Carnet de voyage

Cyclotages chez l'Oncle Sam

13 étapes
142 commentaires
De Las Vegas à San Francisco en passant par les grands parcs de l'ouest et la Pacific Coast. Un cyclotage de trois mille kilomètres et des poussières à travers sept états et plein de surprises.
Du 17 avril au 14 juillet 2022
89 jours
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13
avr

Si tu veux nous accompagner dans une aventure que même dans les vrais livres t'en a jamais lu, si tu veux être envahi par un flot d'émotions à chaque page, sentir l'adrénaline couler dans tes veines à chaque ligne, avoir faim, froid, suffoquer, contempler, pleurer de bonheur, hurler de rire, enfin...vivre tout simplement. Alors, Taplukataboné au prodigieux blog de Papypédale.

Non je blague !

Pas pour l'abonnement, là je suis hyper sérieux. C'est vrai quoi, un blog de cette valeur avec 49 abonnés seulement, c'est comme le mariage de Lady Di avec trente invités, ou le Classico Marseille-PSG avec cinquante spectateurs. Du gâchis ! Non, maintenant faut y aller. Tu t'abonnes au blog et pas seulement au carnet de voyage. Pour les distraits ou les engourdis du bulbe j'explique : Tout en haut de la homepage (je me la pète à fond avec translate) du blog, tu vas voir une photo où je fais le Christ Rédempteur de Rio sur mon vélo. Juste en haut à droite pour les ordis, et en dessous pour les smartphones tu vas déceler, malin comme tu es, un petit rectangle où l'on t'indique "s'abonner au blog". Tu cliques et c'est fait !

Si je double pas le score avec une entame comme celle-ci, c'est que je suis vraiment une quiche et il vaut mieux que j'aille vendre des pissenlits sur le marché de Pouyastruc plutôt que de m'abîmer la cafetière à écrire n'importe quoi.

Tu remarqueras aussi que ça y est, on se tutoie, et j'espère que tu ne m'en voudras pas. En même temps c'était inévitable. Depuis le temps qu'on cause (enfin, surtout moi parce que pour être honnête on t'aimerait un peu plus prolifique en commentaires😉 ), ça crée des liens non?

Bon, j'en étais où moi ?

Ah oui, je disais que non, je blaguais pour l'aventure, les émotions, l'adrénaline et tout le tralala. La vérité c'est qu'on va à la rencontre des américains qu'on ne connaît pas, une langue qu'on ne maîtrise pas, un pays trop grand avec des big cars, des big mac, des big lignes droites qui nous fatiguent déjà, de grands espaces avec des ours, des serpents à sonnette, des méchants écureuils qui grignotent nos sacoches pour bouffer nos provisions (si, si, véridique!), des campings qu'il faut réserver six mois à l'avance et des rangers qui te prunent à la moindre.

Ça fout la trouille mais on y va et on aura besoin de toi heu...vous !

On a refait la déco à la maison. Je ne sais pas ce que vous en pensez mais je trouve que c'est un bel objet au milieu du salon.  

En ce moment on s'active sévère dans les préparatifs. Bichonnage des vélos, débusquage de cartons pour le transport, complétage (Google me dit que ce mot n'existe pas mais moi je l'aime bien) de notre panoplie du parfait petit scout, avec de nouveaux joujoux qu'on vous présentera au fur et à mesure. Bref ! toute la gamberge habituelle des pré-voyages. Départ dans 4 jours destination Las Vegas, et après vous avez tout sur la carte projet qui sera mise à jour au quotidien avec l'itinéraire réel plus un compte rendu de l'étape, et parfois une photo et tout et tout. Si c'est pas du love pour mes fidèles suiveurs ça, tu m'expliqueras!

Te dire aussi que j'envisage de changer le format du carnet de voyage, avec des articles plus courts mais plus fréquents. Certains d'entre vous m'ont confié l'angoisse qu'ils vivaient dans l'intervalle entre chaque post et je les comprends. En plus ça m'évitera de me tartiner des romans interminables. Gagnant gagnant comme on dit.

See you soon

21
avr

Oh mes amis!

Ici c'est la big désolance, la déprimation de first. Imaginez un peu mon niveau d'english. Les deux dernières semaines avant de partir j'étais dans le top 10 à chaque fois, et je suis monté jusqu'en division Améthyste. Mieux, à la fin on se tirait la bourre avec Maya pour le podium. Presque la consécration quoi ! Sur Duolingo ils avaient jamais vu une progression pareille et j'avais les félicitations du petit hibou à chaque leçon. Faut dire que j'y avais mis du coeur. Régularité dans le travail, abnégation totale, motivation extrême. Même la voix de crécelle qui me débitait des âneries comme "Tom's mother has a blue dress" n'arrivait pas à me freiner. Pas de doute j'étais prêt ! Mais avant même de fouler le sol américain, à l'instant où l'hôtesse de l'air me propose le choix du plateau repas, j'ai réalisé l'inutilité de discuter des semaines avec le hibou vert. Rien, nada, nothing, nichts. J'avais l'impression de parler avec un martien. Alors, pour ne pas sombrer complètement, je me suis dit qu'elle avait un accent. Mais apparemment pas, autour de moi tout le monde comprenait. My god! Le gouffre, l'anéantissement moral, l'écroulement psychologue, c'est simple si j'avais été aux commandes de l'avion, c'est sûr que je faisais demi tour. Heureusement, le vrai pilote qui se foutait royalement de mes états d'âme nous a bien déposé à Las Vegas.

Montage des vélos à la sortie de l'aéroport pour rejoindre notre hôtel. Même pas fatigués !

Comme les grandes villes c'est pas trop notre truc on vous dira juste que Las Vegas c'est une ville un peu extravagante qui veut t'en mettre plein les mirettes direct que t'arrives. Et aussi qu'on y perd des objets indispensables à la survie dans notre société de consommation, mais chut...j'ai trop honte.

Ça nous change un peu de Saint Pé 
Sympa mais à petite dose 

Avant de partir, je sais déjà que les trois premières étapes seront très dures. 180km de désert, du soleil a gogo, de la chaleur à foutre la honte à nos canicules européennes et une highway avec de monstres lignes droites. Un programme qui te donne juste envie de prendre le bus direct, mais ce serait pas jeu ! Et puis Janine n'est pas contre, et puis on a besoin d'action. Ça tombe bien, on sera comblés au delà de nos espérances.

C'est pas très vert dans le coin

Pour notre première étape, 25km de ville et 40 de plus sur le River mountains loop trail, une très belle piste cyclable. Le hic c'est que dans la liste déjà peu réjouissante de notre programme nous avions oublié le vent. Il nous a relativement épargné dans la montagne, mais la punition a été totale sur les 8 derniers kilomètres avant notre camping. Pleine bille évidemment, il nous freine, nous dessèche, nous ratatine, nous anéanti. Dans la tempête je me retourne, Janine est toujours là, rouge comme une pivoine mais solide comme un roc, elle ne lâche pas ma roue.

Elle lâche pas le morceau la petite vieille 

Au camping de Boulder c'est la grosse tempête. Notre nouvelle tente 3 places et 1,3kg (comme ça on peut charger plus de cacahuètes et de bière), se fait secouer dans tous les sens et nous, en regardant les extravagants camping cars autour de nous, on prend conscience que l'American Dream c'est pas des conneries.

Emplacement de luxe dans la tempête 

Entre Boulder camp et Kingman encore 140km de désert. Le seul oasis au milieu est une station service, autour de laquelle j'envisage de bivouaquer pour avoir de l'eau a proximité. Nous arrivons à 13h, cramoisis, desséchés et complètement jet lagués, après s'être réveillés à 2h comme tous les matins depuis notre arrivée. Le pire c'est qu'il nous paraît improbable de bivouaquer sous ce soleil de plomb et dans ce désert de caillasses, où la seule ombre est fournie par les oiseaux qui passent dans le ciel.

Petites pauses dans le désert 
Traversée du Colorado, rive droite le Nevada, rive gauche l'Arizona 

On met tout de suite en route le plan B: Trouver un véhicule pour se faire amener jusqu'à Kingman avec nos vélos, notre barda de 8 sacoches et avec la seule aide de notre charabia anglais, un beau challenge. Au début on mise sur la légendaire bienveillance des chauffeurs américains, mais on comprend vite qu'il s'agît vraiment d'une légende. Alors on sort notre deuxième arme après Google translate : l'espagnol. Bingo dès le premier coup ! David est Vénézuélien et il transporte des marchandises sur son trailer d'un état a l'autre, accompagné de sa femme et sont enfant. Il veut bien nous amener et même que ça lui fait plaisir. Les souvenirs de la gentillesse des sud américains remontent par flots dans ma mémoire.

Amarrage des vélos entre la cabine et la remorque, ça fait peur mais David est sur de lui
Un grand merci David et Miurell 

Pour le moment on refroidit un peu les carcasses à l'ombre d'un hôtel et on reprend la route demain. Vous dire aussi que vous êtes les meilleurs. 65 abonnés au blog, 115 au carnet de voyage dès la première semaine et 20 commentaires pour le premier article. Trop forts!

On a dépassé les 1000m d'altitude et ça va aller de mieux en mieux.

25
avr

En partant de Kingman où l'on a pris une journée pour reposer les mécaniques de précision, il fait un vent à décorner tous les bisons de l'ouest américain, et on a la banane. À vrai dire, au départ, j'avais décorné tous les voyageurs de commerce de la contrée. Mais juste à côté de moi on me dit que j'en fais trop, que c'est plus mon style, que je force ma plume etc, etc. Alors, j'ai décoiffé les cornettes de toutes les nonnes de l'Arizona, mais toujours et gnagnagni et gnagnagna.

Et là je sais plus moi !

