée à bloc pour 3 ou 4 étapes et les gambettes de Papy tremblent déjà à l'idée d'affronter le vent et le ripio avec cette charge. Pour les nuits comme il est préférable de trouver des abris que de monter nos tentes en plein vent, nous nous rabattons sur les postes DDE locale, les postes de police ou les postes frontière. Nous trouvons un accueil plus ou moins aimable selon les personnes mais toujours consentant, tellement les locaux sont conscients de la rigueur du climat dans ces latitudes.

Heureux de pédaler de nouveau ensemble vers Puerto Natales
Vélos au sol ou casse croûte à l'abri des barrières, c'est le vent qui commande 
Arrêt imprévu pour une opération sauvetage d'un Guanaco pris dans les barbelés, mais malheureusement bien amoché
Que ce soit sous un porche, dans un camion, ou dans des locaux abandonnés c'est toujours mieux que sous la tente 

Vous avez dit ripio? oui, nous pensions n'avoir que du goudron mais une piste de traverse nous fait gagner 80km et même s'il parait qu'elle est meurtrière, comme on est fous, on a signé. En réalité je vous assure que c'était encore pire que ce qu'on nous avait dit. Un enfer de 70km à se faire secouer, déraper, se déséquilibrer et nous avons eu beaucoup de chance c'était une journée sans vent. A ce jeu Janine à tenu 30km avant d'arrêter un 4x4, et en ce qui me concerne je pense avoir vécu, sur les 15 derniers kilomètres, le pire de mon voyage.

70km à pédaler dans la caillasse, où même en déployant son charme Janine n'a pas réussi à changer de monture 

Que faisons nous? c'est la question que l'on se pose en arrivant à Cerro Castillo. Notre journée de ripio plus l'étape suivante jusqu'à la frontière argentine, avec une tempête pile de face, où nous avons bataillé durant 25km et fini en 4X4, ont bien calmé nos velléités de découverte. Pour l'instant nous sommes calés dans la salle d'attente de la gare routière où nous décidons de passer la nuit et devons définir si nous passerons ou non par Torres del Paine qui est l'équivalent du Fitz Roy coté Chilien. Le problème c'est qu'il s'agît d'une boucle de 3 jours minimum, que les prévisions météo sont mauvaises, que nous n'avons plus de carburant pour le réchaud, que dans ce bled l'approvisionnement en nourriture est plus que limité, qu'il faut réserver les campings dans le parc national en période estivale et, qu'il faut l'avouer, nous en avons un peu marre de batailler. Alors tant pis pour Torres del Paine, nous fonçons vers Puerto Natales nous mettre au repos.

Sur la route del fin del mundo, Puerto Natales au bord de l'océan, c'est déjà le grand sud, bien accueillis par Margarita.

Cinq jours à ne rien faire à Puerto Natales, chouchoutés par Margarita dans son hospedaje Anoka, ça a aussi du bon! Nous nous décidons tout de même pour un aller et retour en stop à Cerro Castillo à l'occasion des fêtes du village pour découvrir les animations prévues autour du cheval et du bétail en général. Au programme, rodéo sur vachettes pour les grands et moutons pour les petits, travail des cavaliers au lasso et conduite du bétail. Au final une belle découverte du travail des gauchos sous forme de festivités, avec le cordero al palo en prime pour se régaler à midi.

Un impressionnant travail des Gauchos autour du bétail dans la bonne humeur, et une bonne ventrée de cordero patagon

