S'il y a un domaine où les italiens excellent, c'est bien la cuisine et la nourriture en général. À la vue des cartes et photos des restaurants nos papilles s'excitent, et les vitrines des pasticcerias et macellerias nous font des guili-guili à l'estomac. Il faut dire qu'au fur et à mesure que les kilomètres s'accumulent jour après jour, nos organismes réclament de plus en plus de carburant et nos cerveaux, une alternative à la plâtrée quotidienne de pâtes. Parmi tous les mets qui nous font fantasmer quand la route ne se prête pas aux paysages, il porceddu (le porcelet), remporte la palme. Le problème c'est que les restos ferment à 18h COVID oblige, et à midi nous sommes sur la route. La solution consiste à louer un hébergement avec cuisine, pour que Janine nous prépare il porceddu al forno, qui nous fait rêver depuis un moment. Tout y était, la couleur, le fumet, la saveur, le fondant, c'est la fête dans nos palais et le 1/4 de porcelet nous fera deux repas de plus pour les bivouacs a venir.
Vous l'avez compris, nous quittons le mode guerrier. Cette dernière semaine se fera sous le signe de la Dolce Vita. Il nous reste peu de kilomètres, alors nous multiplions les pauses bivouac et prenons du bon temps.
A Porto Cervo la côte est encore très construite et les domaines privés, plus chics les uns que les autres, se réservent les plus beaux espaces et se succèdent. Il faut du temps et une bonne dose de motivation pour trouver le bon coin de repos.
L'île de la Maddalena n'était pas prévue au programme et bien nous a pris de l'ajouter. Cette petite île est une révélation. Non seulement elle est très peu habitée mais c'est un archipel truffé de petites criques et plages au milieu de gros blocs granitiques. Nous y avons passé deux jours délicieux perdus dans la nature. Pour le coup, notre plus grand regret était de ne pas disposer de plus de temps pour l'explorer en détail, ainsi que sa voisine la Caprera.
L'envers du décor c'est que nous sommes mi novembre et dès que le soleil se couche, la Dolce Vita se transforme en petit enfer. A partir de 18h la nuit tombe, et une humidité bien fraîche recouvre tout. Une heure plus tard, tout est trempé et poisseux. Alors le bivouac de rêve perd de son charme, les pâtes au mascarpone du soir n'ont plus le même goût et il faut se glisser dans le duvet humide à 19h30. Devant cette nature peu respectueuse à l'égard de nos vieilles carcasses, il a été décidé à l'unanimité (même nos vélos sont d'accord), de faire les trois dernières nuits en dur. À une étape de la fin, posée sur son promontoire, la ville de Castelsardo et son centre fortifié était tout indiquée pour un repos au sec.
Ce que nous avons aimé:
Les nombreux points de bivouacs tranquilles le long de la côte.
Les fontaines publiques pour se ravitailler en eau dans tous les villages.
Le café du matin en regardant la mer.
Les chauffeurs italiens qui respectent la distance de sécurité avec les vélos.
Les carabineri qui se foutent royalement que l'on campe illégalement.
La ciclovia qui nous guide sur des petites routes sans circulation.
Les pasticcerias, la pizze de grano duro, il porceddu, il agnello sardo, il pecorino, le cappuccino, il pane ciabatta, l'ichnusa cruda...
Ce que nous avons moins aimé:
Le dîner du soir à la frontale avec l'humidité qui ruisselle partout.
Les chauffeurs italiens qui roulent trop vite sur les petites routes.
La ciclovia qui nous arrache des litres de transpiration sur des chemins infâmes.
L'indifférence des Sardes pour les cyclo voyageurs (trop ordinaire certainement).
Les restos qui ferment à 18h, mais c'est pire en France.