Si je heurte les âmes sensibles, je les prie de m'excuser mais je ne fais que suivre mon inspiration du moment, et c'est ça qui me paraît naturel. D'autant plus que les bisons c'est un peu banal non?

T'en penses quoi toi?

Tu me diras hein, je compte sur toi.

Bon, revenons à nos bisons.

Alors, tu sais toi, pourquoi on a la banane? Mais bien sûr que t'as deviné. Je le sais que ton usine à phosphore, là haut, elle turbine impec. Mais oui, c'est ça, il est dans notre dos le vent chéri.

On ne pédale plus, on vole!

Tous les Amstrong, Pogacar et autres Quintana n'ont plus qu'à aller s'acheter un vélo électrique face aux deux petits vieux avec leurs sacoches. En moins de temps qu'il ne faut à un zouave pour glisser sa main dans la culotte de ta sœur (à moins que ce ne soit le contraire), on s'emballe l'étape. Ça y est, voilà que ça me reprend, sincèrement désolé. Cinquante cinq kilomètres et 2 virages plus loin, nous voilà à 11h, devant la barrière de Crozier ranch où nous avions prévu de bivouaquer. Du coup, même pas fatigués, on plie l'étape suivante dans la journée.

Vous avez dit grands espaces? 
La poussière levée par le vent et Janine qui se laisse porter pour illustrer la force du vent 

L'autre bonne nouvelle c'est que nous sommes sortis de la highway et que la route 66 malgré ses interminables lignes droites, est non seulement beaucoup plus sympa, mais tellement plus tranquille que le monstre à 4 voies. La grosse chaleur aussi n'est plus qu'un souvenir. Nous grimpons en altitude et le vent est de plus en plus frais pour ne pas dire froid. Nous avons même eu droit à un peu de grésil en arrivant au campement.

Petit arrêt devant Crozier Ranch, un lieu privé, aimablement dédié au bivouac. 

Pour l'instant ce n'est pas tant la beauté des paysages qui nous subjugue mais plutôt l'immensité des grands espaces vierges de toute habitation entre deux lieux de vie.

Il faut mettre en route une grande vie intérieure sur ces lignes droites.
 On the road again

La route 66 c'est aussi un voyage dans le temps, grâce à la multitude de stations service conservées et décorés comme à la grande époque des pionniers. Un régal dont on ne se prive pas.

Pendant que Papypédale cherche les sous à l'extérieur...
 La starlette est déjà accoudée au comptoir
Un vrai musée à ciel ouvert 
Au Far West on attache sa monture devant le saloon et on déguste sa bière 

Non je vous assure, ils commencent à se sentir à l'aise les retraités. Ces grands espaces sont encore un peu intimidants, ces lignes droites encore un peu longues, mais faut reconnaître que ça a de la gueule. Et puis les coins de nature ne manquent pas pour poser notre tente, avec de jolis feux de camp et de belles rencontres. Au contraire de ce que nous craignons c'est même plutôt facile grâce aux applications que nous utilisons.

I am a poor lonesome cyclist 
Et un petit raccourci de temps en temps pour sortir de la route 
Emplacements de camping grand luxe 
Et bivouacs pleins de surprises 

Nous sommes à deux étapes de Grand Canyon prêts à en prendre plein la gueule.

PS: J'ai voté Blanc mais il a pas du se présenter.

29
avr

Y a pas à dire vous êtes les meilleurs ! Grâce à vous qui nous le souhaitez souvent dans vos commentaires, le vent est pile comme vous lui avez dit de faire: dans notre dos. Entre Williams et Grand Canyon pas besoin de GPS pour faire les 100km de ligne droite. On avale les premiers 30km comme qui rigole, mais la nature humaine n'étant jamais contente, on trouve que c'est trop tout droit, qu'il y a trop de voitures et patati et patata. Alors, on sort vite pour prendre une piste parallèle. Après 8km de glissades dans le sable, de chutes dans les ornières et de sacoches qui se décrochent tellement le terrain est cabossé, nous reprenons la route que finalement on trouve vachement bien.

La tranquillité comporte parfois des risques 

La Kaibab national Forest, à une trentaine kilomètres de Grand Canyon est le lieu idéal pour bivouaquer, et couper par la même occasion cette longue étape. Janine qui pensait que la Kaibab Forest était une nouvelle spécialité turque commence à saliver, mais finalement elle est bien déçue. Ici, on peut uniquement bivouaquer à sa guise et même faire du feu alors qu'il s'agit d'une forêt de pins archi sèche. Sur le panneau au bord de la piste transversale permettant d'accéder aux sites de bivouac, pas d'interdictions, mais beaucoup d'explications et recommandations pour maîtriser son foyer. On comprend alors, que les américains sont les champions des espaces naturels. Ils respectent leur milieu mais souhaitent aussi en jouir et ils s'en donnent les moyens. La forêt est parfaitement entretenue avec des éclaircissements réguliers qui la rendent parfaitement viable. Je trouve ça bien plus intelligent que les panneaux d'interdiction de camper et de faire du feu que l'on trouverait chez nous en pareil cas.

 Premier bivouac dans une National Forest réussi !

Le lendemain, au coeur de la forêt sur la piste cyclable qui mène à Grand Canyon village, loin du trafic, nous pédalons comme des dératés impatients de voir le phénomène.

Sur la piste cyclable du parc national au milieu des wapitis 

Installation au camping, petit casse croûte et même pas de sieste. Au programme 35 km de vélo aller-retour (après notre étape du matin) en suivant la route qui longe le Canyon, avec ses nombreux point de vue jusqu'à "Hermits Rest viewpoint". Et la bonne nouvelle c'est que seuls quelques bus et les vélos peuvent emprunter cette route. Juste inespéré.

Le premier choc est brutal parce qu'inconcevable. Tu te dis qu'un phénomène comme ça, 1300m de profondeur, plus de 5km de large, tu vas le voir arriver petit a petit. Forcément il y aura un peu de relief avant le vide, un peu comme une moraine avant d'accéder au glacier. Mais non, le machin il a découpé le plateau rocheux nickel. Mieux que si tu regardais un spectacle du haut de ton balcon.

Une découpe parfaite du plateau. Impressionnant ! 
Et un balcon avec vue exclusive ! 

En bas, le Colorado déroule son ruban bleu vert (on nous aurait menti sur son nom), mais les parois, elles, sont bien dans les dégradés allant du rouge brique au brun. Tu as beau t'y attendre tu ne peux pas éviter la claque de Dame Nature. C'est tellement grandiose, tellement inimaginable que tu te dis qu'on nous a menti une fois de plus. Dieu il a jamais pu faire ça tout seul !

 Du grand spectacle !
Ils sont pas heureux les anciens là ? 
Encore un peu, juste pour le plaisir 

Le lendemain, nos yeux pétillent encore de ces étonnants paysages découverts la veille, et notre cerveau nous dit qu'il en veut encore ! Comme on n'est pas contrariants, on se décide pour une randonnée sur le Bright Angel Trail qui descend au fond du Canyon jusqu'au Colorado, à la place du semi repos prévu au programme.

C'est direct jusqu'à la rivière 
 En descendant dans le Canyon la chaleur se fait bien sentir 
Et la remontée nous a tués 

Finalement nous prenons un gros coup de mou avant Indian Garden et on remonte aussitôt faire la sieste. Juste un peu plus de six cent mètres de dénivelé, mais ajoutés à la double étape d'hier, ils sont bien rincés les retraités.

Notre dernier rendez-vous avec Grand Canyon est Désert View à 40km a l'Est de Grand Canyon Village, où nous passerons la nuit. La route longe le Canyon et nous offre des points de vue bien différents de la veille.

 Le long de la Est Rim Road

Au camping de Désert View l'adorable Ranger qui nous reçoit, nous trouve un petit coin pour planter notre tente alors que le camping est bondé. Nous sommes à deux pas du bord du Canyon et profitons à notre aise du coucher et lever du soleil.

Coucher de soleil depuis Desert View 
Petit café en attendant le lever du soleil
 Et déguster tous seuls ces moments uniques

Ce premier contact avec les Grands Parcs nous a comblé. Je ne suis pourtant pas du genre contemplatif, mais en l'occurrence je me suis surpris à rester scotché de longues minutes, hypnotisé par ces paysages irréels. Et malgré la grande affluence nous avons souvent réussi à trouver des coins, où toute cette beauté semblait être là rien que pour nous.

Prochaine étape Monument Valley, avec beaucoup de lignes droites dans le désert, du vent, et de la poussière rouge qui s'infiltre partout.

Bye Bye

9
mai

Tu te vois toi descendre à vélo de 2300m à 7h du matin? Eh ben Janine elle me fait faire des trucs comme ça! Parce qu'on a une longue étape, et parce que nous sommes attendus avant 15h chez Erika notre warmshower, et parce que c'est mieux de rouler le matin. Moi j'arrête de discuter et je mets des couches. Tout y passe des pieds à la tête, y compris mes dernières chaussettes triple couche dont je te parlerai plus longuement une autre fois. Même que si j'avais eu deux boxers j'aurais doublé, parce que le gel des castagnettes c'est le pire à vélo. Elles comprennent pas ça les filles!

Ça pèle au bois dormant 

Sinon la descente c'était joli, on a vu le Little Colorado ou un truc comme ça, et des cahutes le long de la route où les Navajos vendent des breloques. Même que Janine leur a acheté des boucles d'oreilles parce qu'on rentre dans leur territoire et il vaut mieux se mettre bien avec eux.

 Là on se rend pas compte qu'il fait froid

Une fois en bas par contre on a eu très chaud, et il a fallu pédaler très fort sur une piste en plein cagnard parce qu'on venait de changer d'heure (je comprends rien moi à ce pays), et on allait être en retard pour notre rencard avec Erika.