Notre prochaine destination en sortant de Puerto Natales c'est la ville de Punta Arenas distante de 250km. Aucune autre alternative possible, parce qu'entre ces deux agglomérations n'existent que des immenses estancias où paissent des milliers de brebis. Les 4 étapes prévues sur ce tronçon auraient pu se faire en 2 étapes et demi grace à un vent globalement favorable, mais comme nous sommes très en avance sur le timing, nous prenons le temps, bien que le climat ne se prête pas au farniente. Les sacoches sont bourrées et les vélos chargés comme des mules pour 4 jours d'autonomie. Nous programmons des lieux de bivouac soit à l'abri des arbres, soit dans des maisons abandonnées ou des estancias qui accueillent les cyclistes. Et oui, les coins de pêche qui ponctuaient nos points de chute précédemment, sont délaissés au profit des abris du vent. Selon les jours nous l'avons eu jusqu'à 100km/h, et la question de savoir s'il y en aura ne se pose plus à ces latitudes. Pour le climat en revanche il n'y a aucune certitude, le ciel peut être parfaitement bleu et une demi heure après nous subissons une pluie glaciale, les averses arrivant en fonction de la vitesse du vent. Il faut l'avouer, plus le grand sud approche plus il faut aller chercher la motivation dans l'accomplissement de l'objectif. Tous les cyclo voyageurs sont d'accord sur le fait, que l'arrivée à Ushuaïa, n'a d’intérêt que par la valeur symbolique que représente cette ville de fin du monde. En effet, même si les contrées que nous traversons ne nous laissent pas indifférents par leur coté sauvage, immense et dépeuplé, il faut bien reconnaître que la monotonie consternante des paysages et la rudesse du climat rendent les étapes beaucoup moins attrayantes. Ainsi, il est beaucoup plus confortable de s'appuyer sur le groupe ,que nous formons depuis un mois avec Jéremy et Vincent, pour vaincre les coups de mou et préserver la dynamique indispensable au voyage.

Le départ à 6h du matin c'est toujours frisquet, mais le vent est moins fort et on profite de beaux levers de soleil 
Bivouac à l'abri des arbres au bord de la lagune Arauco et une jolie poêlée de patates pour sortir de notre soupe de pates 
Le vent du sud peut faire remonter les rivières ou sculpter une arbre isolé, il n'y a que les moutons qui ne le craignent pas 
La maison abandonnée de Morro Chico un bon abri pour une nuit agitée avec les tôles qui claquent au vent en fond sonore
Dans ces refuges pour cyclistes il est convenu de laisser une trace de son passage et nous ne dérogeons pas à la règle 
Entre deux averses un bel arc en ciel nous rend visite 

Pour la dernière nuit avant Punta Arenas nous avons programmé un arrêt à la Estancia Aurelia del carmen. Il s'agit d'une propriété au milieu de la pampa et bien que certains cyclos aient déjà été accueillis nous craignons un refus, tellement la perspective de monter la tente sans aucun abri végétal nous effraie. La stratégie c'est d'envoyer Janine devant. Les gauchos sont conscients de la rudesse de leur climat et une femme qui arrive avec une mine fatiguée sur son vélo est de nature à fissurer leur carapace. Aucune inquiétude avec Eduardo, nous voyons tout de suite qu'il est heureux de nous accueillir, partager son estancia et nous parler avec passion de ses terres et sa région. Ses grands parents ont récupéré les terres confisquées par Allende et Pinochet à un gros propriétaire anglais et on bâti cette estancia à la force du poignet. Lorsque le grand père est arrivé sur ses terres, il a monté sa tente puis construit, au fil des années ce qui existe maintenant. Quand on voit la rigueur du climat alors que nous sommes l'été, on imagine la détermination et la force morale que ces hommes et femmes ont du déployer pour devenir propriétaires. Aujourd'hui la estancia Aurelia del carmen possède un cheptel de 4000 moutons et 2000 agneaux répartis sur deux parcelles de 4000 hectares. Leurs revenus proviennent essentiellement de la laine qui part à l'exportation, et dans une moindre mesure de la viande des agneaux. Pour le futur, Edouardo aidé par son oncle Juan à un projet touristique pour montrer aux étrangers et autres vacanciers, que ce coin du monde n'est pas qu'une terre de désolation. Nous sommes installés dans la cabane que les "esquiladores" (tondeurs de moutons) utilisent durant la saison, équipée de lits, cuisinière à bois et une réserve de bûches nous permettant d'être en tee shirt. Autrement dit un palace cinq étoiles pour cyclos voyageurs. Nous sommes tellement touchés par leur gentillesse, que nous avons préparé un petit mot que nous leurs remettons le lendemain au moment de dire au revoir. En voyant le Quincho ouvert avec un grand feu allumé, nous pensons au début à une fête de famille, mais en s'approchant nous comprenons que leurs mines défaites ne correspondent pas à un moment festif. Le grand père fondateur s'est éteint dans la nuit, et en partageant leur détresse après avoir bénéficié de leur générosité quelques heures plus tôt, notre ascenseur émotionnel est au plus haut alors que nous ne connaissions pas cette famille 24h avant. Le voyage est décidément un tremplin affectif sur-puissant dans certaines situations.

Superbe accueil à la estancia Aurelia del Carmen où les balles de laine sont prêtes à partir pour l'exportation 
C'est aussi l'heure de la sieste, bien à l'abri et au chaud pour récupérer des 95km à jouer avec le vent 

A l'approche de Punta Arenas nous longeons le détroit de Magellan lorsque, moment magique, nous distinguons au loin plusieurs souffles de baleines. Ce spectacle devant un site aussi symbolique que le détroit de Magellan est un signe de plus de notre avancée vers le grand sud et nous apporte la satisfaction du projet bientôt accompli.

A l'approche de Punta Arenas le long du détroit de Magellan 

Pour l'instant c'est deux jours de repos à Punta Arenas puis, comme nous avons le temps, nous enfourcherons les vélos demain pour un aller et retour de 3 jours vers le sud, le long du détroit jusqu'au Phare San Isidro, avec l'espoir d'observer un peu de cette faune australe. Puis de nouveau 2 jours de repos où nous sommes actuellement avant de traverser vers la Terre de Feu et entamer notre dernier tronçon vers Ushuaïa.

Spécial retour

Pour faire simple nous atterrirons le 27 février à l'aéroport de San Sebastian, et nous enfourcherons nos vélos dès le lendemain pour rentrer à la maison. Nous ferons notre dernière étape le 2 mars, et nous serions comblés, si nous pouvions donner nos derniers coups de pédale en compagnie de celles et ceux qui nous soutiennent depuis des mois. Alors si vous êtes disponibles, préparez vous, toutes les infos en vidéo dans quelques jours. On compte sur vous!

KM
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Ce soir nous arriverons sur la Terre de Feu pour entamer le dernier secteur de notre voyage vers Ushuaïa. Quatre cent cinquante petits kilomètres qui pourront devenir grands en fonction des conditions météo que nous trouverons. Comme nous pensons déjà depuis un moment à notre retour, voici une petite vidéo d'invitation pour les courageux qui viendront pédaler avec nous sur les derniers kilomètres, puis partager un casse croûte. Toutes les informations dans la vidéo et sur le plan ci-dessous.

Trace Pau Saint Pé du samedi 2 mars, disponible sur demande en fichier GPX

A très bientôt dans les Pyrénées.

KM
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Ushuaïa : 12 172 km

Nous sommes à Punta Arenas et devant nous, de l'autre coté du détroit de Magellan, la Terre de Feu. Cette île, comme l'appellent le "Fueguinos" sera notre dernier tronçon en direction d'Ushuaïa. Mais pour l'instant, comme nous avons décidément beaucoup de temps, nous décidons de faire une petite balade de 60km le long du détroit puis une pause de 3 ou 4 jours au bord du rio San Juan, afin de découvrir le lieu habité le plus austral du continent; le phare San Isidro. Les prévisions météo sont formelles, les 3 prochains jours seront les plus chauds de l'année avec des températures pouvant atteindre 25°, et bien sur pas de vent. Il s'agit d'un phénomène météo exceptionnel et comme la fin de semaine est proche, nous assistons à un déferlement des familles de Punta Arenas le long des plages, venus profiter de ces températures uniques et inespérées. A peine arrivés, les asados sont en route, les bouteilles débouchées, la musique à fond, et ça peut durer.....toute la nuit. Comme pause nature on peut mieux faire et j'avoue que certaines familles nous ont bien agacés, mais nous avons aussi partagé des parties de foot endiablées et fait de bonnes rencontres avec des gens adorablement généreux qui nous ont offert en partant, asado, boissons, fromage, fruits et pain.