 Pas facile de trouver de l'ombre pour le casse croûte 

Erika est urgentiste à l'hôpital du coin. Elle prend sont tour de garde dans une demie heure pour 12h d'affilée, et elle nous laisse sa maison alors qu'elle ne nous a jamais vu. Merci pour ta confiance et ton accueil Érika. L'ennui avec les américains c'est qu'ils pensent qu'on t'a greffé un dictionnaire d'anglais dans la cafetière à ta naissance. Erika fait des phrases plus longues que dans n'importe quel autre pays du monde. Nous, de notre côté, nous sommes devenus les rois des mimes. Oui, on a eu froid dans la descente, et vas y que je claque des dents comme si je jouais des castagnettes. Oui, on a eu chaud en arrivant, et vas y que je passe le dos de la main sur mon front. Oui on s'est mis en retard à cause de ce pu.... de changement d'heure, et vas y que je fais tournicoter mon index au dessus de ma montre. Finalement l'anglais c'est facile, et puis en rentrant on pourra monter un spectacle.

Vous n'allez pas me croire mais on a mis les masques pour rouler

Damned !

Entre Tuba City et Kayenta, 120km de désert de nouveau dans la tempête. À l'oasis Shell (il y a aussi des oasis Exxon, mais pas Elf ni Total), nous avons déjà fait 70km et on se demande ce que l'on fait. On casse une graine et on continue parce qu'on n'est bien que sur le vélo avec ce zef qui nous pousse. A 15h nous sommes à Kayenta avec 125km au compteur et blam! On a encore fait sauter un bivouac dans le désert.

Janine en mode manouche pour le petit dèj à Kayenta, après une nuit sur un terrain pour Mobil-home

Ça y est nous sommes sur l'étape tant attendue.

 Les premières buttes avant Monument Valley 

A partir de kayenta, la Scenic road que nous empruntons nous prépare au bouquet final que nous trouverons dans 45km à Monument Valley. La roche rouge apparaît peu à peu, jusqu'à dominer le paysage au bout de quelques kilomètres. Les buttes de grès rouge érodés par les éléments depuis des millénaires semblent surgir de terre, dans un paysage parfaitement plat, comme par magie. C'est beau, même sublime et nous pédalons comme dans un rêve subjugués par tout ce que la nature nous offre. Voilà pour la Janine version (non j'ai pas inversé les termes, je m'entraîne!).

Ça se précise 

Pour ma part, je t'avoue que je ne suis pas vraiment tranquille. Tout en pédalant je scrute le fond des canyons, j'inspecte les crêtes alentour, je regarde derrière chaque rocher, prêt à dégainer mon opinel, pour faire face à une attaque d'indiens que je sens imminente. Rigolez pas les morveux ! Vous pouvez pas comprendre! Quand on était minots maman nous amenait au cinoche et on s'enquillait deux westerns dans la même séance.

C'était comme ça avant ! J'en étais dingue!

Mes Fortnite à moi c'était Fort Alamo et Rio Bravo. Mes idoles John Wayne et John Ford. Rentré à la maison, je construisais des tipis avec les draps et je tendais des embuscades à ma soeur planqué contre la vieille commode ou sous la table de la cuisine. Alors cette route je la vis à ma manière qui n'est pas forcément celle de tout le monde.

Ça a de la gueule quand même non? 

Arrivés en haut du belvédère, il faut un moment pour reprendre son souffle. D'une part parce qu'on vient de se taper 5km de montée, mais surtout parce que le spectacle est époustouflant. Encore un direct de dame nature qui te laisse pratiquement K.O., si on tient compte du temps que nous sommes restés prostrés juste à admirer.

À toi et à moi 
À toi 
À moi 

Nous avons prévu de passer la nuit sur place au Campground View, puis de faire le lendemain la boucle de 27km à vélo au cœur du site. En arrivant à la réception du camping, c'est direct la descente aux enfers. D'abord on nous informe que le site est interdit aux vélos, mais ouvert aux voitures. Exactement le contraire de Grand Canyon, mais ici nous sommes dans un parc d'état et non national. Le coup de massue final arrive quand elle nous annonce que le camping est fermé mais qu'il reste des Cabins entre 200 et 400 dollars la nuit. Mon cœur balance entre sauter le comptoir et l'étrangler ou rire de dépit. But why? Et là tu sais pas? Elle nous fait le coup du COVID. À hurler de rage! Le shop à souvenirs est plein de touristes collés les uns aux autres mais une tente c'est pas pareil. J'essaie de lui faire remarquer qu'il n'y a aucune information sur le net concernant la fermeture du camping. Mais la petite Navajo se fout royalement de mes protestations. Pour nous ça veut dire reprendre les vélos et se taper encore des kilomètres à la recherche d'un bivouac dans ce désert. Le pire c'est que dans la précipitation nous n'avons pas fait le plein d'eau.

 Le casse dalle passe mal après ce que vient de nous apprendre la préposée au camping 
Il fait chaud, on n'a pas d'eau, et on ne sait pas où on va dormir, sinon tout va bien!

Notre ange gardien apparaît lorsque Janine agite sa gourde a un énième automobiliste et que Robert sort de sa voiture avec un énorme sourire.

 Notre pourvoyeur d'eau 

Et comme les bonnes nouvelles arrivent toujours par rafales (à l'égal des mauvaises), 2km plus loin nous investissons des cahutes de souvenirs Navajos abandonnées, avec une vue sur la Valley a faire pâlir de jalousie le campground qui nous a foutu dehors.

Notre petit coin avec vue en terrasse 
Sur un beau coucher de soleil 
Et le lever aussi en dégustant un café 
Entre les deux on s'est fait peindre en rouge par une tempête de sable durant la nuit 
Pour terminer on ne pouvait pas louper la photo de Forrest Gump Point 

Nous allons faire les touristes durant 4 jours en visitant de nouveaux parcs et on vous embrasse.

16
mai

Au lever de notre bivouac au dessus de Monument Valley où nous avons mangé du sable toute la nuit, le mystère des indiens est enfin élucidé. Comme nous, tu pensais certainement que le ton cuivré de la peau des Apaches était la cause d'une trop forte exposition au soleil ou dû à un quelconque gêne originel. Que nenni ! Nous sommes maintenant persuadés que les mecs ne devaient pas se laver tous les jours. Et tu sais pourquoi ? Parce qu'en une nuit nous sommes devenus de vrais Peaux Rouges !

Alors, on dirait pas un peu un peau rouge sur son cheval ?

L'avantage de s'être fait virer du camping c'est que l'on a gagné une journée ce qui nous permet de prendre notre temps avec des petites étapes dans des coins sympas.

Direction Mexicain Hat pour notre bivouac 
Il faut d'abord chercher un peu
Et il n'y a plus qu'à s'installer 

Janine, ce n'est ni le manque de confort, ni les longues étapes et encore moins l'aventure qui lui font peur. Ce qui la terrifie c'est les camions avec une bande de roulement étroite et un gros vent de travers. Sur la route entre Blanding et Moab chaque passage de camion nous provoque des sueurs froides, il est temps de s'arrêter avant la crise de nerfs. Sur une piste perpendiculaire à la route, le seul gros pin dans ce paysage désertique nous tend les bras. Un peu de ménage et nous sommes à l'abri du soleil et du vent dans cet écrin de verdure.

 Un bivouac insolite 

Moab c'est la pause tourisme. Nous avons décidé d'oublier les vélos et louer une voiture pour visiter les parcs de Arches et Canyonlands qui promettent du grand spectacle. Pour compléter la fête, Liz nous accueille la première nuit et se révèle être un hôte admirable. Petit déjeuner gargantuesque, visite guidée de jolis sites aux alentours et de sa boutique où elle crée des poteries.

Super accueil chez Liz

Randonnée à Arches, nuit sous tente à Canyonlands pour voir le lever de soleil sur Mesa Arch, et visites des différents sites. Un programme de 3 jours aux petits oignons. Mais notre conte de fées commence à déraper lorsque la fille de la location de voitures nous annonce que son terminal n'accepte pas Google Pay. Ah oui, que je t'explique: j'ai fait un peu le boulet à Las Vegas en perdant ma carte de crédit, mais j'en ai commandé une virtuelle et jusqu'à présent on se débrouille bien avec ça. Donc, je disais que dans le bureau de location, le conte de fées continue à partir en vrille quand le lecteur n'accepte pas non plus la carte de Janine. Et se casse définitivement la gueule lorsque la Miss nous explique tout sourire, que le cash n'est pas accepté. Là tu te dis, le Richou il va retourner l'ordinateur, emplâtrer la caissière et piquer une bagnole. Tu vois que tu me connais mal ! Parce que je passe juste un coup de fil, et 5mn après, alors qu'elle était en plein boulot, Liz est là avec son amie Jeannet prêtes à nous aider. Liz c'est pas le genre à broder ! Elle, c'est le concret et l'efficacité qui la caractérisent. En un quart de temps et même pas de mouvement, elle nous propose de nous faire conduire par Jeannet à Canyonlands et de nous prêter son véhicule le lendemain pour Arches. Une démonstration de sa gentillesse, mais aussi de sa grande expérience du voyage à vélo. Are you ready ? Un peu mon neveu que ça nous botte ! On sauve notre programme en faisant juste sauter le camping à Canyonlands.

 De très bons moments en leur compagnie malgré notre charabia anglais.

Le reste est juste à regarder ! Comme dans les parcs précédents, c'est à la fois un mélange d'excitation et un besoin de contemplation qui nous submerge devant tant d'extraordinaire.

 J'espère que tu trouves bien, j'ai pas mieux en magasin
 Ah si !
 Et blam! encore une qu'on est très contents de nous

Le programme de Arches est moins contemplatif. Lever 4h du matin, puis 30mn à la course pour voir le lever de soleil sur Delicat Arch, mais ça vaut la peine.