Balade le long du détroit de Magellan, avec arrêts obligatoires pour observer les dauphins se donner en spectacle régulièrement 
Les maisons australes bien colorées en bord de mer 
Notre camp pour 3 jours au bord du Rio San Juan 
Journée balade, vélo marche à pied, pour découvrir le phare San Isidro avec les oies sauvages présentes partout
Le phare San Isidro, lieu habité le plus austral du continent américain

Au retour vers Punta Arenas nous avons la surprise de rencontrer Mauricio, loueur de kayaks, artiste du bois et passionné d'animaux et de nature, qui nous propose un kayak pour aller à la rencontre des dauphins. Une chance incroyable que je saisis aussitôt même s'ils ne se sont pas vraiment laissé approcher. Cette séance est suivie d'une visite de son atelier et un bon goûter, merci Mauricio pour ta gentillesse et générosité.

Jolie rencontre avec Mauricio et sa compagne au bord du détroit  
Vincent, aussi courageux que les familles Chiliennes venues profiter de ce beau fin de semaine dans une eau à moins de 10 degrés 
Pause photo obligatoire avant de partir de Punta Arenas 

Après la traversée du détroit de Magellan il nous restera 400km en terre de feu pour rejoindre Ushuaïa. Il parait que la Terre de Feu doit son nom aux nombreux foyers allumés par les Amérindiens, que les colonisateurs Européens observaient depuis l'Océan. Pour notre part nous avons surtout vu des steppes à perte de vue, en permanence battues par le vent.

Nous prévoyons de faire ce dernier tronçon en deux fois 4 étapes avec une pause à Rio Grande, la seule ville que nous traverserons avec Tolhuin. En dehors de ces villes notre souci c'est de trouver des sites protégés du vent qui souffle sans arrêt, pour passer la nuit. Soit en demandant dans les quelques immenses estancias que l'on trouve sur la route, soit en identifiant des refuges en dur comme les abris de bus ou quelques rares zones boisées pour planter la tente. Notre chance c'est que nous sommes globalement sur un axe favorable au vent de dos ou de travers, et on ne peux s’empêcher de penser au calvaire que vivent par moments les cyclistes qui voyagent du sud au nord.

Aussitôt débarqués du bateau à 19h, bivouac dans la ville de Porvenir, bien abrités par un muret protecteur

Au programme 100km de piste jusqu'à la frontière Argentine le long de la "Bahia Inutil". Le vent de travers nous fouette le visage, et le bleu de la mer parsemé d'écume contraste bien avec la couleur ocre de la steppe. Sur cette côte inhospitalière nous ne trouvons que quelques cabanes de pêcheurs où nous nous réfugions de temps en temps, et des estancias de plusieurs milliers d'hectares distantes d'une trentaine de kilomètres les unes des autres. A l'occasion d'un arrêt casse croûte nous faisons la connaissance de Francisco qui vit dans sa cabane face à la mer, à l'année. Sa technique de pêche est d'une simplicité déconcertante. Un filet fixe attaché au rivage d'un coté et ancré à une vingtaine de mètres au large de l'autre, lui permet de prélever saumons ou bars tous les jours, directement sur la plage de graviers sans même se mouiller les pieds. Aujourd'hui deux bars de 6 et 3 kg attendent dans le bidon d'eau glacée, d'être récupérés pour ensuite être vendus à Porvenir ou Punta Arenas. Pour comprendre l'abondance de ces eaux il nous explique que pour se protéger des orques et Dauphins que nous voyons régulièrement sauter, les poissons nagent au plus près du bord de mer et deviennent ainsi une prise facile pour les filets de rivage.

Des kilomètres de steppe brûlée qui tranchent avec le bleu de la mer et du ciel, avec parfois, la rencontre d'un survivant.
Les gauchos et leurs chiens sont les autres figures emblématiques de la Terre de Feu
Dans cet été austral nous avons la chance de ne pas subir la pluie mais les nuages sont toujours présents 
A l'heure de la pause rencontre avec Francisco, un pêcheur pas ordinaire 

Au lendemain de cette première étape en terre de feu, l'orteil de Vincent qui avait souffert des attaques chiliennes lors de notre épique match de foot, déclare forfait. Le pied est enflé et la douleur très vive. Alors les brothers décident de rouler directement jusqu'à Rio Grande pour passer des radios, alors que nous prévoyons, de notre coté, de faire un détour pour aller voir une colonie de manchots royaux. Alors c'est parti pour 35km avec un fort vent de coté le long de la bahia inutil jusqu'au croisement Onaisin, où nous obliquons à 90° en direction de la colonie de manchots, avec au programme 15km de vent....de face évidemment. Le manchot royal est un peu plus petit que le manchot empereur, mais bien plus grand que les manchots communs de Magellan, et surtout, il arbore une belle couleur jaune orangée autour de la tête et du cou. Alors on se dit que la visite mérite le détour de 30km aller retour plus les 12000 pesos par personne de droit d'entrée, d'autant plus qu'il s'agît de la seule colonie existante en dehors de l’Antarctique.

Pour ne rien vous cacher nous sortons de là un peu déçus. Certes, nous avons eu la chance d'observer une espèce peu commune dans leur habitat naturel, mais il faut croire que les conditions n'étaient pas réunies pour que nous savourions pleinement cette découverte. Un ciel de plomb, des nuages bas, un vent de face glacial, ne permettent pas d'observer la colonie dans les meilleures conditions, mais ce sont des contraintes naturelles auxquelles nous sommes habitués et que nous acceptons. Mais lorsqu'il s'agît de distances réglementaires d'observation, nous vivons depuis tellement de temps en contact direct avec la nature, que ces entraves à notre liberté, même si nous les comprenons, nous gâchent un peu la fête.

La petite colonie de manchots royaux au bord de la bahia inutil, dans leur habitat naturel, un joli spectacle malgré tout

Les 15km retour jusqu'à notre abri bus trois étoiles sont une partie de plaisir avec un vent favorable.

Au milieu de la steppe,un repaire de cyclo voyageurs bien conservée par la communauté, pour passer la nuit à l'abri du vent 

Le lendemain, les 56km jusqu'à la frontière argentine sont avalés en un peu plus de 2h, comme une fleur, sans une goutte de transpiration tellement le vent nous est favorable. C'est si facile que nous pensons enchaîner dans la journée les 80km suivants jusqu'à Rio Grande. Mais comme nous ne sommes pas pressés, nous décidons de rester dans les confortables locaux mis à disposition par la gendarmerie argentine. Erreur, oh, grande erreur ! L'étape qui devait être un jeu d'enfant jusqu'à Rio Grande le lendemain, se transforme en une galère de 80km, vous l'avez deviné, à cause du vent. Ici on ne se pose même pas la question, le vent est toujours Ouest Nord Ouest, sauf qu'aujourd'hui, ça parait incroyable, mais il est Sud. Alors on commence par lutter résignés, puis lorsqu'il commence à forcir à la mi-journée, les caprices d'Eole nous sortent vraiment par les yeux. On le traite de tous les noms, on lui dit qu'il ne nous aura pas, qu'on se vengera. On s'en prend à ce bout du monde qui nous maltraite depuis trop longtemps, on en veut même aux cyclistes que l'on croise, d'arborer un sourire qui devrait être nôtre. Janine craque à 30km de Rio Grande et je termine seul, bien décidé à faire un pied de nez à celui qui nous a joué ce vilain tour.

En route pour Rio Grande avec un vent contraire, la steppe de terre de feu est la même de face que de dos  

Rio Grande c'est "LA CAPITALE" de la pêche à la truite, et des passionnés du monde entier affluent ici, pour tenter de sortir l'un de ces monstres que l'on voit un peu partout en photo. Bien sur, l'idée de ferrer un beau trophée nous titille, mais il paraît que c'est extrêmement surveillé et la licence pour les étrangers est à un prix scandaleux, alors on se rabat sur la belote en attendant que Vincent se remette de sa fissure à l'orteil. Nous avons tout de même la chance de faire la connaissance du grand Jose Toranza qui tient un petit magasin de vélos et incarne la gentillesse à l'état pur. Lorsque je le sollicite pour savoir s'il connaissait dans la ville un hébergement avec une cuisine, il me propose aussitôt sa maison et organise au pied levé dans sont atelier, un asado en notre honneur. Jose c'est l'homme au grand cœur, la mère Theresa des cyclo voyageurs, si vous passez par Rio Grande vous ne pouvez pas manquer cette rencontre.