Un grand moment ce lever de soleil 

Ensuite direction le Devils Garden pour une randonnée de 14km avec les plus beaux points de vue.

 Landscape Arch
Janin's Arch 
 Un bogoss en pleine randonnée 
 Avec une petite vieille qui le suit. Dis lui que c'est pour rire elle va me tuer !
Double O Arch 
 Wall Arch

Alors, Archi beau non?

Nous venons de faire 2 étapes de 100km dans le désert et on a besoin de se rafraîchir et se reposer.

La bise !

19
mai

Dehors, au camping Sandcreek à Torrey, le vent souffle entre 50 et 60km/h, avec des rafales à 80km/h et ça doit durer toute la journée. Nous avons été bien inspirés hier de louer une cabane plutôt que de monter la tente, et encore plus inspirés ce matin de rester au lit en attendant que ça passe. D'autant plus que demain il y a une très belle étape en perspective sur la route panoramique 12 et ce serait dommage de la gâcher.

C'est l'occasion rêvée pour te présenter mes nouveaux joujoux dont je t'avais parlé. Non, pas mes bijoux patate! On n'est pas encore assez intimes. Les Joujoux c'est ces petits riens qui n'ont de valeur pour personne, mais qui facilitent la vie de celui qui s'en sert. Attention, je ne prétends pas révolutionner la sphère des cyclovoyageurs, mais simplement apporter mon grain de sable à la montagne de trucs et astuces déjà utilisés par la communauté, et surtout le partager.

La chaussette qui te rafraîchit !

Tu as déjà roulé par de très fortes chaleurs et recraché aussitôt cette espèce de tisane au goût de plastique que tu viens de t'envoyer dans le gosier en croyant te désaltérer. Et bien si t'avais pas pioncé pendant tes cours de physique tu saurais ce qu'est la thermodynamique. Mais comme tu as la chance d'être abonné à ce blog qui devrait maintenant rivaliser avec les meilleures encyclopédies, tu as droit à une séance de rattrapage. Il te suffit d'une vieille chaussette (ça marche aussi avec les neuves), même trouée, (mais pas trop quand même). Tu n'as plus qu'à l'enfiler sur ta gourde comme... je te fais pas de dessin, et tu mouilles bien la chaussette. Plus il fait chaud et plus tu roules vite, plus ça évapore. Et plus ça évapore, plus tu as de l'eau fraîche à disposition. C'est inrratable ! Lorsque la chaussette est de nouveau sèche tu peux la re-mouiller avec de l'eau chaude que tu as en réserve, et dans les cas extrêmes même uriner dessus. Mais dans ce cas il vaut mieux ne pas l'utiliser le soir si t'as froid aux pieds.

La chaussette pour survivre dans le désert. Expérience vécue 

La chaussette qui te réchauffe !

Celle là tu la connais tu vas me dire. Attends un peu que je t'en cause ! Moi j'adore pédaler en sandales et avoir mes pinceaux bien à l'air libre, ne serait ce que pour le bien être de Janine le soir. J'ai un modèle à semelle rigide et cales qui me satisfait depuis quelques années. Le hic, tu as compris, c'est lorsque mes petons doivent affronter une descente de col par une matinée glaciale. Pendant que Janine descend tout sourire dans ses mérinos et baskets, moi je vis dans l'angoisse d'une amputation des orteils, même avec de grosses chaussettes. Et c'est embêtant parce que tu conviendras que les pieds c'est vachement utile. Mais j'ai trouvé la parade et je t'en fais cadeau (pas les chaussettes faut pas rêver quand même). Chaussettes triple couche imperméables. Une couche intérieure en mérinos pour le confort, une membrane Porelle imperméable et respirante au milieu et une couche extérieure en nylon. Je te donne pas la marque il y en a plein.

 Indispensable pour conserver tes orteils

Le sac poubelle pour les fainéants

Si tu dois juste gonfler la bouée de tes gosses à la plage passe cet épisode. Mais si tu dois faire des bivouacs à répétition comme nous, économise ton souffle pour les étapes a vélo. Rien de plus pénible après des heures de pédalage que de devoir gonfler à la bouche ton matelas pneumatique. Tu mets des plombes, et quand c'est terminé t'as l'impression d'avoir pris une cuite. Je te donne une astuce handmade pour éviter de t'époumonner. Un sac poubelle grand format, un bout de tuyau d'arrosage et du scotch. Tu coupes un coin inférieur du sac poubelle juste a la dimension du tuyau, tu scotches le tout, et le tour est joué. Tu remplis ton sac d'air a l'aide du vent et tu obtiens un gonfleur gratuit, pas encombrant et très léger.

Du bon air gratuit sans se fatiguer 

J'ai encore quelques joujoux en réserve mais là je vais faire la sieste.

J'attends tes retours!

25
mai

Qui aime bien châtie bien paraît-il. L'Utah doit nous adorer! Même qu'un peu moins d'amour ça nous irait bien. Depuis un mois que nous sommes dans cet État, il ne nous a rien épargné le bougre. Pour commencer, un mois de poussière sans discontinuer. De la rouge comme à Monument Valley, de la jaune, de la un peu verte, de la blanche, de la bien grise à Arches et le long du Colorado. Notre peau, nos vêtements, notre tente, nos sacoches et nos vélos ont pris une teinte camouflage digne des Marines que tu vois a la télé. Et il me semble me souvenir que la couleur de ma taie d'oreiller que Janine avait amoureusement confectionnée était blanche. En voyage nous arrivons à nous accommoder d'une hygiène précaire, mais ce coup ci, ça dépasse notre niveau.

De la poussière rouge... 
 De la jaune...
 De la blanche...
De la bien grise au bivouac, la pire de toutes 

L'Utah nous a aussi concocté un petit programme de journées dans le désert avec de la grosse chaleur, et des nuits en altitude avec du grand froid (ça fait un mois que nous roulons entre 1700m et 2900m) . Des étapes de plus de 100km sans ravitaillements, sans stations service oasis, sans une seule habitation et sans eau. Lorsque les dénivelés sont abordables nous avons fait jusqu'à 125km pour trouver un coin vivable avec ravitaillement. Mais lorsque notre route passe par des cols à 2900m, nos pauvres vieilles jambes ne nous permettent pas de faire de telle distances. Alors il faut grimper nos 10 litres d'eau jusqu'au bivouac, pour l'étape en cours, la cuisine du soir et l'étape du lendemain. Il faudra revoir la convention syndicale des cyclovoyageurs pour notre catégorie d'âge. Le type qui a pondu ces rythmes infernaux se fout de notre gueule.

Deux jours dans le désert avec 33° à l'ombre (mais y a pas d'ombre), alors les vélos font l'affaire à l'heure du café. 
 Aucun service sur les 160 prochains kilomètres. Merci pour l'info Utah !
 Ne vois tu rien au loin? Non que dalle!
  M'en fous j'ai ma tenue désert ...
 Moi aussi j'ai mon panneau

Et puis il y a le vent ! Il manque pas de souffle Utah. Par devant, par derrière, sur le vélo, à l'étape, pas seulement gentil, parfois méchant qu'on peut pas partir ou même qu'on l'insulte sur la route. Quelques fois chaud, souvent froid, plutôt après 12h mais parfois dès le matin. Sois pas inquiet, t'auras du vent assuré, Utah en a plein en rayon.

 Tempête de vent. Nous n'avons pas pu partir ce matin, mais là on voit pas que je souffre!

Heureusement, sans faire exprès, Utah nous offre aussi de super paysages dont nous profitons en catimini pendant qu'il nous prépare la prochaine mauvaise blague. Et je ne sais pas comment il se débrouille, mais dans ces moments là, il arrive à nous faire oublier toutes les misères administrées.

Le long du Colorado après Moab 
La Scenic drive de Capitol Reef en balade sans les sacoches avant l'étape 
 A l'approche de la fameuse route 12 entre Capitol Reef et Bryce canyon 
Changement de décor sur la 12 à 2924m 
Toujours sur la 12 à l'approche de Calf Creek 

On vient de passer à Bryce Canyon et nous sommes tout près de Zion, alors on te prépare du lourd pour le prochain article.

Accroche toi !

31
mai

Deux superbes parcs pour terminer notre tour de l'Utah, avant de remonter au nord dans le Wyoming pour d'autres découvertes. Avant de les aborder, nous savons qu'ils sont bien différents l'un de l'autre, mais ce que nous n'imaginions pas, c'est comment notre ressenti, au delà de leurs attraits respectifs, pouvait être conditionné par les éléments extérieurs.

Bryce joue les stars! Il a décidé qu'il fallait le mériter pour qu'enfin il se dévoile. Sur les deux dernières étapes, nous sommes à la peine contre un vent de face et des dénivelés de 900m à chaque étape. Nous nous écroulons pour un rude bivouac dans la Dixie Forest, et le lendemain, la conquête de Bryce s'est gagnée au moral, repoussant une fois après l'autre l'instant où on craquerait face à ce zef maudit, puis se remotivant à chaque coup pour gagner quelques kilomètres. C'est t'y pas un beau scénario de film d'aventures ça ? Rigole pas tout est vrai !

Bryce, dans le dur et contents d'être arrivés 

A l'inverse, Zion son grand frère, (parce qu'il a été créé plus tôt bien sûr), nous déroule le tapis rouge. Étape toute en descente, temps chaud et superbe bivouac à l'ombre d'un arbre, avec un petit ruisseau pour se rafraîchir. Et évidemment la bière et les Doritos parce qu'on est passés devant une station service juste avant.