Sacrée ambiance dans l'atelier de Jose avec sa famille et ses amis
Et bien sur la photo immanquable en partant de Rio Grande  

Sur cette terre inhospitalière, les quelques refuges existants en dehors des villes sont bien connus des cyclo voyageurs. La Estancia Viamonte fait partie de ceux là, et bien que nous soyons loin de l'étape, nous faisons une halte pour prendre le café et échanger avec les propriétaires, qui se prêtent tout de suite au jeu et nous donnent de leur temps. Ils possèdent 40000 hectares où paissent 6000 brebis et 2000 bovins. Le bétail est uniquement gardé par des chiens, avec une surveillance des gauchos tous les 2 jours en moyenne. La maintenance des clôtures est la tâche qui occupe le plus l'équipe de 11 personnes. Ils produisent tous leurs légumes et on développé la culture de l'aïl noir, une spécialité gastronomique utilisée par les grands chefs de Ushuaïa. Ils nous apprennent également qu'ils ont accueilli leur premier cyclo voyageur en 1959, lorsqu'il n'y avait pas encore de route pour traverser la cordillère afin de rejoindre Ushuaïa. Au final un bon moment de partage dont nous avons besoin sur cette fin de voyage. Nous sommes passés depuis quelque temps du mode bouffeur de kilomètres et découvreur de paysages au mode prends ton temps, fais toi plaisir et ne souffre pas trop. Les bouteilles de Malbec, les canettes de Quilmes et les cacahuètes ont remplacé les sachets d'avoine et les bananes dans nos sacoches, les étapes se raccourcissent considérablement et notre attention se porte plus sur l'organisation du bivouac que sur l'étape à vélo. Apéro, cuisine, pêche, parties de belote avec les frangins, sieste et feu de camp sont les priorités de notre programme.

La steppe argentine a déroulé le ruban gris sous nos vélos rien que pour nous.  
Conversation passionnée à la estancia Viamonte avec deux personnages hauts en couleurs 
Bivouac au Rio Erwan sur au milieu des castors et des Guanacos 

Notre prochaine étape à Tohulin est un passage obligé. Aucun cyclo voyageur ne peut manquer le monument que représente "La Casa de Ciclistas de la panaderia La Union". Les centaines de messages sur les murs des locaux mis à disposition des cyclo voyageurs témoignent de l'énorme générosité que Emilio et son équipe déploient depuis des années. En plus des superbes locaux mis à disposition, nous nous régalons des succulentes "facturas", les fameuses viennoiseries qui font la réputation de cette boulangerie. Et comme tous les rouleurs vers le sud sont comme nous sur la fin du voyage, avec une furieuse envie de passer du bon temps, nous passons une bonne soirée avec Pietro, un Franco Italien de 20 ans et Javier un Argentin de 27 ans qui se joignent à notre groupe pour les deux étapes restant jusqu'à Ushuaïa.

Les centaines de messages des cyclistes sur les murs de La Union et la fine équipe au départ pour les deux dernières étapes

Pour notre dernière nuit de voyage nous avons repéré un lieu sur la carte, au bord du lago escondido, et rien que le nom nous fait déjà rêver. Lorsque nous arrivons sur le site, ce que nous voyons dépasse toutes nos espérances. Une cabane en bois juste au bord de l'eau, avec une terrasse que vient lecher le clapotis des vaguelettes, et une grande façade en fenêtres qui ouvre la vue sur le lac. Mais le meilleur vient au moment où nous ouvrons la porte, en découvrant que le chalet est équipé d'un mobilier en bon état, pile pour six personnes. Et vous savez quoi ? C'est une cabane abandonnée mais entretenue par les gens de passage, alors comme on arrive les premiers elle est à nous pour la nuit. On n'en revient pas de tant de chance et on se dit qu'on à du le mériter. Toujours le même programme, pêche, sieste, jeux de cartes, apéro, cuisine, repas, et une fois bien chauds après quelques verres, un émouvant discours de chacun sur le ressenti de son voyage. Un grand moment de convivialité et d'émotion !