 Zion, easy à tous les niveaux et ne te moques pas du petit ruisseau, pour l'Utah c'est exceptionnel 

Retour à Bryce. La caméra (on sait jamais, si un jour un illuminé m'achète les droits de ce superbe récit pour faire un film je donne déjà le plan), surplombe les deux vélos sur la piste serpentant à travers les pins du parc national en direction de south Campground. Elle descend pour faire un gros plan sur un Papy râleur parce que -encore dans les vappes de la montée- ils ont laissé passer le gros commerce de ravitaillement et que la bouffe c'est important. Le camping est rustique, pas de douches, pas de prises pour charger nos téléphones, mais il y reste de la place et c'est déjà beaucoup par les temps qui courent. Repas et sieste bien méritée. On se réveille à l'heure du dîner, et ça tombe bien j'avais un peu faim. Ensuite, pendant que Janine fait la vaisselle, je vais voir le coucher du soleil sur l'amphithéâtre de Bryce. Non mais c'est qui le chef ?

 Des cheminées de fées en veux tu en voilà!

Le choc ! Ici c'est aussi grandiose qu'à Grand Canyon mais moins irréel, parce qu'à taille humaine. L'amphithéâtre est là, à portée de main, juste sous moi. En deux minutes je pourrais être au milieu des hoodoos si je voulais. Mais je suis hypnotisé par la magie du lieu. Le plateau s'est comme effondré, laissant des centaines de piliers de grès à dominante rouge, que l'érosion a façonné comme aucun artiste n'aurait su faire. Le soleil se couche et j'ai oublié de faire des photos tellement je suis fasciné.

Trop sombre mais tout de même beau 

Après la photo tout sourire des deux anciens devant l'entrée du parc, Zion se fâche. Deux kilomètres plus loin, les Rangers nous confirment que le tunnel pour accéder au coeur du parc est interdit aux vélos. On le savait déjà mais on comptait sur une bonne âme avec un pick-up pour nous emmener de l'autre côté avec nos montures. Manque de bol, les voitures aussi sont refusées parce qu'aujourd'hui c'est mémorial day, le weekend le plus touristique de l'année et les parkings de ce côté du parc sont saturés. Malgré tout les Rangers proposent aux automobilistes, avec le sourire, de faire le tour (180km) pour rentrer de l'autre côté. Le pire c'est que tout le monde accepte dans la bonne humeur. Mon avis c'est qu'on sort pas du même moule que les américains. En tout cas Janine dégote dans la confusion, une bonne âme qui nous emmène avec son pick-up à l'autre entrée. Bonne âme mais assurément grosse feignasse, parce qu'il est même pas sorti de sa voiture pour nous aider à charger les vélos, ni d'ailleurs à les décharger. En arrivant de l'autre côté 2 heures plus tard, nous commençons à subodorer une mauvaise blague de Zion. Pour dire vrai c'est même la consternaZion. Des centaines de voitures dans les parkings et sur la route nous font craindre le pire. Et le pire arrive quand la préposée au camping nous confirme que le camping est full, et sans zone réservée au vélos comme dans les autres parcs. DamnaZion ! Il n'y a plus qu'à l'apitoyer avec notre grand âge, notre grande fatigue et notre petit moyen de locomotion. Une heure plus tard, après une superbe baignade dans un coin qu'elle nous a indiqué, elle nous déniche une place pour notre tente, mais pour une seule nuit. Il faudra s'organiser pour la rando prévue le lendemain mais on ne fera pas les difficiles.

Un intermède savoureux au milieu de toutes ces frustraZion 

A Bryce nous avons dormi comme des bébés après les dures étapes ayant précédé notre arrivée, et on laisse le soleil se lever sur l'amphithéâtre sans nous. Mais plus tard, la randonnée au milieu des hoodoos est une pure merveille. Une plongée dans un monde fascinant comme seule la nature sait faire. À chaque détour de sentier c'est un paysage plus étonnant, plus envoûtant que le précédent. Nous remontons un peu groggys de tant de bonheur, et certains que cette balade restera à jamais dans nos mémoires.

Une partie de l'amphithéâtre depuis le haut du plateau 
Impressionnante descente dans les hoodoos 
Juste féérique 
 Un autre monde à notre portée 
 Et bien sûr le lever de soleil le jour du départ 

AcZion!

À 5h heures du matin nous avons déjà déjeuné, plié notre couchage et enfourché nos vélos pour déguster les 12 kilomètres de la route panoramique de Zion, au fond du canyon, entourés de sommets aux parois verticales. Destination l'amont du Canyon pour une balade les pieds dans l'eau dans des étroits qui paraissent très sympas.

Superbe balade à vélo au fond du canyon 
Entourés de sommets aux parois verticales 

Nous arrivons au départ de notre marche à pied, juste en même temps que les navettes du parc, qui déversent les touristes par centaines pour faire la balade que Janine nous avait concoctée. Faut croire qu'elle est populaire. Ce n'est plus une randonnée nature, c'est les Champs-Elysées le 14 juillet et la basilique de Lourdes pour le pèlerinage du 15 août réunis. Ça braille, ça prend des photos, ça joue des coudes. Équipement ad hoc avec tout l'attirail de location, bâton, chaussures et sacs étanches, et même combinaisons néoprène. Pourtant sur les photos que nous avons vu l'eau ne dépasse pas la hauteur des chevilles mais bon, c'est l'Amérique. On a tenu le coup 150m puis avons fait demi tour. Trop de populaZion !

Ça fait peur! 

Une fois au calme nous cherchons en vitesse une autre randonnée et c'était très sympa.

Il y a déjà moins de monde 
Plus de soleil 
Et de très jolies vues 

A la fin de notre partie, Bryce l'emporte haut la main, mais à l'évidence toutes les conditions n'étaient pas réunies pour que Zion joue son meilleur match.

Nous avons pris beaucoup de retard dans nos publications, mais nous avons vécu des journées agitées à Yellowstone que l'on vous racontera plus tard.

13
juin

Il paraît que c'est des trappeurs français qui ont donné ce nom au secteur. Ça m'étonne pas! T'imagines, le gars il est en pleine exploration, il découvre une chaîne de montagnes et ça lui fait penser à quoi ? Un alignement de seins ! À mon avis ça faisait un moment qu'il était dans les bois le gazier, et il commençait tellement à congestionner que ça lui donnait des visions.

 C'est vrai que ça a de la gueule. Mais quand même il faut de l'imagination non?

Pour nous, passer du désert de l'Utah à la neige du Wyoming, c'était pas vraiment la fête. En sortant de Zion une horrible étape de vélo dans une zone urbanisée avec de grands axes et une circulation étourdissante pour aller chercher un bus. Puis 15h pour faire 800km avec deux changements en pleine nuit. Nous aurions préféré une location de voiture mais les américains ont tout dévalisé. Notre récompense c'est qu'en arrivant à Jackson nous sommes attendus. D'abord par Josh, chez qui nous avons fait envoyer une nouvelle carte bancaire.

C'est le début du voyage Janine a encore le sourire 
Nous faisons connaissance avec Josh notre réceptionniste de carte bancaire 

Puis par nos warmshowers, chez qui nous dormirons ce soir. Au départ nous avions envisagé de démarrer l'étape vélo aussitôt descendus du bus, mais en cours de route, flairant la galère, nous les avons contacté au dernier moment et ils ont immédiatement accepté notre demande. Susan et Bob sont des passionnés de vélo et de montagne en plus d'être un couple adorable. Un accueil comme on les aime, simplicité et générosité. Dans la communication, ils ont tellement bien su nous mettre en confiance malgré la barrière de la langue, que nous pensions avoir fait des progrès.

De très bons moments chez Bob et Susan 

Une bonne nuit de récupération, la neige toute proche, de la végétation, du soleil et une piste cyclable. Guidés par Bob qui nous accompagne jusqu'à Jenny Lake, tout est réuni pour une première étape qui nous ravit.

 Sur la piste cyclable en sortant de Jackson
Une entrée dans le parc en toute tranquillité 

Arrivés au camping de Jenny Lake c'est la révélation. On se croirait presque au bivouac tellement c'est sauvage, et nous sommes quasiment tout seuls. Un moose est couché à deux pas de notre tente et les boîtes à ours sont présentes sur tous les sites.

Plus de poussière, de la végétation, la faune sauvage et un peu de pluie aussi bien sûr. 

L'après midi nous partons pour une randonnée, armés de nos bombes de défense à ours. Attention c'est pas un gadget ! Ici c'est recommandé partout, et tout le monde en possède. C'était magnifique! Nous avons vu de superbes lacs où les tétons se reflétaient sur l'eau, mais pas une seule attaque d'ours dévorant un cerf ou une petite fille. Franchement ça manque de spectacle.

De superbes panoramas mais il vaut mieux rester vigilant 

Sur la deuxième étape jusqu'à Flagg Ranch nous longeons au plus près la chaîne. C'est un vrai bonheur et un coup de cœur de pédaler dans ce décor, avec une circulation très raisonnable et une faune de plus en plus présente au fur et à mesure que nous avançons.

 C'est quand même beau les tétons sous la neige non?
 Et très bien organisé avec des flèches pour ne pas louper les animaux 

En arrivant à Flagg Ranch nous boudons le camping pour un bivouac bien tranquille, que nous avons repéré en bord de rivière et à proximité d'une source d'eau chaude. Autant dire que le programme est tout fait. Séance détente thermale, montage du camp, goûter, petite sieste, feu de camp, apéro, dîner et dodo bercés par les rugissements des ours. Elle est pas belle la vie !

 Finalement c'est pas si dur que ça le vélo 
Une dernière du bivouac au petit matin 

Au bilan nous mettons cinq étoiles à Grand Teton. Non seulement parce que c'est beau, mais surtout parce qu'il s'est donné sans retenue pour que nous puissions nous régaler de ces nouveaux paysages.