En route vers le lago escondido et au loin la cordillère à franchir avant Ushuaïa, mais juste le panneau suffit à exciter Janine
Notre cabane au bord du lac Escondido 
Un petit coin de paradis pour notre dernière étape, où nous serions bien resté un jour de plus 

Un grand soleil nous accompagne pour cette dernière étape commune, et il règne une ambiance un peu folle au sein du groupe. Tout le monde à le sourire et se repasse mentalement le film imaginaire de l'arrivée à Ushuaïa, qui représente en même temps que la fin de notre voyage, la fin du monde. La montée vers le paso Garibaldi se fait tout en douceur, et nous profitons d'une vue splendide sur le lac que nous venons de quitter et notre jolie cabane. Mais comme les bonnes choses ont toujours une fin, à peine le col passé nous prenons un méchant vent de face qui ne nous quittera plus jusqu'à la fin de l'étape. La terre de feu est ainsi faite, lorsqu'elle te donne du bon temps profites en, mais ne te réjouis jamais trop longtemps.

Une fine équipe bien excitée pour sa dernière étape 
Le paso Garibaldi et sa superbe vue sur le lac escondido 
Cerro Castor la station de ski la plus australe du monde avant de franchir la dernière cordillère et plonger sur Ushuaïa

Çà fait un bon moment que j'ai la tête dan le guidon, pour lutter contre ce vent qui nous malmène. Nous sommes encore à 10 km de la fin de l'étape lorsque je lève les yeux et aperçois au loin un drôle de porche, puis aussitôt, Vincent et Janine qui mettent pied à terre, et je comprends d'un coup que nous sommes devant la porte qui figure l'entrée à Ushuaïa. D'ailleurs c'est écrit en grand dessus. J'assiste alors à une drôle de scène, mi fiction mi réalité, où je suis en même temps acteur et spectateur. Je distingue, au milieu des cris, des danses et des larmes, mes compagnons de voyage exprimer leur joie du projet accompli et c'est émouvant. Je me dis aussi que vue de l'extérieur, autant d'exubérance doit paraître un peu bizarre et peut être surfait, mais le gendarme en faction derrière sa barrière, qui assiste depuis le début à notre manège ne s'en émeut pas, il en a vu d'autres. Nous roulons ensuite en centre ville pour les traditionnelles photos d'arrivée, avant de partir à la recherche d'un hébergement.

Heureux d'avoir accompli notre projet 
Et de partager la fête avec nos amis de voyage 

Ushuaïa c'est la station chic de bord de mer comme on l'imagine, mais avec le soleil et la chaleur en moins. Le canal de Beagle au sud et une ceinture de sommets enneigés au nord, lui donnent un côté très nature qui apporte beaucoup de charme. En même temps le tourisme est en pleine croissance et la ville est passée en 60 ans, de 3500 à 70 000 habitants. En cette fin d'été austral nous avons déjà droit à quelques légères averses de neige avec un froid polaire, alors nous nous réfugions dans les bars et restos, autant pour nous mettre au chaud que pour fêter notre arrivée.

De bonnes tablées de cyclo voyageurs qui fêtent leur arrivée 

Profitant d'une fenêtre météo favorable de deux jours, nous décidons tout de même de faire un tour au parc national de terre de feu, pour une petite randonnée et notre dernier bivouac en Amérique du Sud. La balade côtière le long du canal de Beagle dans une forêt de type sub antarctique et sympa, mais nous retiendrons plus notre mal au pieds que la beauté des paysages. Par contre nous rejoignons Vincent et Jérémy pour un superbe bivouac au bord de la laguna verde, avec notre programme immuable, feu de camp, apéro.....etc, etc, vous connaissez la suite.

En route vers le parc national au milieu des sommets avec la neige tombée de la veille 
Balade au bord du Beagle dans la forêt sub antarctique 
Un bivouac bien tranquille avec une bonne gelée le matin et moins cinq au thermomètre 
Sans prédateur, le castor prolifère en Terre de Feu et dévaste de grandes parcelles de forêt 
On ne pouvait pas partir sans une dernière partie de pêche et quelques jolis spécimens dans la poêle 
Au bout du parc national, la vraie fin du monde est ici et notre sourire témoigne de notre satisfaction 

Nous préparons en ce moment les cartons pour transporter les vélos, que nous enfourcherons de nouveau pour rentrer à la maison, où nous espérons avoir le plaisir de vous retrouver.