Et comme je suis sûr que tu te poses des questions sur ma soudaine vitesse de publication après de nombreuses journées de silence, je te dis que nous venons de passer 15h à l'aéroport de Portland en attente d'un bus. Ça laisse du temps.

12
juin

Si tu veux un jour visiter Yellowstone, te complique pas la vie. Tu prends ta voiture, tu bombardes d'un site à l'autre comme font les américains, et en deux jours maximum tu as tout parcouru. Tu peux rentrer à la maison avec un paquet de photos à montrer à tes copains, tu est resté bien au sec et au chaud tout le temps, tu n'as pas pris le risque de te faire bouffer par un ours ou encorner par un bison, tu n'as pas eu a supporter toutes ces pu.... de bagnoles qui te frôlent sans scrupules, et tu as mangé plein de bonne nourriture que tu as pris soin de charger dans ton carrosse parce que dans le parc il n'y a rien.

Ça c'était quand il faisait beau 

Au lieu de cela, Papy et Mamie foncent allègrement sur leurs bécanes comme de jeunes innocents, avec pleins de rêves de nature sauvage, de faune en liberté et de paysages grandioses qu'ils vont découvrir durant 6 jours et 5 étapes, parce que Yellowstone c'est plus grand que la Corse. Dans nos têtes Yellowstone c'est un peu le clou du spectacle, le bouquet final, nous voulons le savourer à notre mesure, en faisant les étapes que nous permettent les campings officiels puisque il est interdit de bivouaquer dans le parc.

Une fois n'est pas coutume, tu permettras que j'adopte le style chronologique des blogs sérieux pour te raconter ce périple.

Flagg Ranch - Grant Village 40km 539D+

Il fait grand beau et nous abordons cette première étape avec une énergie et un entrain de jeunes premiers. La première surprise c'est qu'à Grand Teton nous avions la neige au dessus de nos têtes, ici nous la côtoyons. C'est vrai que nous sommes à 2500m, mais je pensais que début juin on pouvait y échapper.

 Oui, c'est bien un lac encore pris par la glace derrière Janine
 Et la neige bien présente sur les bords de route et dans les bois 

La deuxième découverte beaucoup moins drôle c'est que la circulation est intenable dans les parties du parc les plus populaires. Les routes sont étroites, et les touristes qui veulent tout voir en un minimum de temps roulent à des vitesses qui ne sont pas compatibles avec la sérénité que demande le voyage a vélo.

Malgré son écarteur de voitures très sophistiqué Janine a tremblé plus d'une fois 

Au camping par contre c'est le grand luxe. Même si les bikers sont souvent relégués dans les emplacements de misère, la table en bois et le cercle à feu ne manquent jamais. Et comme nous avons chargé nos sacoches à fond, on prend du bon temps.

D'abord le chargement de bois 
 Ensuite c'est choucroute maison et pancakes aux Blueberries au petit dej. Merci Ninja!
 Nos premiers animaux à Yellowstone 

Grant Village - Madison 61km 537D+

Aujourd'hui on attaque une étape spectacle avec les fameux geyser et sources d'eau chaude de Faithful, ainsi que pas mal de faune en perspective. Comme souvent lorsque le mental est au beau fixe, nos jambes pédalent toutes seules. Et pour rajouter à la fête, nous découvrons une piste qui nous sort de la circulation. Le bonheur absolu !

Les rivières à kayak, les gorges et la forêt sont présents partout
 Old Faithful en hors d'oeuvre 
Biscuit Basin 
Les premiers bisons de loin, puis un tout près qui me surprend et enfin même pas peur pour la photo dos tourné aux bébêtes 
Grand Prismatic Spring la vedette du parc 
 Quand deux vedettes se rencontrent ça sourit
 Notre piste, tous seuls au milieu des geysers et des bisons 

En arrivant à Madison c'est la grosse fritasse. Le diaporama de cette superbe journée tourne en boucle dans nos têtes et les images projetées déclenchent des sourires béats que les quelques gouttes de pluie que nous recevons en montant la tente n'arrivent pas à ternir. Ce n'est qu'en allant voir les prévisions à l'accueil du camping, parce que dans les parcs il n'y a aucune connexion internet, que nous commençons à faire la gueule. Après une nuit sous des trombes, dans la grisaille du petit matin Janine tire franchement la tronche. Il continue à pleuvoir et les prévisions donnent toute la journée et la nuit prochaine pareil. En mode autiste, les seuls mots que j'arrive à lui arracher c'est : "Je veux un hôtel".

Lorsque même à l'apéro elle tire une tête comme ça on peut craindre le pire 

Madison - West Yellowstone 23km 46D+

Nous n'avons fait qu'une toute partie du projet mais il vaut mieux ne pas insister. West Yellowstone n'est qu'à 21km alors, comme sur les champs de bataille, on fait un repli stratégique. West Yellowstone c'est le genre de ville qui m'insupporte. Aux portes du parc, le tourisme est présent toute l'année. Commerces, restaurants et hôtels sont bondés et l'accueil, à force de recevoir des clients sans efforts, laisse à désirer. Nous arrivons à dégoter une chambre à moins de 200 dollars après de multiples recherches, et c'est une chance.

C'est pas encore le grand sourire mais ça va mieux 
Et pour les affaires aussi 

West Yellowstone - Canyon Village 66km 720D+

Je ne sais pas si c'est ma détermination à continuer ou la nuit de confort, mais ce matin Ninja est prête à repartir au combat et pourtant la météo est loin d'être folichonne.

 Retour à Yellowstone dans la grisaille 
Avec un beau grizzly en récompense de notre persévérance 
 Qui hésite à traverser pour venir me dire bonjour
 Ensuite petite visite des bisons sur la route, mais il ne faut pas jouer parce qu'ils sont avec leurs petits
 On ne fait pas du tout les malins sur nos vélos pendant que tous les américains se sont réfugiés dans leurs voitures 
 Norris, au croisement de la route qui vient de Mammoth est un autre haut lieu de Geysers et de Sources chaudes 
Les chaudières géantes turbinent à bloc et ça met un raffut du diable 

A Canyon Village nous prenons une journée pour une randonnée le long du Canyon de Yellowstone et retour par la forêt. C'est ici que le nom du parc prend toute sa signification. Les parois du Canyon sont vraiment jaunes et la rivière en dessous, le rêve de tout kayakiste de haute rivière. A chaque belvédère nous découvrons un nouveau panorama qui ne nous laisse jamais indifférents. Sur le retour nous sommes vraiment tous seuls comme chaque fois que nous sortons des points touristiques.

Ça commence par un grand saut 
 Avec des couleurs un peu irréelles 
Qui nous surprennent à chaque point de vue 
Une autre perspective du grand saut 
Et pour terminer la randonnée, un Elk pas vraiment troublé par notre passage. 

Canyon village - Mammoth 65km 815D+

Cette petite journée de repos avec une belle randonnée nous a fait un bien fou. Le moral, comme le temps sont au beau fixe pour attaquer cette nouvelle étape jusqu'à Mammoth, avec un passage à plus de 2700m, le point le plus haut de notre boucle. La surprise arrivés la haut, ce n'est pas de trouver de la neige, tu t'en doutais et nous aussi. Mais une jolie signature de descente à ski on ne s'y attendait pas du tout. Apparemment un assoiffé de virages avait prévu le coup.

Pour les animaux passe encore mais pour le ski ça vaut pas les Pyrénées 

Dans la descente nous retrouvons la rivière Yellowstone dans de belles gorges, aux parois de calcite.

 Spectaculaires gorges le long de la route
 Qui s'ouvre ensuite sur une large vallée

Cette étape nous offre les paysages les plus variés depuis que nous roulons dans le parc. Après les gorges nous débouchons dans une large vallée où le vert tendre des prairies, contraste avec le vert soutenu des bosquets de sapins. Un régal pour nos yeux habitués à ne voir que de la forêt depuis quelques temps.

Du ciel bleu, un peu de soleil et de verres prairies, enfin un peu de douceur 

Mais lorsqu'on vient à Mammoth c'est avant tout pour voir les fameux Hot Springs. Même pas le temps de poser notre tente, parce que le camping est 2km plus bas, avec une pente qui donne envie de faire la sieste plutôt que la visite. Alors on casse une graine vite fait avant de se mêler à la foule pour voir le spectacle. Et sincèrement ça vaut le coup. Ici l'eau bleue des sources se déverse en cascades et dépose, à chaque ressaut, un calcaire d'un blanc immaculé qui forme des vasques aux formes et couleurs incroyables.

Trop de beau à la fois 

Pour terminer la journée en beauté, à peine installés au camping, André et Amanda nous invitent pour une bonne bière. Ils sont Canadiens et ont décidé de dédier leur vie au voyage dès qu'ils le peuvent. Comme ils disent on travaille le minimum pour vivre et pas le contraire. Le lendemain pour notre départ André nous a préparé un petit déjeuner d'anthologie.


Papas fritas, bacon, oeufs brouillés et baggels en bonne compagnie. Le pied! 

Mammoth - West Yellowstone 80km 750D+

Rien de particulier sur cette étape, sinon foncer pour sortir du parc et se trouver un camping pour monter la tente parce que les orages prévus devraient être violents.

 Arrêt casse croûte au bord d'une des innombrables rivières qui jalonnent le parc 

A West Yellowstone nous avons été bien inspirés de foncer mais malheureusement ça n'a servi à rien. A peine installés un big orage éclate et en une heure de temps tout le camping est inondé et nous plus particulièrement parce que les américains ont tous des énormes caravanes pour se réfugier. Il pleuvra très fort toute la nuit et toute la journée du lendemain. D'ailleurs chanceux que nous sommes, nous apprenons que le parc vient de fermer ses portes et s'apprête à faire face à de multiples inondations et évacuations. Comme disait l'autre c'est pas passé loin.

 Notre tente fait triste mine et notre souper a pris un peu l'eau

Il ne nous reste plus qu'à trouver des cartons, démonter les vélos et les mettre dedans et 24h de voyage entre vol, bus et attentes pour rejoindre la côte Pacifique.

Je suis très en retard dans mes publications, mais au pays de la technologie les connexions se font désirer.

30
juin

Partager notre temps avec les travailleurs de nuit de l'aéroport de Portland, qui astiquent et aspirent à tour de bras avant que le flot de voyageurs pressés ne réinvestisse les lieux, est une expérience intéressante mais pas très reposante. De 23h que nous sommes arrivés par les airs, jusqu'à 16h que notre bus nous conduise sur la côte Pacifique, nous avons côtoyé un paquet d'illuminés. Ceux qui parlent tous seuls, ou bien discutent avec le fauteuil d'à côté désespérément vide. Des paumés avec leur baluchon, des chanteurs nocturnes, et toujours les besogneux que tout le monde ignore. Pas facile de dormir! Et avec nos deux gros cartons remplis de vélos et nos 5 sacoches, pas facile non plus de se déplacer, alors on apprend la patience.

 Une nuit de SDF dans l'aéroport de Portland 
 Mais aussi un espace dédié au remontage des vélos avec outillage à disposition. La classe !

En débarquant sur la côte, nous validons la bonne idée que nous avons eu de prendre un motel à Depoe Bay. Trop flagadas pour préparer à manger, une pizza fait l'affaire puis on s'écroule à 19h pour un tour de cadran. Incroyable!

Au départ de Depoe Bay ce n'est pas encore le grand ciel bleu mais Janine est contente d'être au bord de l'océan  

Cette première étape le long des côtes de l'Oregon, avec un grand ciel bleu, est un enchantement. Je ne sais pas s'ils la qualifient ici de côte sauvage, mais ça lui va bien. Les plages de sable noir alternent avec la côte rocheuse et des quantités phénoménales de troncs énormes poussés par les vagues jonchent les plages et donnent à imaginer la violence des tempêtes.

Alternance entre côte rocheuse et grandes plages en Oregon 
Grand choix de sculptures en bois flotté sur la plage. On a même rencontré un Alien. 

Les plus fortunés rivalisent d'imagination pour poser leur maison sur un à pic improbable au dessus de l'océan, ou au fond d'une baie entourée de pins majestueux mais toujours sans voisinage.

Ce ne serait pas des emplacements de privilégiés ça ?

Et enfin, je ne sais pas qui a eu l'idée de saupoudrer cette côté d'îlots rocheux à quelques encablures du bord, mais c'est du plus bel effet. Cet ensemble donne une fresque infinie que nos yeux ne se lassent pas d'admirer sur des kilomètres.

Énorme plaisir de rouler sur des kilomètres de côte sauvage avec ce beau temps 

Dès le lendemain, il paraît évident que les conditions idylliques de cette première étape nous ont ramolli la boîte à réfléchir, et frappé de cécité passagère. À trop regarder l'océan, la luxuriance et l'abondance de la végétation environnante nous sont passées inaperçues. Qu'à cela ne tienne, la brume, le crachin entêtant et les ondées régulières se chargent de nous rappeler les jours suivants qu'il n'y a jamais de végétation sans eau. Parfois cette côte nous rappelle un peu la Patagonie, avec un défilé des 4 saisons dans la même journée. Gore tex et pantalon de pluie sont toujours sur le haut du porte bagages prêts à servir, et la nuit le gros duvet remplit encore son office à la mi-juin.

 Nuages noirs, crachin et même le fameux Fog de la côte Pacifique au menu de la semaine.

Le pire, c'est qu'en plus de se faire tremper toute la journée, au camping on s'est fait déchirer une sacoche et bouffer notre meilleur mélange apéro, cacahuètes-cranberries par une sale bestiole qu'on n'a même pas attrapé. Nous pensions que les boîtes à nourriture dans les campings côtiers c'était pour le fun, mais non, ici aussi y a des bébêtes qui ont faim.

Là on dirait pas mais je suis en colère 
Le Geai Steller qui s'invite à tous les repas 
Quand tu te lèves le matin et tu vois une quinzaine de cerfs au milieu des tentes ça fait pas que cliché! 
 Les lions de mer, déjà pas les plus attirants pour la vue, mais alors pour l'odeur....

Mais la vraie bête noire de Janine, contrairement à ce que tu crois, c'est la 101. Cette highway parfois large avec des bandes cyclables confortables, devient par endroits très étroite et sans bandes cyclables du tout. Derrière moi, le bruit assourdissant des trucks lancés à toute vitesse, alterne avec de tels hurlements de panique que je me la vois déjà en chair à pâté collée au bitume. Heureusement, ils sont aussitôt suivis d'injures, que jamais tu n'imaginerais parvenir d'une personne aussi modérée que Jane, mais qui ont l'avantage de m'assurer qu'elle est encore en vie. Alors, pour soulager son angoisse en même temps que mon cœur et mes oreilles, je fais une petite escapade hors de la grande route dès que la carte m'indique un échappatoire. Malencontreusement, ces routes buissonnières ont parfois tendance à se transformer en parcours du combattant et je de nouveau droit à quelques plaintes.

Pas de doute c'est bien par là 
 T'es sûr qu'on n'est pas perdus? 
Mais non regarde, on vient de là, et il faut juste monter la petite pente le long des poteaux téléphoniques derrière moi 
Voilà tu vois, c'est presque terminé 

Dans le prochain épisode, la Californie avec des arbres que même pas tu crois que ça existe et des odeurs de cannabis jusque sur la route.

Bonnes vacances aux petits veinards qui y ont droit.

14
juil

Vous pensiez peut-être qu'on s'était fait bouffer par un ours, que nous étions passés sous les roues d'un énorme truck, ou pire, que nous avions intégré une communauté hippie le long des cotes Californiennes. Ben non, nous sommes rentrés depuis un moment à la maison, mais l'accouchement de ce dernier article à été long et difficile. Manque d'inspiration, besoin de passer à autre chose, l'usine à idées était en grève. Heureusement la raison l'a emporté, et tant mieux parce que tu peux lire enfin le final de ce chef d'oeuvre.

Contents d'être arrivés à bout de ce périple qui s'est révélé bien plus costaud que nous ne l'imaginions 

Je ne sais pas comment tu imagines la Californie, mais nous on se voyait bien longer la côte sous un soleil de plomb, s'arrêter sur les plages pour piquer une tête au milieu des surfeurs aux cheveux décolorés, et pourquoi pas croiser quelques bombasses style alerte à Malibu. Bon, à vrai dire les surfeurs c'est juste pour le symbole, parce Janine, évidemment, ne regarde que son Papypédale.

J'avais tout fait pour nous préparer un final de rêve. Nous avions enchaîné les étapes en Oregon comme des bêtes, sans repos, pour nous donner le temps de vivre un final Californien à petit rythme, et profiter de cet Eden qui peuplait notre imaginaire.

En réalité, en guise de petit rythme, nous avons d'abord fait connaissance avec "The Wave". Toi aussi tu penses qu'il s'agit du ronflement de l'océan avec les fameuses vagues du Pacifique se fracassant contre les rochers dans une explosion d'écume, et projetant une myriade de gouttelettes qui scintillent au soleil. Mais la réalité est beaucoup moins poétique. "The Wave" c'est le nom que les cyclo voyageurs ont donné à la route côtière de Californie, en référence aux montées et descentes ininterrompues que son profil présente. Et on peut t'assurer qu'il ne s'agit pas seulement d'une vague, mais d'une vrai tempête. Sur la Wave en bitume, les seules gouttelettes aperçues sont celles de notre transpiration s'écrasant sur la sacoche de guidon, et les seuls ronflements entendus, les cris de panique lancés en appellant nos mamans chaque fois que se présentait une nouvelle côte à 10%.

Oh ma mère jenpeupu! 
Surtout ne pas freiner dans la descente, puis passer la montée sur la lancée. Mais ça marche jamais!
Là j'ai trop envie de mettre pied à terre mais ça ferait pas classe sur la photo. 
Alors que Janine, elle, n'hésite pas 

Côté météo on comprend très vite que la réalité est bien différente des films que l'on s'était projetés, et les maillots de bain sont restés au fond des sacoches. Ici, le Pacifique est à 10°, l'air du bord de mer glacial, et au camping, la doudoune et le feu de bois sont de service tous les soirs.

Fais pas la gueule Papy c'est les vacances 
Tenues et repas d'hiver à l'honneur 

Et puis fatalement, on prend conscience que le phénomène est inévitable en bord de mer. Soleil d'été plus eau froide, c'est le cocktail parfait pour créer le fameux Fog. Un brouillard épais, qui au mieux ne te lâche pas de la matinée, et au pire t'envoie un crachin durant plusieurs jours. Nous on a eu le pire! Plusieurs matinées de suite à plier le camp sous la pluie, ranger le matériel mouillé dans les sacoches, et prendre la route dans le brouillard. C'était pas toujours la fête dans nos têtes.

Grosse frustration de ne pas pouvoir profiter de cette belle côte 
 C'est bon je crois que le soleil n'est pas loin
Moi je crois qu'il me faudrait des essuie-glace sur mes lunettes 
Dur dur les décollages matinaux 

Attention, ce n'est pas non plus des conditions dantesques, mais quand on espère un final en douceur la pilule est amère. Malgré tout, par intermittence, la Californie nous offre aussi du sublime qui nous fait oublier aussitôt les misères subies.

 Un brin de ciel bleu et nous retrouvons le sourire 
Il faut dire que ça le vaut bien! 
Quand les conditions sont idéales, nous dégustons des kilomètres de bonheur sur nos montures

La grande révélation, c'est les séquoias des forêts de Redwoods qui nous en font cadeau. Sur plus de 300km, la route délaisse la côte pour devenir "L'avenue des Géants". Jedediah Smith Redwoods, d'El Norte Coast Redwoods, Prairie Creek Redwoods, Humboldt Redwoods, Richardson Grove. Nous côtoyons ces mastodontes durant de nombreuses étapes, à travers les parcs nationaux et d'état, avec le sentiment d'être retournés en enfance dans une forêt enchantée.

Une vraie récréation de rouler au milieu des Géants 

Les pauses sont fréquentes, pour se fondre dans leur antre et mieux les approcher. Que ce soit pour une petite balade à pied au cours de l'étape vélo, ou pour une randonnée à partir de notre lieu de campement, nous multiplions les incursions au cœur des colosses. Pénétrer dans leur monde est une expérience unique, peut être la plus émouvante de notre voyage. Au premier abord, la dimension surnaturelle de cette nature est intimidante. Puis, rapidement, ce sentiment fait place à une sensation de sérénité, de quiétude, nous laissant penser que les géants nous ont adopté. Il est alors aisé de percevoir la vie qui se dégage de ce monde apparemment immobile, et goûter à leur côté, l'énergie qu'ils transmettent.

 Balade dans la forêt enchantée 
On ne s'en lasse pas 

Pour ne rien gâcher, un temps beau et chaud s'installe durant notre traversée des Redwoods. Alors nous profitons de la fraicheur sous la voûte des sentiers forestiers, et savourons les baignades dans les rivières qui proposent une température bien plus accueillante que l'océan.

 Ça nous change pas mal du brouillard

A Leggett, nous quittons définitivement la forêt de Redwoods en même temps que la route 101. La 1 que nous suivons, est beaucoup plus tranquille et ne quitte plus la côte jusqu'à San Francisco. Quatre cents kilomètres à un rythme de vacanciers ça nous convient parfaitement. Le temps ne manque pas avant notre décollage pour "at home", alors nous nous régalons déjà à l'idée de multiplier les pauses le long de cette belle côte sauvage, même si nous avons définitivement renoncé aux baignades glaciales. Mais ici tu ne décides rien, les caprices du Fog le font à ta place. Je ne sais pas ce que nous avons fait de mal, mais la punition tombe de nouveau, sous la forme du traditionnel crachin durant 3 jours de suite. Autant dire que ce temps pourri ne nous incite en rien au farniente. Nous enchainons les étapes normalement en pensant déjà au calvaire que sera la semaine d'attente à San Francisco avant notre départ.

 Le Fog adore jouer avec nos nerfs en faisant semblant de se lever de temps en temps

A deux étapes de San Francisco le fog nous lâche enfin la grappe (qui contrairement à ce que tu penses, petit saligot, ne désigne pas les attributs masculins), et ça tombe bien parce que nous avons prévu une pause de rêve à Steep Ravine. Imagine un belvédère au dessus de l'océan, en pleine nature, avec une dizaine d'emplacements maximum. Le camping sur lequel nous fantasmons depuis des jours est là, en contrebas de la route principale.

 Descente sur Steep Ravine avec la reserve à eau de 10L pour tenir deux jours dans un petit paradis

Cent mètres de dénivelé plus bas nous prenons notre première claque d'une série mémorable. Il n'y à plus de place au camping et tout est réservé pour les 6 prochains mois. Ca fait mal mais c'est mérité! Habitués aux campings hiker-biker disséminés tout le long de la côte, qui adoptent le principe du premier arrivé premier servi, nous avons niaisement omis de vérifier que celui-ci n'était pas de ceux-là. Nous ne méritons aucun pardon ! Y a plus qu'à remonter les cents mètres de dénivelé et se mettre à la recherche d'un coin de bivouac improbable, parce qu'il n'y a pas d'autres campings dans le coin. Arrivés en haut, Janine à la bonne idée de crever, afin de nous accorder un petit repos après cette montée infernale.

Et comme il n'y a jamais de série pourrie sans bouquet final, notre Ninja se débrouille pour casser sa roue libre quelques kilomètres plus loin.

Baissez le rideau y a plus rien à voir !

Voilà Papy Mamie coincés à Muir Beach, un coin mi nature sauvage, mi chicos, où les locaux adorent se promener et où, au pays de la voiture reine, on peut se brosser pour trouver un transport en commun. A une étape de San Francisco, nos espoirs d'arrivée triomphante partent en guenille, notre final en apothéose se délite. Nous rêvions déjà de photos devant le Golden Gate, qui trôneraient plus tard dans le salon de nos arrières petits enfants, où ils raconteraient à leurs copains comment deux vieux décrépits avaient remporté la guerre d'Amérique après une épopée héroïque.


Trahis par le matériel, un final à pied synonyme de terrible défaite  

Je suppose que tu crois plus au Père Noël, non? Mais en revanche, peut être tu crois encore un peu au Bon Dieu?

Moi c'est pareil !

Quand je suis dans la mouise totale, il m'arrive d'implorer les divinités célestes. Bon, j'avoue que lorsque je suis en colère je leur cause aussi, mais pas de la même manière. D'ailleurs c'est peut être pour ça qu'ils répondent jamais. Mais sur ce coup, on devait être sur la même longueur d'ondes parce que ça a réagi impec. Evidemment, l'éternel ne s'est pas déplacé en personne à Muir Beach pour deux antiquités en panne de vélo, tu penses bien. Les grands de ce monde se font toujours représenter, imagine là-haut. A la place on a eu Olivier, un vrai terrien, jovial, sympa, et plein d'attentions. Il parle notre langue et nous dit que bien sûr il vient nous chercher, et même qu'il nous apporte un vélo pour qu'on termine à la pédale. Moi je dis que Muir Beach devrait se jumeler avec Lourdes, parce que le miracle n'est pas loin. T'en penses quoi toi? Je te raconte que tu te fasses une idée!

Olivier, nous l'avions rencontré en Patagonie, à la fin de la Carretera Austral qu'il faisait avec sa femme Isabelle et ses enfants. Une escapade familiale depuis leur Californie, où ils sont installés depuis pas mal d'années. L'étape était mémorable, pour ne pas dire dantesque. Une de celles dont tu te souviens pour toujours; le no man's land entre le Chili et l'Argentine version cauchemar. Pas un gramme de goudron au sol, des pentes à faire pleurer le maillot à pois, un sentier dans les bois impraticable sur le vélo, plusieurs ruisseaux à traverser et une température en dessous de cinq degrés avec précipitations pluie neige. Quatre heures à pousser nos mulets chargés dans les bois, trempés jusqu'aux os, et tu vas pas le croire, une roue libre cassée en plein milieu. Et devine qui nous a dépannés arrivés au bivouac?...Olivier évidemment.

 Photo d'archives : Isabelle et Olivier dans les premières pentes du no man's land au dessus du lac O'higgins
 Mister débrouille en pleine action avec le roue libre de Vincent dans la fraicheur matinale

La rencontre avait été aussi brève qu'intense comme souvent en voyage, d'autant plus que, coïncidence suprême, Isabelle est de Tarbes. Tu penses bien que même, en 24h seulement, quand tu croises un Américano Bigourdan à vélo au fond de la Patagonie, ça marque un peu. Le pire c'est que je pensais qu'ils habitaient près de Los Angeles, alors qu'ils sont tout à coté de San Francisco. Le loustic avait suivi notre périple en toute discrétion sur Papypédale (comme quoi ça sert un peu que je m'escrime à écrire des âneries), et en bon matheux, il nous a contactés pile à quelques étapes de l'arrivée. Alors? C'est pas de l'inespéré doublé d'un soupçon de magie ça?

En plus du vélo, Olivier nous propose un itinéraire dans une zone complètement sauvage, qui nous permet d'arriver par Marin Headlands directement devant le Golden Gate, sans fouler un mètre carré de goudron. Et comme tu as la chance de faire partie des intimes de ce blog, tu peux retrouver la trace GPS dans la carte ci-dessus. C'est un cheminement secret, qui évite de passer Manzanita et Sausalito, avec l'énorme circulation de la 101. Tu bénéficieras aussi d'une vue sublime au dessus de la mer, mais affute les mollets parce les pentes sont raides. En prime il à trouvé un campement tout ce qu'il y a de plus tranquille, où il partage avec nous notre dernière nuit de voyage, et bien sûr, il a fait le plein de bières pour fêter nos retrouvailles. Mieux que dans les films!

Dernière nuit en compagnie d'Olivier à Haypress Campground 
 En chemin vers le Golden Gate sur les pistes de Marin Headlands
Trop contents d'être arrivés 
La traversée du Golden Gate, tout un symbole 

Pour terminer en beauté, nous retrouvons Olivier sur la plage de Crissy Beach, juste sous le Golden Gate, où un énorme casse croûte nous attend. Et comble du raffinement, il à amené un kayak en bois fraichement retapé pour que je le teste dans ce lieu emblématique.

Quelques coups de pagaie devant le Golden Gate, pour la postérité 

La semaine d'attente que nous craignions tant avant notre départ s'est transformée en vraie récréation. Nous sommes logés, nourris, promenés, chouchoutés, amusés. Les conversations sont passionnantes, les éclats de rire spontanés, les souvenirs et les projets fusent, la vie bat son plein et ça fait beaucoup de bien. Un final de rêve, merci Isabelle et Olivier.

 Du très bon temps en bonne compagnie

Et voilà! Une nouvelle expérience dans l'escarcelle, qui nous a appris beaucoup, sur une culture, un pays, et une population, bien différents de ce que l'on connait en Europe. Mais surtout, et c'est avant tout ce que nous allons chercher, elle nous a encore beaucoup appris sur nous mêmes.

Nous préparons la suite pour bientôt, si nos carcasses sont encore en état.